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Commémorer pour transmettre : à Châteauneuf, l’école entre en résistance
À Châteauneuf, l’école Monier s’est pleinement investie dans une journée de commémoration organisée autour du 80e anniversaire de la Libération. Sous l’impulsion d’un projet porté par un parent d’élève, la directrice Catherine Godard raconte comment l’Histoire est devenue vivante pour les enfants. Une démarche pédagogique et citoyenne.
Pour Catherine Godard, directrice de l’école élémentaire Monier de Châteauneuf depuis 23 ans, il n’y a pas photo : les enfants retiennent mieux quand l’Histoire sort des manuels. « C’est mieux que le cours de la maîtresse », affirme-t-elle avec franchise et humour. L’enthousiasme des élèves en ce jour de commémoration ne laisse pas de doute : ici, la mémoire se vit à hauteur d’enfant.
Tentes militaires, véhicules d’époque, uniformes, chants et projection de film… Tout a été pensé pour immerger les élèves dans un passé qui pourrait paraître lointain, mais qui prend soudain corps au détour d’un témoignage ou d’une mise en scène.
Le projet est né d’une initiative locale, comme souvent dans les démarches les plus réussies. « C’est suite à un appel à projet d’un papa d’élève, membre de l’association Riviera 44 », explique la directrice. Avec le soutien de la mairie, l’idée prend forme : impliquer les écoliers dans les commémorations du 80e anniversaire de la Libération.
Une démarche qui allie mémoire, pédagogie et ancrage local. L’école ne se contente pas d’observer : elle participe, elle crée, elle transmet.
Ce 80e anniversaire n’est pas une surprise pour les enfants. Ils ont été préparés. « En classe, nous avons déjà travaillé pas mal de choses à propos des 80 ans de la fin de la guerre mondiale », précise Catherine Godard. Loin d’être une parenthèse dans le programme, l’événement s’inscrit dans un véritable parcours pédagogique.
Le matin même, les élèves de CM1-CM2 ont assisté à la projection d’un film produit par Riviera 44. Un documentaire qui a capté leur attention et ouvert la discussion. « Il a été très intéressant », souligne la directrice, satisfaite de la réceptivité des enfants.
Mais l’essentiel s’est joué dehors. Toute la journée, les classes ont défilé dans le village transformé en camp d’époque. Les élèves ont pu observer les véhicules, discuter avec les bénévoles en tenue, poser leurs questions. « Ils ont eu pas mal d’informations », se réjouit Catherine Godard.
Le lien est direct, sensoriel : le cuir d’un casque, le ronronnement d’un moteur militaire, la voix d’un ancien… L’Histoire devient expérience. Et cette expérience devient apprentissage.
L’implication ne s’arrête pas à l’observation. Les enfants sont aussi acteurs. « Même les petits de CP chanteront ce soir au Monument aux morts », annonce la directrice avec une émotion contenue. Une manière d’inscrire dans leur mémoire collective, dès le plus jeune âge, le rituel de la commémoration.
Les enseignants comme les familles espèrent que cette première immersion éveillera une curiosité durable. « On espère vraiment qu’il y aura un renouveau des enfants, une appétence pour assister aux cérémonies commémoratives », confie-t-elle.
À travers ce projet, l’école Monier démontre qu’elle n’est pas seulement un lieu d’enseignement académique. Elle devient un espace de construction du citoyen. En liant Histoire et mémoire, théorie et émotion, elle offre aux enfants des repères pour comprendre le monde et honorer ceux qui les ont précédés.
Catherine Godard, en professionnelle chevronnée, sait combien ces moments comptent. Ce sont des déclencheurs. Des instants fondateurs qui forgent la conscience collective.
une pédagogie par l’expérience
À Châteauneuf, l’école ne commémore pas pour commémorer. Elle commémore pour transmettre. Grâce à l’engagement d’une communauté éducative soudée et d’un tissu associatif dynamique, les enfants ont découvert que l’Histoire peut être vivante, émouvante, même joyeuse parfois.
Et dans les regards curieux des CP comme dans les réflexions des CM2, on devine que quelque chose a pris racine. Une mémoire, un respect, une volonté de comprendre. Ce sont peut-être les premiers pas vers une citoyenneté éclairée.
DB+IA 15/05/2025