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Julie Chierici, une passionnée de teinture végétale, mêle art et nature avec poésie.
Elle était présente à ARTs sur Loup, ce dimanche 18 mai 2025. Sur son stand, des bocaux colorés, des tissus suspendus, et un savoir-faire rare : Julie Chierici transmet par la teinture végétale bien plus que des couleurs — une manière d’habiter le monde, entre récupération, expérimentation, et respect du vivant.
Installée derrière son atelier mobile, Julie Chierici ouvre les portes de son univers. La matière première de son travail ? Des draps oubliés, chinés, souvent marqués par le temps. Elle les transforme patiemment, les teint, les magnifie. Un travail à la fois artisanal et artistique, qui commence loin des boutiques de loisirs créatifs : « Je récupère de vieux tissus, des draps, généralement dans les vide-greniers », explique-t-elle. Une démarche écoresponsable qui donne une seconde vie aux matières abandonnées.
Mais le recyclage n’est que la première étape. Le cœur du processus, c’est la teinture. Julie la pratique avec une curiosité scientifique et un amour évident pour les couleurs. « Je m’amuse à les teinter, à les colorer », dit-elle avec un sourire. Elle ne choisit pas ses pigments dans une boîte : elle les fait naître à partir du vivant.
Dans son atelier, les artichauts, les pelures d’oignons, les noyaux d’avocats ou les iris ne sont pas destinés à la cuisine, mais à la création. Julie puise dans ce que la nature offre, dans ce que le potager rejette. « J’ai beaucoup travaillé à partir de végétaux qu'on connaît. Donc là, l'artichaut, l'oignon, l'avocat, l'iris... », énumère-t-elle. Chaque plante est une promesse de nuance, une palette imprévisible.
Autodidacte, Julie s’est lancée il y a un an dans la teinture naturelle. « En ce moment, je suis passionnée par les teintures végétales et d'une manière générale par la couleur », affirme-t-elle. Si l’apprentissage est récent, l’enthousiasme est total. Elle parle de ses expérimentations avec l’enthousiasme de la découverte, comme si chaque essai révélait un secret du monde végétal.
La technique demande rigueur et patience. Les végétaux sont chauffés lentement, pendant plus d’une heure, pour libérer leurs pigments. « On fait des décoctions avec, et on les met à frémir dans de l'eau pendant plus d'une heure », détaille-t-elle. Ensuite, le tissu est plongé dans le liquide teinté, souvent pour une nouvelle phase de chauffe. Le résultat, toujours surprenant, dépend de multiples facteurs.
Le temps est un ingrédient essentiel. Julie laisse tremper ses tissus toute une nuit, pour fixer les teintes, permettre aux fibres d’absorber pleinement la couleur. « Et après on sort avec des tissus qui ont des couleurs assez magnifiques », se réjouit-elle. Le mot « magnifiques » n’est pas un effet de style : les échantillons accrochés derrière elle brillent de subtilité, entre tons pastel, bruns profonds et reflets d’ambre.
L’un des charmes de la teinture végétale, c’est l’aléatoire. Malgré les protocoles, malgré l’attention, le résultat varie selon le tissu, l’eau, la durée de trempage. « À chaque fois, c'est une surprise », confie Julie. Cet imprévu n’est pas un défaut, mais une part essentielle du processus : il invite à l’humilité, à l’écoute de la matière.
La démarche artistique de Julie est intimement liée à son mode de vie. Elle cultive un potager, pratique la permaculture, et s’inspire quotidiennement de la nature. « J’aime la nature aussi. J'adore le potager, la permaculture », dit-elle. Teindre avec des plantes devient alors une manière de prolonger ce lien à la terre, d’explorer autrement ce qu’elle fait pousser ou trouve autour d’elle.
Julie est une artiste qui ne cloisonne pas. Chez elle, peinture et jardinage se rejoignent. La couleur devient vivante, organique, contextuelle. « C'était vraiment à la rencontre de ma passion pour la peinture et du potager, de la nature », dit-elle, comme si la teinture végétale s’était imposée comme une évidence. Un pont entre ses envies, un terrain d’expérimentation à la fois artistique et éthique.
Rien ne prédestinait Julie à devenir teinturière. Sa passion est née récemment, et elle le dit avec franchise : « La teinture, ça fait un peu moins d'un an, je suis tombée dans le bain il y a un an. » Une expression bien choisie, presque littérale : tomber dans le bain de la teinture, c’est plonger dans un monde de couleurs, d’odeurs, de textures, de patience.
Ce dimanche 18 mai 2025, Julie Chierici participait à ARTs sur Loup, un événement local dédié aux arts et à la création. Son stand, à la fois modeste et poétique, a attiré de nombreux visiteurs curieux de comprendre comment une pelure d’oignon devient pigment, comment un vieux drap retrouve éclat. Elle y a partagé ses techniques, mais surtout sa philosophie : un art lent, issu du sol, porté par l’amour des choses simples.
Julie Chierici n’en est qu’au début de son parcours, mais déjà, sa démarche trouve un écho. Elle anime des ateliers, échange avec d’autres passionnés, et continue d’expérimenter. Son avenir semble tissé à la main, avec la même attention que ses tissus teints : un fil après l’autre, dans le respect du vivant.
BP + IA
20 mai 2025