Rejoignez la communauté TaVilleTaVie
À 1500 mètres d’altitude, dans le parc naturel régional du Queyras, Jean-Pierre Labonde cueille, transforme et mijote. Artisan sirupier, confiturier et liquoriste, il a fondé Le Plantivore, une entreprise atypique nichée dans les Hautes-Alpes, dédiée à la transformation de plantes sauvages.
« Je transforme une partie de ma production à base de cueillette sauvage. Je glane ce que me donne la nature », explique-t-il avec simplicité. Dans un territoire rude et préservé, il pratique un artisanat exigeant, où le goût est intimement lié aux saisons, aux reliefs et à l’altitude.
Ancien cuisinier de métier, Jean-Pierre Labonde a toujours eu un attrait pour les végétaux de montagne. L’idée de créer Le Plantivore s’est imposée naturellement. « J’ai toujours été passionné de plantes sauvages. Et puis je me suis dit qu’il y avait un créneau : cueillir et transformer. »
Ce qu’il propose n’a rien d’industriel. Il ne cherche pas à innover à tout prix, mais plutôt à faire bien, avec les ressources qu’offre son environnement. « J’ai rien inventé. Je fais des confitures, du sirop… sauf que je me sers dans l’environnement qui m’entoure », précise-t-il. Une démarche fondée sur la proximité, l’observation et le respect du rythme naturel.
Travailler avec des produits sauvages impose une logique bien différente de celle de l’agro-industrie. « C’est la saisonnalité : d’une année sur l’autre, le produit peut varier. » Certains fruits ou fleurs ne sont disponibles qu’en très petites quantités, et leur présence dépend directement des conditions climatiques.
« Parfois, la nature nous gâte, parfois pas du tout, et on a moins, ou pas du tout », confie-t-il. Ce risque fait partie de l’éthique artisanale que revendique Jean-Pierre Labonde. Chaque pot reflète la réalité du terrain. Pas d’optimisation forcée, pas de standardisation.
La qualité des produits passe aussi par un travail minutieux de transformation. Cueillette à maturité, cuisson douce, et juste ce qu’il faut de sucre. « On met beaucoup de soi à fabriquer nos produits. On sucre le minimum pour avoir l’appellation confiture, mais on cueille à maturité pour ne pas avoir à en rajouter trop. »
À cette exigence s’ajoute une dimension sensible. « Et puis on y met de l’amour. Beaucoup d’amour. » Une formule qui pourrait paraître anodine, mais qui résume une philosophie : faire les choses avec soin, avec cœur, sans tricherie.
Le parcours de Jean-Pierre Labonde est marqué par la continuité. De la cuisine à l’herboristerie, de l’expérimentation aux gammes commercialisées, tout s’est construit pas à pas. « J’ai toujours travaillé avec ces plantes de montagne qui nous entouraient. Et puis l’idée m’est venue d’en faire un métier. »
Aujourd’hui, son atelier est à la fois laboratoire de goûts et lieu de transmission. Il y perpétue un savoir-faire ancestral tout en inventant des saveurs nouvelles, issues des trésors végétaux de son environnement.
Comme beaucoup d’artisans, Jean-Pierre Labonde a pu compter sur un appui solide au moment de structurer son activité. « La Chambre des métiers m’a accompagné à la reprise de l’entreprise, en m’expliquant les différents statuts possibles. »
Ce soutien ne s’est pas arrêté là : « J’ai fait quelques formations par leur biais, et elle m’accompagne encore. » Actuellement en phase d’agrandissement, il reste en contact régulier avec la CMA pour faire évoluer son projet en cohérence avec ses valeurs.
À travers Le Plantivore, Jean-Pierre Labonde fait bien plus que produire des confitures ou des sirops : il raconte une montagne vivante, généreuse mais imprévisible, belle et rude à la fois. Chaque pot, chaque bouteille est une trace, un souvenir gustatif d’un lieu, d’un instant, d’une cueillette attentive.
Dans un monde saturé de goûts standardisés, son artisanat fait figure de résistance douce. Une cuisine de terroir, sauvage, portée par un homme qui préfère les chemins de traverse à l’autoroute de la production de masse.
DB+IA 13/11/2025