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La fête de la transhumance, un voyage ancestral. C'est durant cet événement annuel, qui célèbre l'ascension des troupeaux vers les montagnes, que nous avons rencontré Bruno Bernard, un éleveur passionné, attaché à ses brebis et à son métier. Ce moment privilégié nous permet de découvrir un quotidien où tradition, résilience et amour des animaux se mélangent pour former une vie d'une simplicité trompeuse, mais marquée par de multiples défis.
"Le mouton, une passion qui ne s'éteint jamais"
Bruno Bernard, éleveur et berger depuis toujours, incarne l’essence même de la transhumance. Bien qu'il ait baigné dans ce monde depuis son enfance, il admet qu’il est difficile de transmettre cette passion à une nouvelle génération. "Les jeunes partent, il y a de moins en moins de vocations", confie-t-il avec une pointe de mélancolie. Une des raisons majeures, selon lui, est l’arrivée du loup, un prédateur qui a bouleversé l’équilibre des éleveurs.
La pression des attaques de loups a considérablement réduit les effectifs. La transhumance, cette vieille tradition qui consiste à déplacer les troupeaux des vallées vers les montagnes à la recherche de pâturages, est ainsi devenue bien plus qu’un simple rituel. Elle est aussi un combat de tous les jours, un test de résilience face à la nature.
"L’arrivée du loup a changé la donne"
Les attaques de loups sont fréquentes, régulières, et selon Bruno, l’idée de cohabiter avec ces prédateurs reste difficile. "Si tu ne veux pas être attaqué, tu ne les laisses jamais dehors, mais même dans ce cas, tu risques de les perdre". L'arrivée du loup a eu des conséquences dramatiques sur les pratiques d'élevage, obligeant les éleveurs à renforcer leurs protections, notamment avec des chiens de garde. Mais cela n’est pas sans coût, tant physique que moral.
"On vit avec ce problème de loup, mais il faut bien l’accepter", dit Bruno. Pourtant, il remarque qu’un autre phénomène semble se profiler à l’horizon : l’isolement des éleveurs. "Ce métier, c’est celui d’une vie difficile, de longues heures, des sacrifices constants. Si aujourd’hui, il y a de moins en moins de monde pour le faire, c’est parce que peu de gens sont prêts à vivre avec cette pression."
"Un métier qui se vit au rythme des saisons"
La transhumance, bien que traditionnellement liée à une époque révolue, reste une pratique vivante et actuelle pour Bruno et d’autres éleveurs passionnés. Chaque année, il prend ses moutons, les mène à pied jusqu’aux plateaux du Mercantour, un périple de sept jours à travers les montagnes. C’est là, au sommet, que le troupeau trouve des pâturages vierges et qu’une nouvelle saison commence. Mais ces quelques jours de liberté dans les hauteurs ont un coût.
"Les journées sont longues, très longues. Marcher, porter la nourriture aux chiens, gérer les attaques, tout ça, c’est une vraie lutte." Pourtant, il n’échangerait cette vie pour rien d’autre. "Avant le loup, la tranquillité régnait. C’était une vie de rêve. Mais aujourd’hui, il faut se battre tous les jours, et ça, personne ne le voit."
"Un savoir-faire qui risque de disparaître"
Bruno exprime aussi une grande inquiétude pour l'avenir de l’élevage. Selon lui, un savoir-faire ancestral est en train de disparaître, avec l'abandon progressif du métier par de jeunes générations de bergers. "Quand je pense que nous étions 10 000 éleveurs dans la région, aujourd'hui il n'en reste que quelques-uns. L’élevage de moutons et de chèvres, c’est un art qui se perd."
Le constat est amer, mais Bruno demeure optimiste, défendant un élevage durable et naturel, à contre-courant des préoccupations des citadins. "Les écolos de Paris, ils ne savent même pas ce que c’est de monter un troupeau sur une montagne", s’exclame-t-il avec un brin d’ironie. "Le foin qu'ils mangent, ce n’est pas la ville qui l’apporte, c’est nous, les éleveurs, qui le cultivons."
Conclusion : Une tradition à préserver
Au cœur de la fête de la transhumance, Bruno Bernard nous rappelle que derrière la célébration de la montée des troupeaux vers les montagnes se cache un travail de toute une vie. Un travail marqué par des sacrifices, mais aussi par une passion indéfectible pour les animaux et les terres qu’il chérit. La transhumance n'est pas qu’un simple événement folklorique, c'est un mode de vie, une tradition et un savoir-faire qu’il est impératif de préserver face à un avenir incertain, où les épreuves ne cessent de se multiplier.
Ainsi, chaque année, alors que les montagnes se remplissent de troupeaux et que les éleveurs se préparent pour la saison à venir, un hommage est rendu non seulement à la nature, mais aussi à ceux qui, comme Bruno, font vivre cette tradition séculaire et incarnent l'essence même du métier de berger. La fête de la transhumance, bien plus qu'une simple fête, est une célébration du courage, de l'endurance et de l’amour des animaux.
SDZ + IA