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Pour Frédéric Aguilhon, la photographie n’est pas née sur les bancs d’une école d’art. Son parcours est atypique, façonné par la volonté de rattraper une passion longtemps contenue.
« J’ai toujours aimé l’image en fait. La photographie, faire des petits clips, j’ai toujours aimé ça. »
Avant de devenir photographe professionnel, Frédéric est salarié. Ce n’est qu’après plusieurs années qu’il décide de prendre un congé individuel de formation pour passer un CAP de photographe. Une démarche volontaire, née d’un besoin de compréhension technique mais aussi d’un désir profond de cohérence entre ses envies et sa vie professionnelle.
« Je travaillais à l’époque avec des photographes professionnels... pour moi, c’était du charabia. »
Ce virage marque le début d’un parcours où la passion devient enfin moteur.
Frédéric Aguilhon n’a jamais voulu se spécialiser dans un type unique de photographie. Contrairement à de nombreux confrères et consœurs, il cultive une approche généraliste qui le conduit aussi bien en studio qu’en reportage, auprès d’enfants, d’artisans ou de grandes entreprises.
« Aujourd’hui, je travaille avec Laurent qui est céramiste à Vallauris, demain je peux travailler au studio avec un nouveau-né… »
Cette variété des sujets est pour lui essentielle. Elle répond à une curiosité naturelle, mais aussi à un plaisir de la rencontre et de la surprise.
« Je suis très curieux et j’ai envie… j’aime pouvoir toucher à différents domaines. »
Ce refus de se cantonner à un registre unique témoigne d’un appétit sincère pour la diversité des expériences humaines que permet la photographie.
Dans un monde où les téléphones portables permettent à tout un chacun de capturer l’instant, le rôle du photographe professionnel reste pertinent. Frédéric en est convaincu : il ne s’agit pas seulement d’appuyer sur un bouton, mais de capter l’essence d’un moment avec sensibilité, technique et intention.
« Même si les portables sont de plus en plus qualitatifs… le boîtier du photographe, l’éclairage, le savoir-faire… font que la photo sort un peu du lot. »
Ce savoir-faire, Frédéric l’applique dans de multiples contextes : portraits professionnels, événements d’entreprise, photos de famille en studio. Mais au-delà de la technique, il met en avant un élément central : la confiance.
« Des gens viennent pour un portrait pro… ils vous font confiance parce qu’ils attendent un résultat. »
Dans cette relation entre photographe et modèle se joue une forme de reconnaissance mutuelle : celle du besoin de bien faire et de bien se montrer.
L’une des facettes les plus visibles de son activité concerne les séances de Noël, devenues un rendez-vous incontournable pour de nombreuses familles niçoises. Chaque année, Frédéric installe un décor féérique dans son studio et accueille parents, enfants, parfois grands-parents, pour une séance chaleureuse et ludique.
« C’est l’occasion, une fois dans l’année, de faire la photo de famille… dans un décor un peu féérique. »
Ces moments deviennent parfois les rares instants où toute la famille se retrouve devant l’objectif, unis par l’envie de garder une trace tangible d’un moment de vie.
« Il y a des accessoires pour que les enfants puissent jouer pendant la séance… »
Un travail qui mêle organisation, sens de l’accueil, patience aussi, surtout lorsqu’il s’agit de capter l’attention des plus petits.
Photographier, pour Frédéric Aguilhon, ce n’est pas seulement produire une belle image. C’est rencontrer l’autre, comprendre ce qu’il fait, ce qu’il aime, et le faire ressentir dans le cadre.
« Ce qui est intéressant, c’est déjà l’aspect humain. »
C’est le cas notamment lors de shootings réalisés avec des artisans locaux, comme récemment avec Lola, céramiste. Frédéric ne se contente pas de photographier les mains dans l’argile, il cherche à comprendre la passion de son sujet.
« J’ai plein de choses à apprendre, j’ai plein de choses à leur apprendre… et le reportage se fait naturellement autour d’eux. »
Cette sensibilité à l’univers de l’autre s’accompagne d’une forme d’humilité rare : Frédéric ne photographie pas en surplomb, il photographie avec.
Le geste, la matière, la concentration… autant d’éléments qui inspirent le photographe quand il travaille avec des artisans. Dans le cas de Lola, c’est la magie du geste qui le touche.
« C’est inspirant, parce que je vois Lola avec son petit sourire en coin en train de manipuler ses objets. »
Le shooting devient alors une forme de dialogue silencieux, où chacun s’exprime à sa manière : elle, par la terre ; lui, par la lumière.
« Moi-même j’aime bien bricoler, je suis un peu manuel… j’aime voir une personne faire. »
Ce goût du « faire » rapproche Frédéric de ses sujets. Il y a là une forme de fraternité artisanale, où la technique n’efface pas l’émotion.
À l’écoute, curieux, engagé dans son métier sans jamais en faire une posture, Frédéric Aguilhon incarne une photographie authentique, ancrée dans le réel, et surtout partagée.
« J’ai la chance de faire un métier passion. »
Cette phrase, répétée à plusieurs moments de l’entretien, n’a rien d’une formule. Elle dit le bonheur simple et sincère d’un homme qui a osé changer de vie, suivre son instinct, et s’offrir le luxe de travailler avec le cœur.
À l’heure où les images nous inondent, Frédéric Aguilhon rappelle que la photographie garde toute sa force quand elle est portée par une intention, une rencontre, un regard. Sa démarche, exigeante et ouverte, montre qu’il est encore possible de créer du lien à travers l’objectif. Et que parfois, ce lien vaut bien plus qu’un cliché de plus dans la mémoire d’un téléphone.
DB+IA 09/10/2025