Rejoignez la communauté TaVilleTaVie
Chaque été, les ruelles ensoleillées de Gourdon accueillent les œuvres lumineuses de Jean-Claude Desbordes, un artiste peintre fidèle à l’huile et au couteau. Portrait d’un homme qui sculpte la Provence sur la toile, à la recherche d’une lumière qu’il traque depuis sa jeunesse.
Jean-Claude Desbordes ne peint pas. Il attaque la toile. Avec son couteau, il applique directement la matière, sans dessin préparatoire, dans un geste brut et immédiat. Une approche instinctive, presque sculpturale, où la peinture devient volume.
« Je travaille dans la matière », affirme-t-il avec une conviction tranquille. Parmi ses motifs de prédilection : l’olivier, symbole fort du Sud, dont les troncs tortueux inspirent la construction même de ses tableaux. « Je fais beaucoup d’oliviers, c’est un arbre très emblématique de la région… je fais des photos de troncs et je les mets en scène. »
Originaire de Vence, Jean-Claude Desbordes ancre ses paysages dans le Sud de la France. Il peint la Provence avec ses vignes, ses bougainvilliers, ses ruelles de village, et surtout la lumière qui baigne la région. L’Estérel, avec ses criques escarpées, figure souvent dans ses toiles. « Je fais la Provence… je vais jusque dans le Var… j’aime bien l’Estérel. »
L'artiste revendique un regard coloriste. Il ne s’attache pas à la stricte représentation mais à la vibration des teintes : « Je suis très coloriste avant tout, donc j’aime beaucoup les villages du coin… il y en a beaucoup à faire. »
Le parcours de Jean-Claude Desbordes débute jeune, place du Tertre à Paris, haut-lieu des peintres de rue. Très vite, il quitte la capitale pour se consacrer pleinement à son art. Son itinéraire artistique est jalonné d’escales : huit ans en Espagne, dix ans à Collioure. Partout, la lumière guide ses pas.
« Collioure, un autre village où il y a beaucoup de galeries et aussi beaucoup de lumière. Les paysages sont très… un peu comme la Corse. » Collioure, ville d’inspiration fauviste, lui offre une palette flamboyante à la hauteur de ses aspirations chromatiques.
Ce que recherche Jean-Claude Desbordes dans chaque tableau, c’est une immersion. Il veut que le spectateur se sente aspiré par la scène, happé par la lumière et la matière. « Moi je le vois d’une certaine façon. Je veux qu’on rentre dans mes toiles, qu’on ait l’impression de rentrer dans la toile. »
Sa démarche n’est pas décorative : elle est sensorielle, presque cinématographique. La lumière du Sud devient sa matière première, et Gourdon, son théâtre.
Chaque mois de juillet, Jean-Claude Desbordes expose à Gourdon, perché au-dessus de la Côte d’Azur. Il y retrouve un public international attiré par le charme du village et la force de ses toiles. « Il y a beaucoup de tourisme et ça me permet de contacter beaucoup de gens étrangers… américains, anglais, qui sont très fruits en étoiles [sûrement “friands de mes toiles”]. »
Cette exposition estivale est devenue un rituel, une parenthèse lumineuse qui permet l’échange, la reconnaissance, et la continuité d’un travail passionné.
Jean-Claude Desbordes ne se lasse pas du Sud. Il s’y est installé pour sa lumière, unique, éclatante, toujours changeante. « C’est pour ça que je me suis un peu évadé dans le Sud, parce qu’ici, la lumière est fabuleuse. »
Chez lui, la quête de lumière n’est pas un effet esthétique. Elle est la condition même du tableau. Elle révèle la matière, structure le motif, fait vibrer les couleurs. Elle donne vie.
Pas d’école, pas d’académie. Jean-Claude Desbordes apprend en peignant. Il construit son regard au fil des lieux traversés, au fil de la matière posée. Sa rigueur vient de la répétition, sa liberté de l’expérience. À Gourdon, il offre une peinture sincère, directe, sans détour ni artifice.
Ses toiles parlent aux visiteurs. Peut-être parce qu’elles racontent un Sud rêvé, mais aussi vécu. Peut-être parce qu’elles n’imitent pas la Provence : elles la rendent.
RS + IA
21 juillet 2025