« Les manches de mes couteaux contiennent une histoire de Marseille » : Frédéric Dravet, artisan coutelier

Une lame née d’une reconversion

À Endoume, un quartier emblématique de Marseille, Frédéric Dravet forge, lime et assemble des couteaux à la main. Ancien cuisinier, il a troqué les fourneaux pour l’atelier, en s’appuyant sur une passion née de son propre usage professionnel. « J’utilisais des couteaux de cuisine pour mon usage pro, et j’ai commencé à me fabriquer des couteaux pour moi. »

Aujourd’hui, il est artisan coutelier, et fabrique des couteaux de cuisine sur mesure, pour les professionnels comme pour les particuliers. Chaque pièce est unique, façonnée selon les règles de l’art. Du dessin initial à la vente, en passant par l’affûtage ou les traitements thermiques, il réalise lui-même toutes les étapes.

« C’est vraiment du montage à l’ancienne »

Dans l’univers de Frédéric Dravet, aucun compromis avec l’authenticité. « Vous avez justement un couteau… 100 % fait main. Aucun produit chimique. Du rivet laiton. C’est vraiment du montage à l’ancienne. » Cette approche artisanale, rigoureuse et respectueuse des matériaux, tranche avec les productions standardisées.

Son travail s’appuie sur une recherche d’équilibre : la forme, le poids, la coupe doivent répondre aux exigences du geste culinaire. Le résultat ? Des pièces durables, précises, qui racontent à la fois un territoire et une manière de faire.

« Les bois, c’est des bois locaux, de Provence »

Attaché à la matière autant qu’au geste, Frédéric Dravet sélectionne ses bois avec soin. Genévrier, cade… des essences provençales connues pour leur solidité et leur parfum. « C’est un bois très odorant, très durable », explique-t-il.

Mais son attachement au local va plus loin. Il a récemment récupéré les bois du Ferry Boat marseillais, le célèbre César, pour créer une ligne de couteaux porteurs d’histoire. « Je lance une ligne de couteaux avec le César. Les manches contiendront une histoire de Marseille. »

« Il n’y a pas de tradition coutelière marseillaise »

Contrairement à d’autres régions françaises, Marseille n’a pas de tradition coutelière ancienne. « Contrairement à l’Aveyron, par exemple », précise Frédéric. C’est peut-être ce vide qu’il vient combler, en ancrant son travail dans une identité locale forte.

À travers ses couteaux, il propose une lecture contemporaine du patrimoine marseillais : matériaux récupérés, travail manuel, circuits courts, narration territoriale. Une démarche artisanale et artistique à la fois.

Conclusion

Dans son atelier d’Endoume, Frédéric Dravet réinvente l’art de la coutellerie, avec la précision d’un artisan et la sensibilité d’un cuisinier. Ses couteaux sont bien plus que des outils : ce sont des objets d’usage, de mémoire et de territoire. Ils incarnent un Marseille discret, durable, fait main.

DB+IA     13/11/2025