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Un repas 100 % végétarien, préparé avec les produits des agriculteurs locaux, a été servi à Saint-Auban. Derrière ce menu simple, une ambition forte : transformer en profondeur le lien entre alimentation, agriculture et solidarité. Portée par la Communauté d’agglomération du Pays de Grasse, la démarche du Projet Alimentaire Territorial (PAT) veut réconcilier durabilité et justice sociale. Entretien avec Eva Parus, chargée de mission lutte contre la précarité alimentaire.
Eva Parus est au cœur d’un projet qui, depuis 2022, tente de redessiner les contours de l’alimentation dans le Pays de Grasse. Son rôle ? Travailler à ce que chacun, sur le territoire, puisse accéder à une nourriture saine, locale et de qualité. Et cela commence parfois par un repas collectif.
À Saint-Auban, ce jour-là, c’est une salade de petit épeautre, accompagnée de tomates et concombres cultivés localement, qui est au menu. Un geste concret, mais qui dit beaucoup de l’approche du PAT : « C’est une démarche collective territoriale qui a pour objectif de relocaliser l’agriculture et l’alimentation sur notre territoire », explique-t-elle.
Derrière cette démarche, il y a une volonté forte de rétablir le lien entre les habitants et leur alimentation. Ce lien, trop souvent rompu par les logiques industrielles et les circuits longs, est ici réinvesti par une vision locale et solidaire.
« On travaille sur la restauration collective, mais aussi sur la lutte contre la précarité alimentaire, pour que tout le monde puisse avoir accès à des produits locaux et sains sur nos communes », précise Eva Parus. Une manière de réintroduire du sens dans l’assiette, mais aussi d’agir sur les inégalités.
Loin d’être un simple projet alimentaire, le PAT porte une vision plus large : celle d’un territoire résilient, capable de produire ce qu’il consomme. Eva Parus le rappelle avec force : « Quand vous avez des paysans, vous avez des artisans derrière. » L’agriculture locale, en effet, soutient tout un écosystème : de la production à la transformation, en passant par la distribution.
C’est aussi une manière de redonner de l’autonomie aux villages, qui retrouvent un lien direct avec leur terre et ceux qui la cultivent. Le PAT accompagne cette dynamique en facilitant l’installation de nouveaux agriculteurs et en soutenant les filières locales.
Lancé en 2022, le Projet Alimentaire Territorial du Pays de Grasse se construit patiemment. Il fédère élus, agriculteurs, associations, institutions et habitants autour d’une même ambition. L’alimentation devient ici un outil d’aménagement du territoire, un levier de transition écologique, mais aussi un facteur de cohésion sociale.
« C’est quand même une dynamique qui s’inscrit sur du long terme », insiste Eva Parus. Rien de spectaculaire, mais un travail de fond, quotidien, pour changer les pratiques et les mentalités. Et cela commence par des actions simples, comme un repas collectif, où l’on goûte ce que produit le territoire.
Le cœur de la mission d’Eva Parus, c’est la justice sociale. Elle rappelle que la précarité alimentaire ne se résume pas à la faim. C’est aussi ne pas pouvoir choisir ses aliments, manger en quantité insuffisante ou ne pas respecter ses préférences alimentaires.
Lutter contre cette précarité, c’est donc redonner du pouvoir d’agir aux citoyens. C’est leur permettre de manger mieux, localement, tout en respectant leurs choix. C’est aussi, pour les producteurs, la garantie d’un débouché juste et durable.
Le PAT du Pays de Grasse ne prétend pas tout résoudre. Mais il montre une voie. Celle d’un système alimentaire plus juste, plus ancré dans le territoire, et plus résilient face aux crises. Un modèle qui pourrait inspirer d’autres régions.
Et ce jour-là, à Saint-Auban, dans les assiettes des convives, il y avait plus que du petit épeautre et des légumes. Il y avait l’espoir d’un autre rapport à la terre, aux autres et à soi.
SDZ + IA