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Artiste carnettiste installée en Ardèche, Ilda Roussel transforme chaque pas en voyage, chaque regard en aquarelle. De son enfance marquée par l’immigration à ses ateliers d’aujourd’hui, elle raconte une vie où l’art et l’ailleurs ne font qu’un.
Dès les premières secondes, la voix d’Ilda Roussel évoque le mouvement. Celui des valises qu’on fait et défait, celui des paysages qui défilent, mais surtout, celui de l’âme qui se laisse toucher par l’ailleurs. Petite, elle parcourt déjà le monde avec ses parents. Adulte, elle transmet cette passion à son mari, ses enfants, puis à d’autres voyageurs qu’elle emmène désormais. Mais le voyage, chez elle, ne se limite pas aux frontières : il est un état d’esprit.
Artiste carnettiste, Ilda Roussel ne se contente pas de contempler le monde : elle le couche sur le papier, le dilue dans des pigments, le fige dans des croquis. Le carnet de voyage devient son langage. Il n’est pas question ici de simples souvenirs illustrés, mais d’une manière de raconter le réel avec sensibilité. Le carnet, c’est son double, un prolongement d’elle-même.
Cette phrase éclaire tout. L’écriture et le dessin ne sont pas venus d’une vocation, mais d’un besoin. Privée de jouets, Ilda crée. Dans ses cahiers, elle imagine, colle, dessine. Une enfance marquée par la migration, l’adaptation, la résilience. Quand elle arrive en France à cinq ans, c’est par les cahiers qu’elle construit son monde, en invente les règles, les couleurs, les histoires.
Formée patiemment, loin des académies traditionnelles, Ilda fréquente les ateliers pendant des décennies. Portrait, nu, techniques mixtes : elle explore sans relâche, en autodidacte rigoureuse. Le soir, elle apprend. Le jour, elle transmet. Avec constance et humilité, elle bâtit son langage visuel.
Avant d’enseigner aux adultes, Ilda a longtemps formé les enfants. Dans les crèches, les centres, elle initie les plus jeunes aux arts plastiques. Une double vocation : soigner et transmettre. Ce lien entre soin et art, entre geste éducatif et geste créatif, traverse son parcours. Elle croit à l’apprentissage par la main, par l’émotion, par l’exemple.
Installée à Saint-Paul-le-Jeune, dans un village ardéchois, elle accueille aujourd’hui une vingtaine d’élèves. Ils viennent pour apprendre l’aquarelle, bien sûr, mais aussi pour partager une approche du monde. Car le carnet de voyage n’est pas qu’un outil artistique : c’est une manière d’habiter le présent, de ralentir, d’observer avec attention.
À travers le portrait d’Ilda Roussel, se dessine une philosophie de vie. Celle d’une femme qui a fait du déplacement un ancrage, du carnet un refuge. Ses pages sont des fenêtres sur le monde, mais aussi sur l’intime. Chaque tracé est une mémoire. Chaque couleur, une émotion. En cela, Ilda ne fait pas que dessiner : elle raconte. Elle écrit le monde avec ses pinceaux.
DB+IA 16/05/2025