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Jackie a quitté le journalisme, mais jamais le terrain. Ancienne correspondante pour Nice-Matin, elle continue aujourd’hui, appareil photo en main, à arpenter les routes et les villages. Son moteur : l’envie de rencontrer, de documenter, de transmettre. Portrait d’une passionnée, fidèle à sa vocation.
Tout commence en 1979. Un Olympus entre les mains, pas de flash, mais une curiosité sans bornes. Jackie se lance dans la photographie de manière instinctive.
Elle shoote « tout ce qui bougeait », de jour comme de nuit. Un apprentissage à l’ancienne, sans cours ni tutoriels, mais avec une envie farouche de saisir l’instant.
« J’étais un mix de jour et nuit », se souvient-elle. Ce besoin de capter les choses dans leur vérité brute, sans artifice. C’est ainsi qu’elle découvre le langage de l’image. Un langage qu’elle n’abandonnera plus.
Ce n’est qu’ensuite qu’elle entre dans le journalisme. Tardivement, dit-elle. Mais avec une telle intensité qu’elle y consacre plus de trois décennies. Correspondante locale pour Nice-Matin, elle couvre les événements du quotidien, les histoires ordinaires, celles qui font la vie d’un territoire.
« Je ne l’ai pas quitté », précise-t-elle. Si elle n’a plus de carte de presse, le métier reste en elle. Une manière d’être au monde. Une vigilance. Une présence.
Jackie n’a jamais considéré la photo comme une activité à part. Chez elle, l’écriture et l’image sont indissociables. Elle ne « part pas en reportage photo », mais en reportage tout court. Et sur la route, elle capte ce que d’autres ne voient pas.
« Je trouve toujours des éléments de dingue », raconte-t-elle. Des scènes inattendues, des détails significatifs, des fragments d’humanité. Tout ce qui échappe au regard pressé.
Longtemps, Jackie a aimé photographier la rue. Les visages, les gestes, les atmosphères. Aujourd’hui, elle en parle avec une pointe de nostalgie. « C’est génial, mais c’est plus possible », dit-elle.
Dans un monde saturé d’images, la spontanéité s’est effacée. Photographier quelqu’un dans la rue, c’est désormais s’exposer à la méfiance. « Les gens, qu’est-ce que tu me paies ? Non. » La rue s’est refermée. L’époque a changé.
Plus que les lieux, ce sont les personnes qui intéressent Jackie. Leur manière d’être, de parler, de vivre. Elle aime aller vers eux, discuter, les écouter. Elle se définit par cette relation humaine, directe, sans mise en scène.
Dans un monde de flux et de vitesses, elle prend le temps. Son travail n’est pas un témoignage figé, mais un échange. C’est dans cette proximité qu’elle trouve son énergie.
Aujourd’hui, Jackie continue de sillonner les routes du haut pays. Ces territoires reculés, souvent absents des cartes médiatiques, qu’elle connaît si bien. Elle les documente, les fait exister par ses images.
« Aller vers les gens, discuter avec eux, leur montrer le haut pays » : cette phrase pourrait être sa devise. Elle y résume tout. Le goût du contact. L’envie de partager. La volonté de rendre visibles des vies discrètes.
Même sans rédaction derrière elle, elle reste sur le terrain. Fidèle à cette éthique du réel, à cette passion ancienne qui ne l’a jamais quittée.
SDZ + IA