Rejoignez la communauté TaVilleTaVie
À Vallauris, la vannerie retrouve une place centrale grâce à l’engagement de Florian Mannaioni et de son association L’Oserai du Possible. Au-delà de l’artisanat, c’est un projet social, intergénérationnel et culturel qui prend forme.
Florian Mannaioni ne se contente pas de tresser des paniers. Il tisse aussi du lien. Fondateur de l’association L’Oserai du Possible, il œuvre depuis plusieurs années pour faire revivre un savoir-faire ancestral : la vannerie. « Mon prénom, c'est Florian, mon nom c'est Mannaioni, et ma fonction c'est fondateur de l'association L’Oserai du Possible », annonce-t-il d’entrée de jeu.
À travers cette structure, il fédère des vanniers professionnels installés à Vallauris, mais aussi répartis dans toute la France. Leur objectif commun ? Redonner de la visibilité à un métier souvent relégué aux marges de l’artisanat contemporain. Car derrière chaque objet en osier, se cache un geste, une technique, une mémoire.
La mission de L’Oserai du Possible dépasse la simple production de paniers. Certes, les commandes existent, et l’équipe les honore avec savoir-faire. Mais l’essence du projet réside ailleurs : dans la transmission.
« Derrière tout ça, notre cœur un peu de mission, c’est tous les projets de lien », confie Florian. Avec une conviction tranquille, il évoque le travail mené auprès de tous les publics, des plus jeunes aux plus âgés. « On va transmettre à tous les âges, de la maternelle jusqu’aux personnes âgées, la vannerie. »
Ces ateliers sont autant de moments de partage que d’initiations techniques. Dans les classes, les enfants découvrent l’osier, apprennent à manipuler la matière, comprennent la patience et la minutie que requiert ce métier. Dans les maisons de retraite, les gestes reviennent parfois comme une réminiscence d’enfance ou de tradition familiale. Le fil n’est jamais rompu. Il se renforce.
Le travail de l’association prend une dimension festive et publique avec le projet “Ouvertures”, mené en partenariat avec la ville de Vallauris, le réseau d’éducation prioritaire et le musée Magnelli. L’idée ? Proposer une journée de spectacle, ouverte à tous, pour célébrer le travail accompli avec les classes et les habitants.
« On a proposé à la ville de leur offrir une journée de spectacle qui allait mettre en valeur les ateliers qu'on a faits avec les différentes classes », explique Florian. Mais ce n’est pas tout. Le programme comporte aussi des surprises pour le public, pour renforcer encore l’effet de découverte et d’émerveillement.
Ce moment est à la fois l’aboutissement d’un projet pédagogique et l’ouverture d’un espace de reconnaissance pour la vannerie. Les objets créés ne restent pas dans l’ombre : ils sont exposés, montrés, valorisés.
L’exposition qui clôture le projet témoigne de l’ampleur du travail accompli. Installée à Vallauris, elle présente les ouvrages réalisés dans le cadre de « Ouvertures », fruit de semaines, parfois de mois, d’ateliers. « Le résultat est aujourd’hui, avec l'exposition qu'on propose de tous les ouvrages qui ont été faits », précise Florian.
Ici, chaque panier raconte une histoire. Celle d’un élève de primaire découvrant l’osier pour la première fois. Celle d’un retraité qui retrouve des gestes oubliés. Celle d’un artisan qui transmet avec passion. L’exposition devient un lieu de mémoire vivante, une vitrine pour un artisanat souvent invisibilisé.
C’est là tout l’enjeu de l’action menée par Florian Mannaioni et ses compagnons : faire exister à nouveau la vannerie dans le paysage culturel et éducatif local. « On essaie justement de redonner un petit peu de visibilité à notre savoir-faire », dit-il avec simplicité.
Ce savoir-faire, il ne s’agit pas seulement de le préserver comme une relique du passé. Il est vivant, en évolution, et surtout source de lien social. En impliquant les écoles, les musées, les réseaux éducatifs, L’Oserai du Possible montre que l’artisanat peut devenir un vecteur d’inclusion, un levier pour la cohésion.
L’entretien commence par une phrase énigmatique : « J’ai lié ma botte avec un brin de paille ! », suivie d’une variante : « J’ai lié ma botte avec un brin d’osier ! ». Ce refrain pourrait passer pour une comptine, mais il en dit long sur la poésie du geste vannier.
Lier une botte, c’est assembler, unir, maintenir. Et qu’on le fasse avec de la paille ou de l’osier, le geste reste le même : humble, précis, essentiel. C’est ce geste que Florian Mannaioni transmet, jour après jour, atelier après atelier.
Dans une époque dominée par la dématérialisation et les écrans, la vannerie offre un contrepoint salutaire. Travailler l’osier, c’est revenir au contact du végétal, redécouvrir la lenteur, l’attention, l’apprentissage par le faire. Le geste redevient central, et avec lui, une forme d’écoute.
Les projets portés par L’Oserai du Possible réconcilient l’éducatif, le social et l’artistique. Ils rappellent que les mains peuvent aussi être des outils de transmission, d’émancipation, de transformation.
L’avenir de la vannerie ne dépend pas uniquement de la demande économique. Il repose surtout sur la capacité des artisans à faire école, à transmettre leur passion, à créer des ponts entre les générations. En ce sens, le travail de Florian Mannaioni est exemplaire.
Grâce à des initiatives comme « Ouvertures », la vannerie reprend racine dans le quotidien. Elle ne se contente pas de survivre : elle inspire, relie, mobilise. Les paniers deviennent prétextes à dialogue. L’osier devient symbole de résilience.
Vallauris, connue pour sa tradition céramique, pourrait bien devenir aussi un territoire de vannerie. Avec le soutien de la ville, des institutions culturelles et des habitants, L’Oserai du Possible ouvre une nouvelle voie.
Le tressage ne se limite plus à l’objet. Il devient outil de médiation, de création et de cohésion sociale. C’est toute une dynamique de territoire qui se réinvente, brin par brin, botte par botte.
DB+IA 07/04/2025