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Dans la station d’Isola 2000, célèbre pour ses pistes de ski, Jordan Chabert perpétue une tradition agricole ancienne : l’élevage laitier. Héritier d’une histoire familiale ancrée dans la montagne, il conjugue passion, rigueur et attachement au terroir pour faire vivre un métier exigeant mais essentiel.
Perché à 2 000 mètres d’altitude, entre les pistes de ski et les alpages verdoyants, Jordan Chabert incarne une tradition qui résiste au temps. À Isola 2000, station de sports d’hiver des Alpes-Maritimes, il perpétue l’héritage familial d’élevage laitier initié il y a un demi-siècle. Loin de l’image d’une activité d’antan, son quotidien est rythmé par l’innovation, la polyvalence et un amour profond pour la nature.
L’histoire commence en 1973. À l’époque, la station d’Isola 2000 sort de terre, et avec elle, une poignée de familles s’y installent, dont celle de Jordan Chabert. « Mon père est arrivé il y a 50 ans à l’ouverture de la station », raconte-t-il. Depuis, la vacherie familiale a traversé les générations.
Jordan n’a jamais vraiment eu à choisir sa voie : « On s’est élevé avec ce métier-là pendant les vacances, le week-end… on a baigné dedans depuis tout petit », confie-t-il. Entre la traite des vaches et les journées passées à l’alpage, c’est une passion transmise dès l’enfance.
Pour Jordan, l’élevage n’est pas un simple métier, c’est un mode de vie. Ce qui l’anime ? « Un peu tout », répond-il en souriant, avant de détailler : la liberté offerte par le contact avec la nature, la relation aux animaux, mais aussi la diversité des tâches.
« La polyvalence, le fait de faire toujours des choses différentes en fonction des saisons, du troupeau, de la vente, du tourisme… », énumère-t-il. À Isola 2000, la ferme n’est pas figée : elle évolue au rythme des mois et des aléas climatiques.
L’organisation est millimétrée. Chaque été, le troupeau de 70 vaches — dont 40 adultes — monte en alpage. Là-haut, Jordan et son équipe adaptent leur travail au terrain : « On vient faire la traite directement sur l’alpage, ce qui permet de faire marcher très peu les animaux », explique-t-il.
Cette mobilité est pensée pour le bien-être animal : « Leur journée doit être rythmée par le fait de se reposer et de manger ». Une routine préservée pendant les quatre mois d’estive, de juin à mi-octobre.
Bien avant les télésièges et les skieurs, Isola 2000 était un territoire d’estive. Et Jordan n’a aucun doute : « C’était avant tout un élevage, un pâturage d’estive ». Il y voit une dimension patrimoniale forte, autant historique que gastronomique.
« Je pense que ça fait partie vraiment du patrimoine historique et culinaire », affirme-t-il. Dans un département comme les Alpes-Maritimes, où l’agriculture se fait rare, maintenir cette activité relève presque du militantisme : « C’est une activité proche de la nature, et je pense qu’on en a besoin ».
À la ferme, tout le lait produit est transformé sur place. L’été, place aux fromages de dégustation ; l’hiver, ce sont les raclettes et fondues qui réchauffent les tables. « On a cinq, six variétés de fromages différents, du plus fort au plus doux », détaille Jordan.
Malgré une production limitée, la demande est forte. « On produit ce qu’on arrive à produire, mais souvent, on a plus de demandes que d’offre », explique-t-il. Une rareté qui témoigne de la qualité artisanale de leurs produits.
Les journées à la ferme sont longues et rythmées. « La traite le matin à 6h, le soir à 17h », précise Jordan. Entre-temps, la fabrication des fromages occupe la matinée jusqu’à midi. L’après-midi est dédiée à l’entretien, aux réparations, à la vente, et bien sûr, au soin des animaux.
« Une fois qu’on a fait la traite, il faut encore retourner à l’étable parce que les veaux sont restés à l’intérieur », ajoute-t-il. Une cadence soutenue mais assumée, tant elle fait sens dans ce cadre de vie unique.
À Isola 2000, l’élevage laitier n’est pas une activité folklorique destinée aux touristes. C’est un pilier de l’identité locale, un équilibre délicat entre traditions agricoles et économie de montagne. Jordan Chabert en est le témoin engagé.
Face à l’urbanisation, à la pression immobilière et au changement climatique, son engagement quotidien participe à préserver ce qui fait l’âme d’Isola : un territoire vivant, agricole, enraciné
RS + IA
24 juillet 2025