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« Sur ce lieu, il y a des festivals qui se sont montés, il y a des compagnies théâtrales, de la danse… » Dès les premières secondes de l’entretien, Audrey Pascucci donne le ton. Ce lieu, c’est celui des Fines Roches, à Roquestéron, un petit village niché au cœur de la vallée de l’Estéron. Un ancien camping reconverti en tiers-lieu, un espace où l’imagination a repris ses droits, et où les projets culturels, environnementaux et humains s’épanouissent librement.
Enseignante de profession, Audrey n’est pas là par hasard. « Je suis là aujourd'hui parce que je représente le tiers-lieu des Fines Roches », explique-t-elle depuis son stand. Plus qu’un lieu, c’est un écosystème en transformation, un projet collectif qui questionne notre manière de vivre ensemble, de consommer, de coexister avec la nature.
Au cœur de cette initiative : les « vacances vivantes ». Un concept novateur, à rebours des séjours tout inclus, où le programme n’est pas dicté à l’avance, mais construit au fil des envies, des rencontres et des réflexions. « Il n'y a pas de programme défini, on imagine notre programme ensemble », précise Audrey. Et ce n’est pas un hasard si le mot « ensemble » revient souvent dans sa bouche.
Les participants sont invités à réfléchir collectivement à la préservation de l’Estéron, rivière sauvage et précieuse qui traverse la vallée. « Comment la garder sauvage, comment la préserver », sont des questions qui structurent les échanges et les actions menées sur place.
Les Fines Roches, ce n’est pas seulement une destination de vacances, c’est un laboratoire de résilience locale. Les projets qui y fleurissent tournent autour de trois axes majeurs : l’environnement, le climat, et surtout, le lien entre les personnes. Le lieu devient ainsi un terrain fertile pour expérimenter de nouvelles formes de vivre-ensemble.
« On développe des projets autour de l’environnement », insiste Audrey. Ces projets ne se limitent pas à des animations ponctuelles : ils s’ancrent dans une volonté de transformation durable du territoire. Cela passe notamment par la sensibilisation, mais aussi par l’action concrète.
Ce tiers-lieu ne sort pas de terre ex nihilo. Il est né sur les ruines d’un ancien camping, dont il a su préserver la structure tout en la réinventant. « La saison est de mai à septembre, donc on a gardé cette activité économique », raconte Audrey.
Cette reconversion intelligente permet au lieu de rester économiquement viable tout en changeant profondément de vocation. Là où jadis s’alignaient les tentes et les mobil-homes, on trouve aujourd’hui une terrasse accueillante, un restaurant, des chambres, un espace de vie pensé pour accueillir aussi bien les visiteurs que les idées.
Le projet ne s’arrête pas à l’accueil de vacanciers curieux ou engagés. Il s’agit aussi de faire vivre ce lieu toute l’année, avec une ambition agricole et alimentaire forte. « On a aussi l'idée de faire un potager avec un maraîcher », indique Audrey. Un projet de verger est également dans les tuyaux, avec en ligne de mire la possibilité de transformer les produits sur place.
Ces activités visent à relocaliser une partie de la production alimentaire, à recréer des circuits courts et à renforcer l’autonomie du site. Un geste concret pour l’environnement, mais aussi un levier pour recréer du lien social, en reconnectant les habitants du territoire à la terre et à ses cycles.
Au fil des mots d’Audrey Pascucci, une idée se dessine : celle d’un espace qui émancipe. Loin des injonctions à la rentabilité, des cadres figés ou des politiques descendantes, les Fines Roches expérimentent autre chose. Un lieu où « tout est possible », à condition de l’imaginer ensemble.
Ce modèle de tiers-lieu, à la croisée des chemins entre culture, écologie et éducation populaire, s’inscrit dans une tendance de fond. Partout en France, ces espaces hybrides poussent dans les interstices laissés vacants par le marché et les institutions. Ils témoignent d’une volonté de reprendre en main les conditions de nos vies, de les réinventer collectivement.
Ce que porte Audrey Pascucci, c’est une utopie, mais une utopie très concrète. Elle s’ancre dans un lieu, s’appuie sur des savoir-faire, accueille des personnes en chair et en os. Pas de grands discours, mais une multitude de gestes modestes et puissants, à l’image de ce potager en devenir ou de ces « vacances vivantes » qui donnent à chacun un rôle actif.
Roquestéron n’est peut-être qu’un point sur la carte, mais les Fines Roches pourraient bien être un phare. Un de ces lieux où l’on expérimente des futurs désirables, et où l’on apprend, simplement, à vivre autrement.
Audrey Pascucci transforme un ancien camping à Roquestéron en un tiers-lieu innovant, écologique et participatif. Entre vacances coopératives et projets environnementaux, les Fines Roches deviennent un territoire d’expérimentation pour un futur plus soutenable.
SDZ + IA