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Sur les terres de Provence-Alpes-Côte d’Azur, un homme explore un univers où la science et la poésie se rejoignent : celui de la musique des plantes. Jean-Luc Manneveau, fondateur de l'association Botanique Système, consacre sa vie à capter les mélodies invisibles du monde végétal. Entre ateliers, concerts et exploration sensorielle, il nous ouvre les portes d’une nouvelle forme de communication avec le vivant.
C’est avec ces mots que Jean-Luc Manneveau se présente. Sa voix posée reflète l’enthousiasme tranquille de ceux qui ont trouvé leur voie. Depuis plusieurs années, il parcourt la région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour animer des ateliers autour d’un sujet aussi original que fascinant : les sons générés par les plantes.
« Ça a démarré il y a six ans, sept ans », raconte-t-il, à la suite de la sortie d’un documentaire sur l’intelligence des plantes. Ce film, dit-il, a été le déclencheur. Il y découvre un univers insoupçonné où le végétal, loin d’être passif, montre des formes de perception et d’adaptation que la science commence à reconnaître.
La musique des plantes devient pour lui un terrain d’expérimentation et de partage. Il s’y plonge avec curiosité, jusqu’à fonder, avec quelques passionnés, l’association Botanique Système. L’objectif : créer des passerelles entre les humains et les plantes, en traduisant leurs signaux électriques en sons.
C’est le cœur du dispositif. Pour Jean-Luc Manneveau, la musique des plantes repose sur une base scientifique rigoureuse, encore peu connue du grand public : l’électrophysiologie. Cette discipline étudie l’activité électrique des cellules vivantes. Les plantes, comme les animaux, émettent des micro-impulsions électriques en réponse à leur environnement.
« On a commencé avec un petit appareil », se souvient-il. Les premières captations sont rudimentaires, mais l’émotion est immédiate. « Ça a tout de suite dégagé quelque chose », dit-il. Rapidement, le matériel s’améliore. Grâce à des capteurs posés sur les feuilles et les racines, connectés à un algorithme, les signaux sont traduits en sons audibles.
Le procédé est à la fois technique et poétique. L’algorithme interprète les variations électriques, les transforme en fréquences, puis en mélodies. Ce n’est pas la plante qui "compose" au sens humain du terme, mais elle influence en temps réel la musique diffusée par l’appareil.
Loin de se limiter à une démonstration scientifique, Jean-Luc Manneveau a souhaité faire vivre cette expérience au public. Avec son association, il organise régulièrement des concerts végétaux, où musiciens et plantes interagissent sur scène.
Là, l’émotion prend une autre dimension. Les capteurs sont reliés à des synthétiseurs ou à des logiciels de musique. Les musiciens écoutent ce que la plante "joue" et improvisent à partir de cette trame sonore. Un dialogue s’installe, parfois apaisant, parfois surprenant.
« Il se passe vraiment des choses intéressantes que tout le monde va ressentir », confie-t-il. Ces performances deviennent des moments de reconnexion, presque méditatifs, qui interrogent notre rapport au vivant. « Ça laisse une émotion vraiment très particulière », insiste-t-il.
Le travail de Jean-Luc Manneveau ne prétend pas apporter des réponses définitives. Il invite plutôt à changer de posture : passer du contrôle à l’écoute, de l’usage à la relation. Dans un monde en crise écologique, cette bascule n’est pas anodine.
Avec Botanique Système, Jean-Luc Manneveau ne travaille pas seul. Il s’entoure de musiciens, de chercheurs, de pédagogues. Ensemble, ils élaborent des outils, conçoivent des dispositifs, développent des collaborations.
Dans une époque bruyante, il nous rappelle cette évidence oubliée : les plantes, elles aussi, ont quelque chose à nous dire.
MHF + IA