Alexandra

« Pas d’industriel chez moi » : Alexandra, artisan du goût à Gattières

Chocolats fourrés, pâtes de fruits sans conservateurs, mendiants aux fruits secs torréfiés… Dans son laboratoire de Gattières, Alexandra redonne ses lettres de noblesse à la gourmandise artisanale. Portrait d’une passionnée, reconvertie par conviction.

« C’est venu naturellement »

Alexandra n’a pas toujours été chocolatière. Avant de se lancer dans ce métier exigeant, elle menait une autre vie. Mais un jour, sans préméditation, une évidence s’est imposée : il fallait changer de voie. « Un jour j’ai dit : allez hop, on fait une reconversion. Je sais pas pourquoi, mais en tout cas c’est devenu ma passion ».

Cette passion, elle la transforme aujourd’hui en créations sucrées, vendues sous le nom de « Émotions à Partager ». Pas de boutique, mais un laboratoire à Gattières, dans les Alpes-Maritimes, où elle fabrique toutes ses douceurs. Le contact avec le public se fait principalement sur les marchés de Noël, là où les visiteurs sont les plus réceptifs à l’histoire derrière chaque produit.

« J’achète un moule, je coule mon chocolat dedans »

Dans les gestes qu’elle décrit, on sent l’application et la précision d’un artisan. « J’achète un moule, après je coule mon chocolat dedans, et dedans c’est garni avec de la friture, donc des petits carrés de chocolat ». La technique, Alexandra la maîtrise, mais ce qui l’anime surtout, c’est le sens : faire du bon, du vrai, du sincère.

Les produits qu’elle propose ne sont pas seulement beaux ou gourmands, ils racontent un autre rapport à la consommation. À rebours de l’industriel, elle revendique des créations faites maison, réalisées avec des ingrédients choisis pour leur qualité et leur naturel.

« Chez moi, pas d’industriel »

C’est presque un slogan, une promesse. Alexandra insiste : « Chez moi, pas d’industriel ». Le message est clair, et il trouve un écho grandissant auprès des clients en quête d’authenticité. Dans ses pâtes de fruits, par exemple, aucun colorant, aucun conservateur : « sinon des cochonneries, il y en a au supermarché » lance-t-elle avec franchise.

Même soin pour ses mendiants : des palets de chocolat noir ou au lait, garnis de fruits secs, mais pas n’importe lesquels — ils sont torréfiés, pour en exalter les arômes. Chaque bouchée est pensée, travaillée, testée. Et chaque étape de fabrication demande du temps. « Tout ça, c’est chronophage quand même » reconnaît-elle. Mais elle n’y voit pas un problème, plutôt une exigence nécessaire.

« C’est toujours intéressant de leur expliquer ce qu’on fait »

Sur les marchés de Noël où elle expose, Alexandra ne vend pas seulement ses produits. Elle raconte aussi son métier. « C’est toujours intéressant de leur expliquer ce qu’on fait, comment on travaille le chocolat ou la pâte de fruits ». Cette pédagogie fait partie intégrante de son approche.

Elle cherche à créer du lien entre le produit et celui qui le déguste. À replacer l’humain au cœur de la chaîne alimentaire. À rappeler que derrière un chocolat, il y a des mains, une histoire, une intention.

L’émotion comme signature

Son entreprise porte un nom évocateur : « Émotions à Partager ». Et ce n’est pas un hasard. Alexandra ne cherche pas simplement à satisfaire un besoin gustatif. Elle veut déclencher une réaction, un souvenir, un sourire. Offrir plus qu’un bonbon : une expérience.

Cela passe par la qualité, bien sûr, mais aussi par le geste. Offrir une de ses créations, c’est aussi offrir un peu du temps qu’elle y a mis, de l’attention qu’elle y a portée, de l’amour du métier qu’elle y a glissé.

Une résistance douce et sucrée

Dans un monde dominé par les produits standardisés, le travail d’Alexandra s’apparente à une forme de résistance. Discrète, artisanale, mais déterminée. Elle ne prétend pas révolutionner le marché, mais elle trace un sillon, fidèle à ses valeurs.

Cette constance dans l’exigence, cette fidélité à une éthique de travail, ce respect du produit et du client, c’est ce qui fait la force de son entreprise. Et si ses produits rencontrent leur public, c’est sans doute parce qu’ils sont à son image : simples, sincères, entiers.

À Gattières, Alexandra incarne une forme d’artisanat vivant, engagé et profondément humain. Dans chaque carré de chocolat ou pâte de fruit, il y a une part d’elle. Et c’est sans doute cela, le véritable luxe aujourd’hui.

DB+IA 30/11/2025