Rejoignez la communauté TaVilleTaVie
Le déclic ? Un voyage, un goût, une passion nouvelle. Laura Oller n’était pas une amatrice de bière. Mais à force de découvertes brassicoles à travers le monde – et particulièrement à Seattle, où réside son frère – elle s’est prise de curiosité pour les bières artisanales. Une révélation qui va bouleverser sa vie.
« Je ne buvais pas de bière au début, ça ne me plaisait pas », raconte-t-elle. Puis, petit à petit, entre dégustations et expérimentations maison avec son conjoint, l’idée d’une reconversion prend forme. Jusqu’à devenir une réalité : créer leur propre brasserie, avec des bières à leur image. Et surtout, en cohérence avec leurs valeurs écologiques.
Avant même de devenir brasseurs, Laura et son compagnon étaient engagés dans une démarche zéro déchet à titre personnel. Un mode de vie qui a naturellement infusé leur projet professionnel : « On avait envie d’apporter dans notre entreprise ce qu’on n’avait pas les moyens de faire en tant que salariés. »
Dès le départ, leur ambition est claire : produire proprement, maîtriser les déchets, limiter l’impact environnemental à chaque étape. Cela passe par des choix précis : économie d’eau, sobriété énergétique, valorisation des matières premières, mais aussi circuits courts et réflexion sur les contenants.
Dans leur région, souvent marquée par des épisodes de sécheresse, l’eau est une ressource stratégique. Pour Laura, l’enjeu est double : limiter le gaspillage et sécuriser l’approvisionnement. « L’eau est notre matière première. On a mis en place un circuit fermé pour valoriser chaque goutte. »
La maîtrise de l’énergie est également au cœur du dispositif. Et avec elle, une réflexion plus globale sur les émissions de CO2, produites lors de la fermentation. « Les levures mangent le sucre et rejettent du CO2. On réfléchit à des procédés pour le capter, pour produire mieux et sans rejet. »
Autre point clé : les bouteilles. Laura Oller milite pour un retour à la consigne du verre, un système encore peu répandu mais en passe de redevenir une norme. « Dès le début, on voulait travailler avec la consigne, mais c’était difficile à mettre en place. Aujourd’hui, ce travail va être valorisé, notamment grâce à la réglementation qui prévoit 10 % de contenants consignés d’ici 2030. »
Ce choix témoigne d’une cohérence forte : la brasserie ne se contente pas d’annoncer des valeurs, elle les incarne dans chaque geste de production.
Mais tout n’est pas simple. Notamment l’approvisionnement en matières premières. La région n’est pas la plus propice à la culture du houblon, plante délicate qui préfère des climats plus humides. « On essaie de s’approvisionner au plus près, mais parfois ce n’est pas possible. Certains houblons sont brevetés à l’étranger, comme en Nouvelle-Zélande ou aux États-Unis. »
Malgré ces contraintes, Laura mise sur les initiatives locales : « En Alsace, on cultive du houblon. Et même ici, on teste des plantations, y compris avec du houblon sauvage, qu’on a utilisé dans l’une de nos bières. »
Pour Laura Oller, cette exigence écologique n’est pas un fardeau : c’est un moteur. Trouver des solutions, expérimenter, ajuster… Tout cela fait partie de l’aventure. « On est satisfaits quand on réussit à faire mieux. C’est un défi, mais aussi une immense satisfaction. »
Elle constate aussi une évolution chez les consommateurs : « Ils sont de plus en plus sensibles à ces questions. Et nous, on peut leur dire qu’on est fiers de notre produit, pas seulement pour son goût, mais pour tout ce qu’il représente. »
DB+IA 08/04/2025