Rejoignez la communauté TaVilleTaVie
À Tourettes-sur-Loup, petit village perché des Alpes-Maritimes, une initiative citoyenne voit le jour au début de l’année 2024 : l’association L’Abeille du Caire. Fondée par un collectif de passionnés, elle a pour ambition de sensibiliser le public à l’importance des abeilles dans notre écosystème. Frédéric Allard, trésorier de l’association et apiculteur amateur, en est l’un des visages engagés.
Avec calme et précision, il nous explique les tenants et aboutissants de cette aventure collective.
Le combat est quotidien. Face à la menace des frelons asiatiques et d'autres prédateurs, les membres de L’Abeille du Caire ont imaginé une riposte ingénieuse : des pièges à cônes, conçus pour être sélectifs. Leur but ? Piéger les nuisibles sans nuire aux insectes utiles. Une gageure dans un monde où chaque espèce a sa place dans la chaîne de biodiversité.
Ces pièges, simples d’apparence mais efficaces, témoignent d’un engagement pragmatique : préserver les abeilles tout en respectant l’environnement. « On arrive à faire un piège sélectif avec ce type de piège », affirme Frédéric Allard avec satisfaction.
Créée au tout début de l’année 2024, l’association s’est donnée pour mission de fédérer autour d’elle un réseau local d’apiculteurs, de jardiniers, de passionnés de nature, mais aussi de curieux. L’idée est simple : éduquer, partager et agir.
« On montre les pratiques apicoles, on motive et on mobilise à la biodiversité », précise Allard. À travers des ateliers, des démonstrations ou encore la distribution de graines mellifères, l’association s’efforce de rendre chacun acteur de la préservation du vivant.
Ce travail de sensibilisation passe aussi par une présence régulière sur le terrain. Au marché du village ou lors d’événements locaux, les bénévoles de L’Abeille du Caire tendent la main aux habitants. Leur message : la biodiversité commence dans nos jardins.
Plus qu’un hobby, l’apiculture est pour Frédéric Allard un engagement de tous les instants. Il évoque avec passion le rôle fondamental que jouent les abeilles dans le maintien des équilibres naturels : pollinisation des plantes, régulation des populations d’insectes, soutien à l’agriculture locale.
À ses yeux, les abeilles ne sont pas seulement des productrices de miel, mais les sentinelles d’un monde en mutation. « Elles veillent à l'équilibre des insectes au sein de la chaîne de biodiversité », insiste-t-il. La disparition massive des colonies d’abeilles ces dernières années, causée par les pesticides, les parasites et le changement climatique, inquiète. Mais à Tourettes-sur-Loup, on ne se contente pas de constater : on agit.
L'action de L’Abeille du Caire ne s’arrête pas à la ruche. Elle englobe tout ce qui influence la vie des abeilles : la qualité de l’air, la présence de fleurs, la météo, les pratiques agricoles.
« On travaille aussi sur les éléments qui peuvent déstabiliser la biodiversité », explique Allard. Cette approche holistique place l’association dans une logique de veille écologique, en lien avec les enjeux contemporains du dérèglement climatique.
Pour soutenir cette biodiversité, l’association encourage la plantation de végétaux mellifères. Une manière concrète d’agir pour les insectes pollinisateurs. « Nous distribuons des graines de plantes mellifères pour que les gens puissent donner à manger aux abeilles », détaille Frédéric.
En s’adressant à chacun, L’Abeille du Caire défend une écologie de proximité, accessible, non culpabilisante. Semez des fleurs, évitez les pesticides, accueillez un hôtel à insectes : autant d’actions qui, mises bout à bout, peuvent faire la différence.
L’association prône un changement de regard : voir les abeilles non plus comme des créatures sauvages ou dangereuses, mais comme des partenaires du vivant. En ce sens, elle participe à un vaste mouvement de réconciliation entre les humains et la nature.
Tourettes-sur-Loup est peut-être un village, mais les enjeux qui s’y jouent sont mondiaux. Le sort des abeilles concerne l’ensemble de la planète : leur disparition massive menacerait directement la sécurité alimentaire et la diversité biologique. En créant L’Abeille du Caire, ses membres ont choisi de répondre localement à une urgence globale.
Le choix du terrain n’est pas anodin. Niché entre mer et montagne, le village offre un terrain riche et varié, propice à l’observation de nombreuses espèces florales et insectes. Un écosystème que les membres de l’association veulent à tout prix préserver.
Dans ce projet, Frédéric Allard incarne un double rôle. Celui de l’apiculteur de terrain, les mains dans la cire, les yeux sur les fleurs. Et celui du coordinateur, attentif à la structure associative et à son bon fonctionnement.
Son engagement s'inscrit dans une continuité, entre passion individuelle et action collective. Et si l’association ne prétend pas résoudre tous les problèmes du monde, elle offre une réponse concrète, humaine, à une crise environnementale souvent abstraite.
Au-delà de la technique, c’est aussi un savoir-vivre que Frédéric Allard et ses collègues tentent de transmettre. Le respect des cycles naturels, la patience, l’écoute de l’environnement : autant de valeurs qui sont au cœur de l’apiculture, mais aussi d’une forme de citoyenneté écologique.
Dans un monde numérique et pressé, cette pédagogie de terrain offre un retour à l’essentiel. Un rapport au temps plus lent, plus respectueux, où chaque bourgeon, chaque vol d’abeille a son importance.
À travers les paroles de Frédéric Allard, c’est un appel discret mais déterminé qui résonne. Celui d’un monde qui pourrait se réconcilier avec le vivant, à condition de lui prêter attention.
L’Abeille du Caire est encore jeune, mais elle trace déjà un sillon fertile. Celui d’une écologie enracinée, fondée sur l’observation, la transmission et l’action locale. Dans ce combat, les pièges à cônes ne sont que le début. L’essentiel est ailleurs : dans la conscience que chaque geste, chaque fleur semée, chaque ruche entretenue, participe à la grande symphonie de la vie.
DB+IA 26/05/2025