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Dans les villages du haut pays grassois, les enfants ne sont ni oubliés, ni isolés. Christine Gradelle, du Relais Petite Enfance, œuvre au quotidien pour structurer, animer et soutenir un réseau d’accueil de la petite enfance en territoire rural. Une mission humaine, mobile, et profondément ancrée dans les besoins concrets des familles comme des professionnelles.
Christine Gradelle ne parle pas de son métier comme d’un simple travail. C’est une passion. Une vocation tournée vers les autres, avec une attention particulière pour les plus petits et celles qui en prennent soin. « Ma passion, c’est les enfants, accompagner les enfants et les assistantes maternelles, et aider les familles à trouver un mode de garde », explique-t-elle d’une voix calme mais résolue.
Au cœur de sa mission : le Relais Petite Enfance (RPE), un service de proximité fondamental dans des territoires comme le haut pays, où les structures fixes sont rares et les distances grandes. Ici, le RPE devient un lieu-ressource itinérant, un point de rencontre, de soutien et d’orientation.
L’un des grands mérites du Relais Petite Enfance, c’est de créer du lien. Loin d’être une simple plateforme d’information, il agit comme un catalyseur. Il met en mouvement une communauté discrète mais essentielle : les assistantes maternelles.
« Ça crée une dynamique petite enfance », affirme Christine Gradelle. Une dynamique faite de partages, d’échanges, d’ateliers communs, mais aussi d’une reconnaissance professionnelle souvent absente ailleurs.
Grâce au relais, les assistantes maternelles sortent de l’isolement. Elles se rencontrent, se forment, partagent leurs expériences, leurs doutes, leurs réussites. Elles accèdent aussi à un accompagnement, à des ressources, à un appui institutionnel.
Dans les territoires ruraux, les professionnelles de la petite enfance manquent souvent de repères et d’accompagnement. Le RPE joue alors un rôle crucial. Il devient ce lieu ressource, un espace où poser des questions, confronter les pratiques, se sentir soutenue.
Christine Gradelle sillonne les routes du haut pays pour porter cette mission au plus près des besoins. Elle est à la fois médiatrice, formatrice, référente. Elle connaît les familles, les réalités de terrain, les contraintes logistiques.
Ce travail de proximité permet de créer une relation de confiance durable entre les familles, les assistantes maternelles et les institutions. Une confiance indispensable dans l’univers de la petite enfance.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le haut pays n’est pas déserté par les services de garde. Une crèche existe à Séranon, capable d’accueillir plusieurs enfants. À cela s’ajoute un réseau de quatre assistantes maternelles : deux à Séranon, une à Val de Roure, une à Escragnolles.
Ce maillage, modeste mais stratégique, permet d’apporter des réponses concrètes aux besoins des familles. Surtout, il respecte les dynamiques locales : les enfants restent dans leur environnement, au sein de structures à taille humaine.
Le RPE joue ici un rôle de coordination. Il guide les familles, facilite les démarches, informe sur les places disponibles. Il agit aussi comme un interface entre l’offre et la demande, dans un contexte où la garde d’enfant est souvent un casse-tête logistique.
Parmi les professionnelles accompagnées par le RPE, Aurélie Gigot. Elle travaille à Séranon, l’un des villages concernés. « J’ai le plaisir de pouvoir m’occuper des enfants de la naissance jusqu’à leur entrée à l’école », explique-t-elle avec enthousiasme.
Son témoignage éclaire l’importance d’un accueil individualisé et bienveillant. Chez elle, les enfants évoluent dans un cadre chaleureux, proche de celui de la maison. « On est plus sur de l’individualité, plus sur du cocooning, de la familiarisation », dit-elle.
Ce type d’accueil convient particulièrement aux tout-petits, qui ont besoin de repères stables et de proximité affective. Il s’adapte au rythme de chacun, loin du tumulte des grandes structures.
