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C’est dans un coin du Cannet, sa ville natale, que Jean-François Giraudy a décidé de poser ses valises et de donner vie à un projet mûri de longue date : un espace hybride, à la croisée de la galerie, de la boutique et du salon de curiosités. Son nom ? Espace Apollo. Un clin d’œil sans doute à l’imaginaire de l’exploration, mais aussi à une certaine idée du voyage à travers les époques et les émotions.
Ancien Parisien, créateur multicasquettes et « transmetteur d’émotions », Jean-François Giraudy a longtemps vécu au rythme des grandes capitales culturelles avant de revenir au Cannet. Il y crée un lieu à son image : éclectique, personnel, mais toujours tourné vers les autres. « La passion des objets m’a toujours animé », confie-t-il. Et c’est cette passion qu’il partage désormais avec les visiteurs de son espace.
Dans cette boutique pas comme les autres, les vinyles cohabitent avec des vêtements vintage, des pièces publicitaires, des photographies signées de sa main et même d’anciens documents sportifs. Un « inventaire à la Prévert », selon ses propres mots, mais pensé avec soin.
Loin de l’accumulation hasardeuse, chaque objet est choisi pour son pouvoir d’évocation. « Je choisis les choses qui m’interpellent, qui m’ont touché, qui, j’espère, trouveront le même regard que moi parmi les visiteurs. » Ce regard, c’est celui d’un amoureux des formes, des textures, mais aussi des histoires que portent les choses.
L’Espace Apollo est donc plus qu’un simple lieu de vente : c’est un espace de rencontre et de transmission. Un endroit où l’on prend le temps de regarder, de discuter, de se souvenir. « S’intéresser à un objet avant même son histoire à lui et le découvrir après l’avoir choisi, c’est aussi une démarche intéressante », souligne Jean-François. C’est cette curiosité spontanée, presque enfantine, qu’il entend raviver chez ceux qui franchissent la porte de son univers.
Ce qui distingue véritablement l’Espace Apollo, c’est cette volonté de créer du lien. Pas seulement entre les époques ou les objets, mais entre les gens. « Quand les gens rentrent et qu’on peut échanger sur un sujet, aussi futile qu’il puisse paraître, c’est toujours intéressant d’avoir l’avis d’une personne qui s’intéresse aux mêmes choses que nous », explique-t-il.
Ce partage d’émotions, de souvenirs et de sensibilités est au cœur du projet. Loin d’un discours élitiste sur l’art ou la culture, Jean-François privilégie la proximité, l’intime, le vécu. L’espace devient alors un lieu d’expression collective, où chacun peut retrouver une part de son propre passé dans une affiche, un disque ou une photo.
Ce rapport humain, il le cultive autant qu’il le provoque. En refusant la froideur des galeries traditionnelles ou le consumérisme impersonnel des brocantes en ligne, Jean-François Giraudy mise sur l’échange direct, le regard, la parole. Et cela fonctionne : ceux qui passent la porte d’Apollo y reviennent, souvent, portés par une émotion ou une anecdote ressurgies.
Il se définit lui-même comme un « créateur, sourcier, transmetteur d’émotions ». Une expression qui résume à la fois sa démarche artistique et sa philosophie de vie. Créateur, parce qu’il imagine un lieu qui n’existait pas auparavant. Sourcier, parce qu’il traque l’objet rare, celui qui fera naître une étincelle. Transmetteur, enfin, parce que son objectif est moins de posséder que de faire ressentir.
C’est cette approche sensible et personnelle qui donne à l’Espace Apollo sa singularité. Jean-François Giraudy n’impose pas une lecture des objets : il les propose, les expose, les met en scène, mais laisse à chacun la liberté de les interpréter. Une photo peut évoquer un voyage oublié, un vinyle rappeler une soirée d’adolescence. Chacun est invité à projeter ses propres souvenirs, à convoquer son imaginaire.
Parmi toutes ses passions, la photographie occupe une place particulière. Il en parle avec une pudeur teintée de fierté : « Je fais de la photo depuis l’âge de quatorze ans. Et j’ai la chance aujourd’hui de pouvoir montrer quelques pièces dont je suis le plus fier. »
Ses clichés, exposés dans l’espace, dialoguent avec les autres objets. Noir et blanc granuleux, cadrages serrés, lumière naturelle : son style, bien qu’éclectique, reste fidèle à une esthétique du sensible, de l’instant. Il ne s’agit pas de démonstration technique, mais de capturer un moment, une ambiance, un regard.
La photographie devient alors une autre manière de raconter. Elle s’ajoute à l’histoire des objets, prolonge les récits. Certaines images s’accordent avec un disque posé là, d’autres évoquent une époque que l’on croyait disparue. Toujours, elles accompagnent la visite, comme une bande-son visuelle.
Le retour au Cannet n’est pas anodin. Après des années passées à Paris, Jean-François Giraudy revient sur les lieux de son enfance. Ce retour aux sources donne au projet une profondeur nouvelle. « Le projet a pris forme en revenant ici au Cannet, qui est ma ville de naissance », confie-t-il.
Dans cette ville qui l’a vu grandir, il recrée un espace à son image, mais aussi à celle de ses souvenirs. L’Espace Apollo devient alors un lieu d’ancrage autant que de transmission. Un lieu où l’intime se mêle au collectif, où l’histoire personnelle rencontre la mémoire populaire.
Les objets exposés — vinyles oubliés, affiches fanées, vêtements d’une autre époque — sont autant de fragments de temps recomposés. Ils racontent une autre histoire de la pop culture, celle des gens, des vécus, des émotions.
À travers l’Espace Apollo, Jean-François Giraudy propose une vision élargie de la culture. Une culture vivante, incarnée, accessible. Loin des musées et des institutions, il privilégie les lieux de vie, de passage, d’échange. Il refuse les hiérarchies, les catégories figées. Pour lui, un vinyle de funk, une vieille affiche de cinéma ou un cliché noir et blanc ont autant de valeur que n’importe quelle œuvre de galerie.
Ce positionnement, à la fois modeste et ambitieux, reflète une volonté de démocratiser l’accès à l’art. Pas en simplifiant, mais en rendant les choses sensibles, tangibles, partagées. Loin des dogmes, il invite chacun à construire sa propre culture, à partir de ses émotions, de ses souvenirs, de ses découvertes.
Plus qu’un lieu, l’Espace Apollo est une expérience. Un voyage dans le temps, dans les sons, les images, les objets. Une traversée personnelle mais ouverte, où chacun est libre d’emporter un morceau d’histoire, ou simplement un souvenir.
Jean-François Giraudy y incarne une figure rare : celle d’un passeur passionné, discret mais généreux. Un homme qui préfère la sincérité à l’effet, le partage à la posture. Son espace, à l’image de son parcours, échappe aux étiquettes. Il est à la fois boutique, galerie, salon, mémoire vivante.
Et peut-être est-ce cela, finalement, le véritable esprit pop : une manière de faire dialoguer les époques, les objets et les êtres, dans un espace commun de sensibilité.
SDZ + IA