Rejoignez la communauté TaVilleTaVie
Freddy Masson, le brassin d’une nouvelle vie
Ancien professionnel de l’audiovisuel, Freddy Masson a troqué les plateaux de tournage pour les cuves de fermentation. Installé depuis 2018 à Isola, il y a fondé une microbrasserie artisanale enracinée dans la tradition, la nature et la transmission. Rencontre avec un passionné devenu brasseur.
Freddy Masson ne se présente pas d’emblée comme brasseur. Ce n’est pas une vocation d’enfance, ni un rêve longtemps caressé. Pourtant, en quelques mots, il révèle que la bière est devenue bien plus qu’un métier. Elle est un tournant, un aboutissement, un fil conducteur entre ses origines, sa famille, et son territoire d’adoption.
Avant la bière, il y a eu « plusieurs passions » et une vie dans l’audiovisuel. C’est la naissance de son fils qui enclenche la remise en question. La ville de Nice, la course du quotidien, le besoin de sens : Freddy et sa femme choisissent de revenir à Isola, village d’origine de cette dernière. « On passait nos vacances ici, dans notre yourte qu’on installait pour l’été au village », se souvient-il. Et puis vient la décision : s’installer pour de bon, changer de cap.
C’est à travers le woofing – cette forme de volontariat dans des fermes biologiques – que Freddy découvre le brassage. Le déclic vient avec une dégustation : « Je l’ai trouvée particulièrement bonne et je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec la bière. »
L’univers ne lui est pas totalement étranger. Son père était boulanger. Lui-même faisait déjà son pain au levain. « On était déjà dans l’eau, les céréales, la fermentation, la levure. » Un héritage qui se prolonge naturellement dans le brassage, même si Freddy choisit finalement la bière plutôt que le pain, malgré « un joli four à bois juste derrière ».
Dans sa brasserie installée dans un ancien fournil familial, Freddy partage aujourd’hui son savoir-faire à travers des ateliers découverte. Pendant deux heures, il initie curieux et amateurs aux bases de la fabrication : les ingrédients, les étapes, les subtilités.
« On prend de l’orge, du blé, du seigle… qu’on met dans une cuve d’empaquetage », explique-t-il. Une chauffe à 65 degrés permet d’extraire l’amidon des céréales, qui se transforme en sucre. Le moût sucré est ensuite ébullitionné avec du houblon pour l’amertume, puis refroidi et placé en fermentation. « On injecte les levures et en quinze jours, trois semaines… Globalement, il faut un mois pour avoir une bière prête à boire. »
Le tout se termine, bien sûr, par la mise en bouteille. Mais aussi, dans ses ateliers, par une dégustation conviviale.
Freddy insiste sur la dimension humaine de ces rencontres. Ce ne sont pas des cours, mais des moments de partage. Il y explique les différences entre malt, houblon, levure, et répond aux nombreuses questions. « Les gens se mélangent un peu », sourit-il. « C’est un échange en fait, une discussion. »
Souvent, ces ateliers s’adressent aux adultes. Et pour cause : ils se concluent par une dégustation de bières, fromages et charcuteries locales, notamment issus d’Isola 2000. Un moyen aussi de promouvoir les produits du terroir et de valoriser les savoir-faire régionaux.
À travers sa brasserie, Freddy cherche à faire vivre une activité locale, durable, enracinée. « Moi je ne suis pas éolien, mais j’ai découvert Isola au travers de ma femme, de sa famille. » Installé avec modestie mais conviction, il développe ses brassins tout en tentant de faire rayonner sa passion au-delà du village.
Son projet s’inscrit dans un mouvement plus large : celui d’un retour au local, au fait main, à la qualité. Un contrepoint aux logiques industrielles, qui redonne sens et goût aux choses simples.
Freddy Masson n’a pas seulement changé de vie. Il a trouvé, dans la bière artisanale, un moyen d’unir transmission familiale, enracinement local et passion nouvelle. À Isola, dans son ancien fournil, il brasse plus que de la bière : il distille un choix de vie, sobre et engagé, qui séduit chaque jour davantage les visiteurs curieux de découvrir ce que la montagne a à offrir… dans un verre.
DB+IA 16/07/2025