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Engagée sur le terrain du festival Envie D’Ailleurs à Fréjus, Katy Gaubert œuvre à une révolution discrète mais déterminante : celle de la valorisation des biodéchets. Fondatrice de RégenEco, elle accompagne citoyens, collectivités et entreprises vers une économie circulaire enracinée. Portrait d’une entrepreneure qui croit à la régénération par le sol.
Le décor est celui d’un événement engagé, à la croisée des chemins entre culture et écologie. À Fréjus, dans le Var, le festival Envie D’Ailleurs fait le pari de conjuguer art et conscience environnementale. Parmi les bénévoles et intervenants présents, Katy Gaubert se distingue par son rôle double : celui d'actrice de terrain et de cheffe d’entreprise.
Venue informer les exposants et festivaliers sur les consignes de tri des déchets, elle incarne cette nouvelle génération de militantes écologiques, pragmatiques et pédagogues. Membre de l’« éco team » du festival, elle distribue des fiches de tri et sensibilise sur l’importance de séparer les biodéchets des autres ordures.
Derrière cette action locale se cache un projet plus vaste. RégenEco, l’entreprise créée par Katy Gaubert, propose un accompagnement à 360° pour réduire le gaspillage alimentaire et transformer les biodéchets en ressources utiles.
« J’accompagne les professionnels et les collectivités », explique-t-elle, « dans la réduction du gaspillage alimentaire et la valorisation des biodéchets ». Ces derniers, précise-t-elle, sont principalement composés de déchets alimentaires. Et leur potentiel est souvent sous-estimé.
Pour Katy Gaubert, les biodéchets représentent une opportunité unique : « C’est le seul déchet qui peut se recycler sur place et redevenir une ressource pour notre sol. » Une vérité trop peu connue, alors même que la législation évolue en ce sens.
Depuis le 1er janvier 2024, les professionnels sont désormais tenus de trier leurs biodéchets. Une obligation réglementaire qui impose des changements concrets : mise en place de poubelles dédiées, solutions de collecte, ou encore compostage sur site. Pour beaucoup, il s’agit d’une révolution logistique. Pour Katy Gaubert, d’une chance de repenser notre rapport aux déchets.
Concrètement, RégenEco intervient selon plusieurs modalités : ateliers de sensibilisation pour les citoyens, diagnostics pour les professionnels, recommandations d’équipement... « On peut mettre en place de la collecte, du compostage ou même des machines qui digèrent les déchets alimentaires. »
L’objectif ? Fermer la boucle. Que les restes alimentaires des restaurants, marchés, cantines ou événements ne soient plus jetés à l’incinérateur ou à la décharge, mais transformés en compost fertile, réinjecté dans les sols locaux. Une logique circulaire, porteuse de résilience.
À Fréjus, Katy ne se contente pas de faire de la pédagogie théorique. Sur le terrain, elle distribue des bio-seaux, donne des instructions précises et veille à ce que chaque intervenant du festival adopte les bons gestes.
Cette démarche directe, presque artisanale, contraste avec les discours abstraits sur la transition écologique. Elle repose sur l’humain, sur l’explication patiente, sur la répétition des messages simples. Mais elle permet de créer une culture partagée du tri et du respect des cycles naturels.
Ce que Katy Gaubert appelle de ses vœux, c’est une société où l’économie circulaire ne serait plus une exception, mais une norme. Où la matière organique ne serait plus perçue comme un rebut, mais comme un levier de fertilité. Son entreprise, RégenEco, porte cette vision, en reliant innovation technique et pratiques ancestrales.
Le compostage, après tout, est une pratique millénaire. Mais sa mise en œuvre dans un contexte urbain et institutionnel demande des outils adaptés, des relais logistiques, des formations, des partenariats. C’est là que réside l’expertise de Katy : dans cette capacité à articuler les savoir-faire citoyens et les contraintes des professionnels.
Au-delà de la seule question des déchets, la démarche de RégenEco s’inscrit dans une réponse globale à la crise écologique. En favorisant la relocalisation des cycles, elle limite les émissions de gaz à effet de serre liées au transport et à l’incinération. En enrichissant les sols, elle lutte contre leur stérilisation croissante. En impliquant les habitants, elle crée du lien et de la responsabilité partagée.
C’est aussi une réponse aux défis sociaux. Le gaspillage alimentaire est un non-sens dans un pays où la précarité augmente. Réduire ce gaspillage, c’est économiser des ressources, mais aussi faire émerger des logiques de solidarité, comme le don des invendus ou la redistribution locale.
Envie D’Ailleurs n’est pas un simple lieu d’exposition de solutions écologiques. C’est un laboratoire grandeur nature, où se testent de nouvelles pratiques, où se rencontrent porteurs de projets et citoyens, où la transition se vit au présent.
Dans ce contexte, la présence de Katy Gaubert prend tout son sens. Elle y joue le rôle de passeuse : entre théorie et action, entre éco-gestes et stratégie d’entreprise, entre politique publique et initiative individuelle.
Le portrait qui se dessine est celui d’une écologie de terrain. Une écologie qui ne se contente pas de constats alarmants, mais qui propose des outils, des gestes, des solutions. Une écologie exigeante mais pragmatique, qui croit à la force des petits changements.
Ce que Katy incarne, c’est une manière de faire de l’écologie sans dogme, mais avec rigueur. Elle parle peu de croissance verte ou de neutralité carbone. Elle parle de bio-seaux, de machines à digestion, de compost, de sol vivant. Et c’est peut-être là, dans cette attention au concret, que se niche la force de sa démarche.
L’obligation légale de tri des biodéchets pour les professionnels est une avancée majeure. Mais elle ne suffira pas sans accompagnement. « Il faut expliquer, outiller, former », insiste Katy. C’est ce que fait RégenEco, en allant à la rencontre des acteurs locaux, en adaptant les dispositifs à chaque contexte, en tissant des liens avec les collectivités.
Ce travail de fond, lent et patient, pourrait bien être la clef d’une transition réussie. Car il repose sur la conviction que chacun, à son niveau, peut être acteur du changement.
En choisissant le nom « RégenEco », Katy Gaubert a fait un choix sémantique fort. Il ne s’agit pas seulement de gérer les déchets. Il s’agit de régénérer. De réparer les cycles rompus. De restaurer des liens entre l’humain et le sol.
Face à une planète en surchauffe, cette ambition humble mais essentielle rappelle que la transition passera aussi — et peut-être surtout — par les biodéchets. Ces restes que nous jetons sans y penser. Et qui, grâce à des actrices comme Katy, peuvent redevenir vie.
DB+IA 15/05/2025