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Ancien enseignant devenu artiste, Hervé Grimal explore le monde et l'imaginaire à travers des livres d'artiste mêlant peinture, écriture, infographie et souvenirs de voyage. Portrait d’un créateur sensible, guidé par la curiosité et le goût de la transmission.
C’est ainsi que tout a commencé. Ce premier voyage, Hervé Grimal le raconte avec simplicité. Il s’est muni d’un carnet, a pris des notes, esquissé des dessins. De cette immersion naît une impulsion. L’envie de garder une trace, de prolonger l’expérience en la transformant.
D’enseignant à artiste, le glissement s’est opéré naturellement. « Bonjour, Hervé Grimal, j’étais enseignant, maintenant retraité et je suis artiste », résume-t-il. Une reconversion assumée, qui s’appuie sur des passions anciennes : l’écriture, la peinture, les civilisations, les voyages.
Son œuvre échappe aux cases. Hervé Grimal peint, écrit, illustre, conçoit, assemble. Ce goût du “tout faire” le conduit vers une forme artistique à la croisée des disciplines : le livre d’artiste.
Il ne s’agit pas d’un simple ouvrage imprimé, mais d’un objet singulier, personnel, où chaque élément – texte, image, matière – participe au récit. « Je faisais de la peinture. J’ai commencé à écrire dans ma peinture et en même temps, il y avait les voyages », explique-t-il. L’écriture vient s’insinuer dans les couleurs. Les impressions se fixent sur le papier. Les pages deviennent des espaces à explorer.
Progressivement, ce format s’impose comme une évidence. Le livre d’artiste offre ce qu’Hervé Grimal recherche : l’intime, la proximité, la liberté. Il le conçoit comme un outil de connaissance, une forme de voyage en soi. « Le livre permet vraiment d’aller loin, d’aller dans les recherches », souligne-t-il.
Pour lui, la forme n’est jamais décorative. Elle est support de sens. Il y a dans son travail une volonté d’équilibre, de cohérence entre le fond et la forme. L’image – aquarelle, photo, dessin – dialogue avec le texte. L’ensemble est retravaillé par infographie, puis mis en page, façonné, matérialisé. Le livre devient un objet vivant, à feuilleter comme on ouvrirait un carnet de bord, une mémoire.
L’harmonie entre les différents éléments de l’œuvre est au cœur de sa démarche. Chaque livre est une composition. Les illustrations, souvent issues de croquis réalisés sur place, sont ensuite retravaillées. Aquarelles, photographies, dessins sont combinés avec les textes pour créer une expérience de lecture visuelle et narrative.
Mais au-delà de l’esthétique, ce qui anime Hervé Grimal, c’est l’envie de transmettre. L’équilibre, c’est aussi celui entre l’artiste et le lecteur, entre ce qui est montré et ce qui est suggéré.
Lorsqu’il présente son travail, Hervé Grimal montre les planches extraites de ses livres. Certaines évoquent des lieux réels, d’autres des mondes imaginaires. Il y a des récits vécus, d’autres rêvés. Mais tous ont en commun une profondeur de regard, une volonté de saisir quelque chose du monde et de l’humain.
« Celui qui est juste derrière, c’est un voyage imaginaire. C’est le sol », dit-il en désignant un panneau. Les autres évoquent des voyages bien réels. Pourtant, les frontières entre réel et imaginaire sont poreuses. L’un nourrit l’autre. Car l’imaginaire, chez lui, n’est jamais une fuite. C’est une manière d’interroger, de prolonger, de creuser.
Cette question, Hervé Grimal la pose presque à lui-même. Ses œuvres sont traversées par une fascination pour les origines : de l’écriture, de la civilisation, du langage. Ce sont des thèmes récurrents dans son travail. Ils alimentent une réflexion sur le temps long, la transmission, la trace.
Ses livres d’artiste sont alors autant de tentatives pour capter un peu de cette mémoire collective. Une manière de faire dialoguer le passé et le présent, le visible et l’invisible.
Loin d’un art replié sur lui-même, son travail est ouvert. Ouvert aux autres, aux cultures, aux histoires. « Je trouve que vous êtes curieux », dit-il à son interlocuteur. Mais c’est sans doute à lui-même qu’il s’adresse. La curiosité est un moteur. Elle le pousse à voyager, à lire, à créer. À s’ouvrir au monde.
Hervé Grimal aime les civilisations, les rencontres, les récits. Il s’émerveille encore de ce que les autres ont à dire, à montrer. Ce qu’il cherche dans l’art, ce n’est pas l’exposé, mais la rencontre. Un lien, une transmission.
Cette phrase résume toute sa philosophie. Le voyage ne se limite pas au déplacement. Il commence bien avant, dans la préparation. Il se prolonge après, dans la mémoire, l’écriture, la création. « C’est ce que je dis toujours », précise-t-il. Il le vit une première fois en partant, une deuxième fois en le racontant.
Et même une troisième fois, à travers les regards de ceux qui découvrent ses livres. Car chaque lecteur ravive le voyage, le prolonge, le transforme. Ce n’est pas un souvenir figé, mais un récit en mouvement.
Cette phrase conclut le témoignage d’Hervé Grimal avec force et émotion. L’art, pour lui, n’est pas une fin en soi. C’est un moyen de revivre, de partager, de ne pas oublier. Chaque livre, chaque planche, chaque mot est chargé de rencontres humaines. Celles qu’il a faites sur le terrain. Mais aussi celles qu’il espère provoquer, par son travail.
Loin des grands discours, il offre une œuvre sensible, patiente, sincère. Un art modeste, mais profond. Qui invite à la contemplation, à la réflexion, au dialogue. Un art à hauteur d’homme.
Profession : Ancien enseignant, aujourd’hui artiste
Pratique : Création de livres d’artiste mêlant peinture, écriture, photo et infographie
Thèmes : Voyage, mémoire, civilisation, curiosité, imaginaire
Méthode : Travail à partir de carnets de voyage, dessins sur le vif, mise en forme numérique
Vision : Le livre comme outil de connaissance et support d’intimité
Hervé Grimal ne cherche pas à impressionner. Il cherche à toucher. À éveiller la curiosité, à créer du lien, à donner à voir autrement. Ses livres sont autant de portes ouvertes sur des mondes réels ou rêvés. Ils invitent à ralentir, à regarder, à ressentir.
Dans un monde saturé d’images et d’instantané, son travail rappelle la valeur du temps long, du geste réfléchi, du regard attentif. Il nous apprend que l’on peut encore voyager avec un livre, et que ce voyage-là n’a pas de frontière.
SDZ IA