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Gilles Guerraz, l’homme-orchestre de l’IA créative au service du cinéma
Réalisateur, formateur et fondateur du Prompt Club, Gilles Guerraz incarne la nouvelle génération de créateurs qui mêlent passion artistique et intelligence artificielle. Membre du jury du World AI Film Festival (WAIFF), il milite pour une IA au service de la singularité créative. Rencontre avec un pionnier engagé.
Derrière une voix posée et une humilité manifeste, Gilles Guerraz révèle un parcours foisonnant, guidé par une conviction : transmettre, créer, innover. « Je fais de la création avec de l’IA générative, je donne des formations... J’aime beaucoup transmettre la connaissance », explique-t-il en ouverture. Cet engagement le pousse à créer des espaces de collaboration et d’émulation.
C’est ainsi qu’est né le Prompt Club, un collectif de réalisateurs et réalisatrices qui explorent chaque mois un thème commun pour réaliser, en toute liberté, des courts-métrages d’une à trois minutes. Une sorte de laboratoire d’idées numériques, accessible en ligne via un serveur Discord, où la créativité se conjugue avec les outils d’IA les plus récents.
Le Prompt Club n’est pas un simple groupe d’échange : c’est une communauté active, structurée, fondée sur l’expérimentation. À chaque cycle, un thème est choisi collectivement. Chacun, à son rythme, produit une œuvre. L’IA générative n’est pas ici une fin, mais un moyen : « On se réunit tous les mois, on définit un thème, chacun fait son film », précise Gilles.
Le club incarne une forme d'alternative aux circuits traditionnels de production : plus agiles, plus libres, mais non moins exigeants. C’est aussi un lieu de formation continue, un incubateur de talents IA-native, où l’on apprend en faisant.
Cette expertise, Gilles Guerraz l’exporte désormais à l’international. Membre du jury du World AI Film Festival (WAIFF), il participe à l’évaluation de productions issues du monde entier, toutes créées partiellement ou totalement à l’aide de l’intelligence artificielle. Un rôle qu’il prend très au sérieux.
Ce qu’il recherche avant tout dans les œuvres ? « La singularité. Ce qui va faire que l’auteur aura réussi à insuffler une vision qui est la sienne. » Pas question de se laisser impressionner par la technique seule : ce qui compte, c’est la narration, l’émotion, la cohérence. Même si un film utilise de l’IA, il doit « m’emporter avec lui dans son univers ».
Pour Gilles Guerraz, l’IA générative est à l’aube d’une révolution comparable à celle de l’arrivée de la micro-informatique dans les années 80 ou d’Internet dans les années 90. Elle modifie profondément la manière dont on crée, mais aussi celle dont on pense la création.
« Elle permet des choses qui n’étaient pas possibles auparavant », affirme-t-il, insistant sur l’abaissement des barrières techniques et budgétaires. Comme la caméra numérique en son temps, l’IA rend possible la réalisation de films ambitieux à moindre coût. Une démocratisation salutaire pour les jeunes cinéastes sans moyens.
Mais la technologie avance vite. Très vite. « Pour la vidéo, on a constaté une accélération extrêmement forte depuis 2024 », prévient Gilles. Ce rythme effréné ouvre des perspectives, mais suscite aussi des interrogations. Principalement sur la capacité des utilisateurs à maîtriser les outils.
« Plus on pourra faire de choses et traduire une vision avec ces outils-là, mieux ce sera. » La maturité de l’IA se mesurera à sa capacité à offrir un contrôle fin à ses utilisateurs, à devenir un prolongement fluide de la pensée créative, plutôt qu’un simple générateur d’images impressionnantes.
Loin de toute idolâtrie technologique, Gilles Guerraz insiste : « L’IA générative reste avant tout un outil. » Et comme tout outil, elle peut servir le pire comme le meilleur. Tout dépend de la main qui l’utilise, du regard qui la guide, de l’intention qu’elle prolonge.
Il appelle donc à une prise de conscience collective, notamment dans les sphères de l’enseignement artistique et des festivals, sur la manière d’encadrer et d’accompagner ces nouvelles pratiques.
À travers ses formations et ses engagements, Gilles Guerraz construit des ponts entre les générations, entre les disciplines, entre l’artisanat du film et les technologies de demain. Ce qu’il transmet ? Une vision éthique, responsable et joyeuse de l’IA, fondée sur l’échange, la curiosité et l’humilité.
Son parcours, loin des grandes écoles ou des circuits académiques classiques, inspire. Il incarne cette nouvelle vague de créateurs hybrides, à la fois artistes, pédagogues et technophiles. À l’ère de l’IA, il est de ceux qui rappellent que la vraie puissance reste du côté de la vision humaine.
DB+IA 17/04/2025