🎲 « Le jeu pour tous » : Caroline Brige sillonne les villages du haut pays grassois

Grâce à son camion rempli de jeux, Caroline Brige recrée du lien social dans les zones isolées des Alpes-Maritimes. Une ludothécaire itinérante au service de l’accessibilité culturelle.

« On sillonne toutes les routes du haut pays grassois »

Depuis plusieurs années, Caroline Brige parcourt sans relâche les routes sinueuses du haut et moyen pays grassois. À bord de son véhicule aménagé, elle transporte un trésor qui attire petits et grands : des jeux de société, des jeux d’adresse, de hasard, de défi… bref, tout un univers ludique destiné à recréer du lien social dans les zones rurales.

Animatrice ludothécaire itinérante au sein de l’association Quartier Libre, basée à Mouans-Sartoux, Caroline défend une idée simple mais essentielle : la culture du jeu doit être accessible à tous, quel que soit l’âge ou le lieu de résidence.

« L’accessibilité, c’est ça notre moteur »

Dans les villages reculés du haut pays, les services culturels sont rares, parfois absents. C’est là qu’intervient la mission de Caroline : amener le jeu là où il ne va jamais, briser l’isolement, notamment chez les enfants, les familles… mais aussi les personnes âgées. Elle insiste : « C’est le jeu pour tous, donc c’est que tout le monde y trouve son compte ».

À travers une centaine de rendez-vous par an, elle installe ses jeux dans les places de village, les salles des fêtes ou même les bibliothèques, selon les partenaires locaux : mairies, associations, structures culturelles.

« Le jeu permet de rassembler »

L’objectif est autant éducatif que social. Les jeux en bois séduisent les plus grands, les jeux de hasard et de défi amusent les plus jeunes. Tous ont en commun de favoriser les échanges entre générations. Dans ces moments de convivialité, la compétition laisse place à la coopération, au partage et à la joie simple de jouer ensemble.

Caroline observe une chose : le jeu abolit les barrières sociales et culturelles. Il rassemble au-delà des différences, dans une région où la dispersion géographique complique le vivre-ensemble.

« On donne rendez-vous aux familles pour pouvoir jouer »

Chaque date est soigneusement préparée. Caroline collabore en amont avec les mairies, les associations, les bibliothèques pour organiser ces rendez-vous ludiques. La communication est essentielle pour mobiliser les habitants : le bouche-à-oreille, les affiches dans les commerces, les relais associatifs permettent d’informer les familles, souvent peu habituées à ce type d’offre culturelle.

Et la réponse est là. Les villages accueillent ces animations avec enthousiasme. Le jeu devient prétexte à la rencontre, à la redécouverte du tissu local, à l’ouverture à l’autre.

« Il y en a pour tous les goûts »

L’offre de jeux est volontairement variée : jeux d’adresse, de hasard, de stratégie, jeux coopératifs, grands jeux en bois… Chaque session est pensée pour être inclusive, en permettant à chacun, peu importe l’âge ou les compétences, de participer.

Cette dimension intergénérationnelle est au cœur du projet. Les enfants viennent souvent accompagnés de leurs grands-parents. Les adolescents, parfois désintéressés par les activités locales, trouvent dans ces rendez-vous un espace d’expression et de détente.

Quartier Libre, une association en mouvement

L’action de Caroline s’inscrit dans le cadre plus large de l’association Quartier Libre, qui œuvre à Mouans-Sartoux pour le développement de la culture du jeu. La structure anime une ludothèque fixe mais mise aussi sur la mobilité pour répondre aux enjeux spécifiques des zones rurales.

Grâce à son programme itinérant, l’association réussit à étendre son rayonnement au-delà des centres urbains, touchant des territoires où peu d’acteurs culturels s’aventurent.

Quand le jeu devient un vecteur de lien social

À travers ses interventions, Caroline Brige ne se contente pas d’apporter des jeux. Elle construit des espaces éphémères de sociabilité, qui laissent des traces durables. Dans les regards qui brillent, dans les échanges entre générations, dans les liens qui se tissent, le jeu révèle tout son potentiel citoyen.

Dans une époque marquée par l’individualisme et la dématérialisation, cette ludothécaire itinérante redonne au jeu sa fonction première : celle de rassembler.

Une centaine de rendez-vous, et toujours la même énergie

L’année est rythmée par une centaine d’événements. Une présence régulière qui permet aux habitants d’identifier les rendez-vous et de s’y inscrire dans la durée. Les villages s’habituent à la venue de Caroline, et l’attendent parfois comme un événement.

Cette régularité est aussi un gage de confiance. Les familles savent qu’elles trouveront, à chaque fois, un cadre bienveillant, une animatrice à l’écoute, et des jeux adaptés à chacun.

« Le jeu, un outil de liberté »

Le nom de l’association, Quartier Libre, n’est pas anodin. Il évoque un espace de respiration, de liberté, de créativité. C’est précisément ce que Caroline offre, au fil de ses tournées : des bulles de liberté dans un quotidien souvent contraint par la distance, l’isolement ou le manque d’infrastructures.

Une action simple, mais profondément politique

Derrière la simplicité apparente de cette action – faire jouer les gens – se cache une démarche profondément engagée. Donner accès à la culture là où elle ne va pas d’elle-même, retisser du lien social, soutenir la ruralité : autant de combats menés avec des dés, des cartes et des rires.

Caroline Brige incarne une forme d’activisme discret, mais essentiel. Son camion n’est pas seulement une ludothèque mobile : c’est un outil de cohésion territoriale, une caravane du vivre-ensemble.

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