Mais ce qui distingue encore davantage l’accueil en milieu rural, c’est la relation avec la nature. Aurélie Gigot le dit avec un sourire dans la voix : « On est beaucoup dans la nature. Les enfants sont en demande de toutes ces sorties. »
Ici, pas de salle de motricité ultra-équipée, mais des balades en forêt, des jeux dans les flaques, des explorations sensorielles au fil des saisons. « De la terre, de la pluie… On saute avec les bottes dans la pluie, c’est génial. »
Ce contact quotidien avec l’environnement fait partie intégrante de l’approche pédagogique. Il stimule la curiosité, renforce l’immunité, développe l’autonomie. Il reconnecte les enfants à un monde réel, tangible, vivant.
Cette ruralité impose un mode d’organisation particulier. Le RPE n’a pas de bâtiment fixe. Il est itinérant. Christine Gradelle va à la rencontre des familles et des professionnelles, là où elles se trouvent.
Cette mobilité permet de couvrir un vaste territoire, souvent enclavé, en s’adaptant aux contraintes géographiques. Cela demande beaucoup d’agilité : organiser des ateliers dans une salle communale, recevoir des parents dans une mairie, faire des animations dans une crèche, tout cela dans la même semaine.
Ce fonctionnement souple est la clé du succès. Il permet une présence régulière, sans imposer de lourdeurs administratives ou de déplacements contraignants aux familles. Le service vient à elles, pas l’inverse.
Le rôle du RPE ne s’arrête pas à l’animation. Il est aussi le premier point d’entrée administratif pour les familles en quête de garde. Christine Gradelle les accompagne dans les démarches de préinscription en crèche, les oriente vers les assistantes maternelles disponibles, répond à leurs questions juridiques ou logistiques.
Cet accompagnement est essentiel dans des zones où les services sont éloignés. Il évite les erreurs, les incompréhensions, les retards. Il offre aux familles une vision claire de leurs possibilités.
Ce travail d’orientation contribue aussi à l’équité d’accès aux services : chaque famille, quel que soit son niveau d’information ou sa situation sociale, bénéficie du même accompagnement.
Le RPE ne se contente pas d’informer : il anime. Christine Gradelle organise régulièrement des ateliers d’éveil pour les enfants accompagnés de leurs assistantes maternelles. Ces temps collectifs sont précieux. Ils permettent aux tout-petits de rencontrer d’autres enfants, d’explorer de nouveaux jeux, de découvrir d’autres adultes de confiance.
Pour les professionnelles, c’est l’occasion de sortir du quotidien, de s’inspirer, de confronter leurs pratiques. Pour Christine Gradelle, c’est un moment d’observation, d’écoute, de transmission.
Les thèmes sont variés : motricité, musique, lecture, jeux sensoriels… L’important est de créer du plaisir, de l’interaction, et surtout du lien.
Ce que révèle l’expérience de Christine Gradelle, c’est la nécessité de services de proximité humains et adaptés dans les zones rurales. Là où les grandes structures sont absentes, ce sont les réseaux de terrain, les professionnels passionnés, les dispositifs souples qui prennent le relais.
Le Relais Petite Enfance, dans sa forme itinérante, incarne cette capacité à s’adapter aux réalités locales, sans renoncer à la qualité. Il prouve qu’on peut faire beaucoup, même avec peu, dès lors que la volonté est là.
Loin d’une simple logique de garde, Christine Gradelle défend une vision globale de l’accueil des jeunes enfants. Il s’agit de poser les bases du développement, d’offrir un environnement stimulant, sécurisant, riche d’interactions.
Cela suppose un engagement profond, une formation continue, une reconnaissance du métier d’assistante maternelle, encore trop peu valorisé. C’est aussi un travail de terrain, patient, discret, mais décisif pour les familles.
En accompagnant les enfants, les professionnelles et les familles, Christine Gradelle sème des graines. Des graines de confiance, d’éveil, de lien social. Dans un territoire où l’isolement peut être fort, son action crée du collectif, de l’écoute, de la joie partagée.
Son travail montre que la petite enfance est une priorité, y compris – et surtout – dans les territoires éloignés. Il rappelle que le développement d’un enfant commence bien avant l’école, dans les gestes du quotidien, les regards échangés, les balades sous la pluie.
Et que pour ces premiers pas dans la vie, chaque village mérite sa part de tendresse, d’attention… et de bottes en caoutchouc.
SDZ + IA