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Dans l’église de Valbonne, les œuvres de quatre artistes se répondent et s’enrichissent. À l’initiative de Cynthia, fondatrice du Collectif Culotté, cette exposition révèle une alchimie rare : celle de la rencontre entre talents, sensibilités et héritages personnels. Loin d’un simple accrochage, c’est une démarche collective qui célèbre la mémoire, la féminité et le partage intergénérationnel.
C’est dans un lieu chargé d’histoire que le Collectif Culotté a choisi d’investir l’espace : l’église de Valbonne. Un écrin atypique pour une exposition artistique qui, d’emblée, affirme sa vocation collective. « Tout ces univers artistiques créent une dynamique et une ambiance qu'on ne pourrait pas faire avec une seule personne », explique Cynthia, fondatrice du collectif.
C’est justement ce besoin de pluralité, d’ouverture, qui a motivé la transition de l’Atelier Culotté – projet initialement personnel – vers une aventure partagée. « J'avais fait le tour de la question, et j'ai senti le step où j'étais prête à aller plus loin », confie-t-elle. À travers ce pas en avant, c’est une envie profonde de faire dialoguer les pratiques, les regards et les histoires qui s’est exprimée.
Au cœur du projet, il y a donc cette conviction : la création artistique prend tout son sens dans la rencontre. Rencontre entre artistes d’abord, mais aussi avec les visiteurs. Le collectif réunit aujourd’hui quatre personnalités aux expressions bien distinctes : Ghislaine Gateau, Eric Cambier, Claudio Fornasari, et Cynthia elle-même.
Claudio sculpte le bois, Ghislaine s’attache à une peinture figurative à l’huile, Eric explore le monochrome. Cette diversité des mediums et des intentions crée une circulation, une mise en tension féconde. « C'est un grand brainstorming quotidien. À plusieurs, les idées fusent », raconte Cynthia. Le collectif devient alors un espace de friction créative, mais aussi d’entraide, où chacun pousse l’autre à dépasser ses propres limites.
À l’origine de cette dynamique, une figure centrale : Cynthia. Son parcours, elle le raconte avec une simplicité sincère. Seule, elle avait initié l’Atelier Culotté. Une expérience fondatrice, mais qui, très vite, a montré ses limites : « Être artiste dans sa grotte, c'est une chose, mais passer ce step du public… il faut du culot dans la vie. » Ce mot – « culot » – résume à lui seul l’esprit du collectif : oser montrer, partager, faire circuler.
Son engagement est également très personnel. En lançant le collectif, Cynthia souhaite ouvrir un espace d’expression pour d’autres artistes, souvent isolés, parfois invisibilisés. L’objectif : leur offrir la possibilité d’exposer, de se confronter à un regard extérieur, de sortir de l’ombre.
Les thématiques chères à Cynthia traversent ses œuvres et son engagement : la féminité, la sensualité, le corps. « La femme, avant toute chose », précise-t-elle. Une ligne directrice qui irrigue sa pratique mais aussi la manière dont elle conçoit la collaboration artistique : dans l’écoute, la mise en valeur, le respect des sensibilités.
Son univers se décline en œuvres fortes, souvent marquées par une esthétique affirmée et un dialogue constant entre le passé et le présent. En témoigne notamment son travail autour des timbres, véritable fil rouge de cette exposition.
Ce choix, inattendu et poétique, est né d’une histoire intime. « C'est parti de mon ex beau-père qui était philatéliste », raconte Cynthia. À son décès, elle hérite d’une partie de sa collection. Ces classeurs, longtemps oubliés dans un placard, deviennent alors le point de départ d’un projet d’hommage. « Il m'a surtout transmis sa passion des timbres, et je me suis dit à ma manière je vais lui rendre hommage. »
Les timbres s’intègrent à ses œuvres comme des fragments de mémoire. Ils évoquent le voyage, l’échange, le passage du temps. « Il y a beaucoup de choses dans les timbres qui parlent à toutes les générations », observe-t-elle. Et c’est bien ce qu’elle a constaté lors de l’exposition : les plus jeunes comme les personnes âgées s’arrêtent, s’émerveillent, s’interrogent. « Le timbre, c'est quelque chose qui vit avec le temps. »
Au-delà de l’objet, c’est toute une symbolique que Cynthia convoque. Le timbre devient trace, mémoire, lien. Il matérialise une correspondance entre générations, une passerelle entre le passé familial et la création contemporaine. En l’intégrant dans ses œuvres, elle donne à voir cette articulation subtile entre l’intime et l’universel.
Et c’est sans doute ce qui fait la force de cette exposition : cette capacité à faire résonner les récits personnels dans un espace commun, à susciter des émotions sans jamais verser dans le pathos. L’art devient ici un vecteur de transmission, un prétexte au dialogue, un miroir tendu au public.
Le titre du collectif – « Culotté » – n’est pas anodin. Il revendique une posture : celle de l’audace, de la prise de risque, du refus de la norme. Cynthia ne s’en cache pas : exposer, créer, se confronter au regard des autres, cela demande du courage. « Être artiste dans sa grotte, c'est une chose, mais passer ce step du public… il faut du culot dans la vie. »
Ce « culot », elle le partage aujourd’hui avec d’autres. En créant un collectif, elle transforme une aventure personnelle en plateforme d’expression collective. Elle fait de l’art un geste social, une manière d’occuper l’espace public, de faire société.
L’exposition à l’église de Valbonne n’est donc pas un simple accrochage d’œuvres. C’est un laboratoire vivant, une scène ouverte où les artistes testent, échangent, s’enrichissent mutuellement. Le public, lui, n’est pas relégué au rang de spectateur passif : il est invité à entrer dans cet écosystème créatif, à questionner, à ressentir.
La diversité des mediums et des thématiques donne à l’exposition une richesse formelle et émotionnelle rare. De la sculpture au monochrome, de la peinture figurative aux collages philatéliques, chaque œuvre vient dialoguer avec les autres, dans un esprit de cohérence sans uniformité.
Le Collectif Culotté ne s’arrêtera pas là. Cynthia l’affirme : ce n’est qu’un début. L’envie est là, forte, de multiplier les formats, de créer de nouveaux événements, d’ouvrir d’autres lieux à l’art et à la rencontre. L’église de Valbonne restera peut-être comme une étape fondatrice, un lieu d’ancrage et de décollage.
Et dans ce mouvement, une chose est sûre : le collectif continuera à faire vivre l’esprit du « culot », cette audace tranquille qui transforme les histoires personnelles en récits partagés, et les gestes artistiques en vecteurs de lien social.
À suivre…
Ce portrait du Collectif Culotté à travers la voix de sa fondatrice Cynthia est plus qu’un témoignage : c’est un manifeste pour un art vivant, accessible, ancré dans les réalités humaines. En replaçant la création au cœur du collectif, en assumant pleinement la subjectivité des parcours, cette exposition pose une question essentielle : et si, aujourd’hui, l’acte artistique le plus puissant, c’était celui de faire ensemble ?
DB+IA 22/20/2025