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À Vallauris et Golfe-Juan, l’association Le Damier cultive un engagement citoyen au ras du sol. Littéralement. Grâce à des ateliers de “botanique des trottoirs”, des partenariats avec les écoles et un maillage solide avec d'autres structures locales, Carole Arnéodo et son équipe éveillent les plus jeunes aux enjeux environnementaux, culturels et citoyens. Portrait d’un tissu associatif qui transforme les mauvaises herbes en trésor pédagogique.
C’est par une activité aussi originale que symbolique que commence l’action du Damier : la botanique des trottoirs. À première vue, une promenade scolaire banale dans les rues de Vallauris. Mais pour Carole Arnéodo, présidente de l’association, il s’agit de bien plus que cela. « On fait connaître aux enfants, en faisant la botanique des trottoirs, tout ce qui est environnement ainsi que les plantes sauvages », explique-t-elle. Et de rappeler que ce que l’on appelle communément « mauvaises herbes » a en réalité une fonction écologique essentielle : « Toutes les plantes ont une utilité dans la nature. »
Sous son regard engagé, les pavés deviennent des outils pédagogiques et les fissures du bitume, des fenêtres ouvertes sur la biodiversité. Ce travail de terrain, à hauteur d’enfant, vise à ancrer dès le plus jeune âge une conscience écologique.
Fondée au cœur du centre ancien de Vallauris, l’association Le Damier s’est donnée pour mission de sensibiliser la population locale, notamment les plus jeunes, aux enjeux environnementaux, sociaux et culturels. Carole Arnéodo précise : « On s’est élargi, on fait maintenant toute la commune de Vallauris et même Golfe-Juan. »
L’action du Damier s’inscrit dans une dynamique de proximité, de continuité et de lien intergénérationnel. Elle intervient régulièrement dans les écoles primaires et maternelles du circuit Langevin, où elle propose des ateliers qui mêlent découverte de la nature, éducation civique et respect de l’environnement. Le but affiché est clair : « sensibiliser et en faire de futurs citoyens irréprochables pour notre planète ».
Un projet éducatif ambitieux, enraciné dans le concret et dans le quotidien, qui prend soin de mettre les enfants au centre du changement.
Mais Le Damier ne travaille pas en vase clos. La force de l’association, c’est aussi sa capacité à tisser des liens avec d’autres structures locales engagées. Carole Arnéodo le souligne avec conviction : « On travaille beaucoup avec les autres associations, parce qu’on estime qu’on ne peut rien faire tout seul. »
Parmi les partenaires réguliers, on retrouve le Repair Café, un collectif dédié à la réparation d’objets du quotidien pour lutter contre le gaspillage et allonger la durée de vie des objets. Une démarche qui va dans le sens de l’économie circulaire, mais surtout dans celui d’une éducation aux gestes simples et responsables. « Ils sont là pour préserver la planète et éviter qu’on jette des objets qui pourraient encore servir. »
Cette logique de mutualisation des ressources, des savoir-faire et des valeurs donne au Damier une véritable dimension collective et citoyenne, bien au-delà de ses propres activités.
L’action du Damier ne se limite pas à l’écologie. L’association veille également à préserver le patrimoine culturel local, en particulier les traditions provençales. Ce travail est mené en lien étroit avec l’association Saint-Sauveur, elle aussi ancrée dans la mémoire vivante du territoire.
En reconnectant les habitants – petits et grands – à leur héritage culturel, Le Damier participe à un projet de société plus large : faire cohabiter transmission des savoirs anciens et défis du futur. C’est dans cet équilibre entre racines et engagement que l’association inscrit son action.
Le nom même de l’association est révélateur. Un damier, c’est une mosaïque d’éléments qui, ensemble, forment une image cohérente. C’est aussi l’image d’un territoire partagé, tissé de différences, mais régi par une volonté commune. Cette volonté, pour Carole Arnéodo, c’est celle de faire émerger une société plus solidaire, plus durable et plus respectueuse du vivant.
« On veut que les enfants grandissent en comprenant l’importance de leur environnement, mais aussi des autres, de la coopération, du lien », résume-t-elle. Loin des discours culpabilisants, l’association préfère l’apprentissage par l’expérience, le jeu, l’observation directe, dans un cadre bienveillant.
En creux, c’est toute une philosophie de l’éducation populaire qui se dessine à travers l’action du Damier. Loin de se contenter d’aborder l’écologie comme une simple thématique, l’association en fait un levier d’éveil global : à soi, aux autres, à la société. Les enfants apprennent à observer, à respecter, à réparer, à transmettre… autant de valeurs que l’école classique peine parfois à intégrer pleinement.
Ce travail d’ancrage dans la réalité quotidienne, couplé à une attention aux petits gestes, forge une écocitoyenneté concrète, bien loin des grandes déclarations abstraites. Et si cela commence avec une feuille de pissenlit dans une fissure de trottoir, c’est pour mieux déboucher sur une réflexion plus large sur le rôle de chacun dans le monde commun.
À Vallauris comme ailleurs, les défis environnementaux peuvent sembler vertigineux. Mais l’approche du Damier rappelle une chose essentielle : les solutions se construisent aussi à l’échelle locale, par des gestes simples, répétés, partagés. En travaillant avec les écoles, en collaborant avec d’autres associations, en valorisant le territoire et ses habitants, l’association donne corps à un espoir tangible : celui que l’engagement de proximité peut avoir un impact global.
Le travail de Carole Arnéodo et de son équipe est ainsi à la croisée des chemins : entre nature et culture, entre passé et futur, entre individuel et collectif. C’est peut-être cette posture modeste mais déterminée qui fait toute la force du Damier. Et qui pourrait bien, à terme, changer la donne.
En quelques mots, tout est dit. Le Damier n’impose pas, il n’instruit pas du haut d’un piédestal. Il accompagne, propose, explique, transmet. Et ce faisant, il redonne du sens à des gestes que l’on croyait anodins : regarder une fleur sur un trottoir, réparer une cafetière, apprendre une chanson provençale.
C’est par cette pédagogie du quotidien, patiente et enracinée, que l’association construit une conscience collective. Celle dont on aura besoin pour affronter les défis à venir. Et pour que les citoyens de demain soient, comme elle l’espère, « irréprochables pour notre planète ».
DB+IA 22/09/2025