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C’est dans un petit atelier de poterie, niché à Gardanne, qu’a débuté l’histoire d’Emi avec la céramique. À l’origine, rien ne la prédestinait à la terre : « Je faisais de la peinture et je voulais faire un métier artisanal », raconte-t-elle. Un jour, elle pousse la porte de l’atelier de Jean-Paul, potier à Yellow Perform. Ce jour-là, elle assiste à une séance de tournage de céramique… et tout bascule. « Je suis tombée amoureuse », confie-t-elle simplement. C’est le geste, le rythme, le lien entre les mains et la matière qui l’ont saisie. Depuis, cela fait plus de deux ans qu’elle tourne, modèle, façonne — bientôt trois.
Loin de la production standardisée, Emi fabrique des objets uniques. Vaisselle du quotidien, vases, luminaires, éléments décoratifs à suspendre… Ses créations sont à la fois utilitaires et artistiques. Leur point commun ? Une esthétique vive et contrastée. « J’avais envie de continuer à peindre, mais vivre de mes toiles, c’était compliqué », admet-elle. La céramique lui offre une forme d’équilibre. Elle y retrouve les deux mondes qu’elle aime : le travail de la matière et celui de la couleur.
Chaque objet est une composition. Un jeu entre la forme et les teintes, entre l’instinct et la réflexion. « J’aime les couleurs pétantes, les contrastes. Je pars d’un trait bleu, par exemple, et tout s’organise autour. » Rien n’est figé. Pas de motif répétitif. Chaque pièce est une improvisation guidée par une première impulsion chromatique. « Une couleur posée va inspirer un décor, une composition. »
Créer, pour Emi, ce n’est pas seulement produire. C’est aussi jouer. Elle s’attache de plus en plus à concevoir des objets qui l’amusent, qui interrogent le regard. « Ces pièces-là, on dirait des éléments d’un échiquier, mais en version plus ronde », décrit-elle en souriant. L’humour discret, la fantaisie légère, l’idée d’un jeu visuel entre formes familières et détournement : c’est une autre manière de faire parler la matière.
L’imagination, chez elle, ne se contraint pas. Loin des collections figées, elle préfère les variations, les singularités. Aucun décor n’est reproduit à l’identique. Chaque objet est le fruit d’un dialogue entre l’inspiration du moment, les lignes de l’objet et le geste de la main.
Mais derrière cette liberté créative se cache une rigueur sans faille. Car Emi est avant tout une artisane. « Je fais vraiment attention à ce que mes pièces soient bien tournées, qu’elles soient légères. » La précision du geste, la maîtrise technique, la qualité des finitions sont pour elle essentielles. Ce n’est qu’une fois cette base assurée qu’elle peut se permettre d’explorer la couleur et la forme avec plus de légèreté.
Cette dualité — exigence technique d’un côté, spontanéité décorative de l’autre — est au cœur de sa démarche. « Il y a le côté très carré du tournage, et je sors de ça grâce aux décors. Là, je suis en liberté totale. »
Ce besoin de créer, de modeler, de fabriquer, Emi le revendique comme un moteur. Elle appartient à cette génération d’artisans pour qui le travail manuel est un choix de vie autant qu’un geste de résistance. Résistance face à l’uniformisation des objets, face à la vitesse du monde numérique, face à l’éloignement croissant entre l’individu et la matière.
Ses pièces, avec leurs teintes franches, leurs lignes simples et sensibles, portent cette philosophie : créer du beau, du fonctionnel, du singulier. Et surtout, faire en sorte que chaque objet raconte une histoire, aussi discrète soit-elle.
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