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À Antibes, Laurent Chabert transmet bien plus qu’un art martial : un art de vivre. Professeur de Tay Son Vo Dao, une école vietnamienne mêlant tradition et modernité, il accueille enfants, adultes et seniors dans une approche inclusive et mentale du combat. Rencontre avec un enseignant passionné qui place l’adaptation au cœur de sa pédagogie.
Tous les mardis, jeudis et vendredis, une salle discrète à Antibes devient le théâtre d’une discipline aussi exigeante qu’accessible : le Tay Son Vo Dao. Laurent Chabert y enseigne cet art martial vietnamien, reconnu pour sa richesse technique et sa profondeur philosophique.
Le cours accueille tous les âges et tous les profils. « On avait une petite fille de sept ans et un jeune homme de 82 ans », sourit le professeur. Une mixité rare, rendue possible par une méthode de travail souple : « On intègre absolument tout le monde dans le même cours, mais on adapte les exercices au niveau de chacun. »
Ce fonctionnement inclusif est le reflet de l’esprit du Tay Son Vo Dao, une école qui conjugue transmission, bienveillance et exigence physique.
Au-delà des techniques de combat, le cœur de l’enseignement repose sur la capacité d’adaptation. Laurent Chabert insiste : « On fait beaucoup d’exercices qui mettent les personnes en situation, pour qu’elles apprennent à se repérer dans l’espace, à se défendre dans n’importe quelle situation et à s’adapter quoi qu’il arrive. »
Cette approche diffère des arts martiaux purement techniques ou compétitifs. Ici, chaque mouvement est un moyen de se connaître, de gérer ses émotions et de faire face à l’imprévu.
Dans cette perspective, le mental devient un outil aussi essentiel que les poings ou les pieds. « Travailler avec sa tête, c’est ça qui est important. Parce que c’est ça qui va faire la différence quand on est dans une situation réelle. »
Les élèves ne viennent pas seulement pour apprendre à se battre. Ils rejoignent un groupe, une communauté. « Hommes, femmes, tous les âges, tous les horizons… On partage la même passion ici ensemble », explique l’enseignant.
Cette atmosphère familiale est cultivée par la structure même des cours. Pas de séparation par catégorie d’âge ou de niveau, mais une progression individuelle au sein du collectif. Chacun est à sa place, sans comparaison ni compétition.
Le Tay Son Vo Dao devient ainsi un lieu de socialisation, mais aussi de développement personnel. Pour les plus jeunes, c’est une école de discipline. Pour les adultes, une manière de se recentrer. Pour les plus âgés, un moyen de rester en forme et mentalement alerte.
Né en 1802, le Tay Son Vo Dao s’inscrit dans la lignée des grands arts martiaux asiatiques. Il puise dans les formes anciennes, avec des armes traditionnelles comme le sabre, l’épée, le couteau ou le nunchaku.
Mais il ne se limite pas à cet héritage. L’école revendique aussi une dimension moderne : « On fait des formes de compétition, du combat libre vietnamien, du pied-poing, de la lutte, des projections. » Un savant mélange entre la tradition et le sport de combat contemporain.
Cette dualité permet au Tay Son Vo Dao de s’adapter aux profils les plus variés : les amateurs de technique pure, les passionnés de culture vietnamienne, les sportifs en quête de performance ou les curieux attirés par une pratique complète.
En plus des armes et des katas traditionnels, les pratiquants s’exercent au travail de masse — plusieurs contre plusieurs — et au combat libre, dans un cadre sécurisé. Ces formes modernes permettent de confronter les apprentissages à la réalité du terrain : gestion du stress, prise de décision rapide, coordination en groupe.
« On peut le pratiquer de manière sportive et loisir », précise Chabert. La pratique s’adapte aussi à la recherche de chacun : défoulement physique, apprentissage culturel, préparation à la compétition ou simple activité de bien-être.
Pour Laurent Chabert, la finalité de l’art martial ne se limite pas au dojo. L’objectif est de préparer les élèves à la vie, dans ce qu’elle a d’imprévisible, de stressant, parfois de dangereux.
« Quand on a une situation réelle, ou dans la rue, ou qu’il faut faire quelque chose… c’est le mental qui fait la différence. »
Le Tay Son Vo Dao est donc autant un outil d’autodéfense qu’un chemin de construction intérieure. Il enseigne comment réagir, comment décider, comment garder le contrôle.
Le trépied pédagogique de Laurent Chabert repose sur trois piliers : le physique, la technique, le mental. Mais c’est le dernier qui prime. « Travailler avec sa tête, c’est ça qui est important. »
Cette priorité se retrouve dans tous les aspects du cours. Chaque enchaînement demande de la concentration, chaque exercice engage la réflexion. Il ne s’agit pas de répéter mécaniquement, mais de comprendre le sens des gestes, d’anticiper les réactions, de cultiver la vigilance.
Le Tay Son Vo Dao est un art complet, où le corps et l’esprit évoluent de concert.
À Antibes, les élèves de Laurent Chabert apprennent à bouger, à se défendre, à gérer leur espace. Mais ils apprennent surtout à se connaître eux-mêmes. Loin de l’image violente que certains peuvent avoir des arts martiaux, le Tay Son Vo Dao se veut éducatif, respectueux, formateur.
Il enseigne l’effort, le respect des autres, la gestion des conflits. Il développe la résilience, cette capacité à rebondir face à l’adversité. En cela, il rejoint les préoccupations contemporaines autour de la santé mentale et de la confiance en soi.
Dans les séances, le corps devient un outil pédagogique. Il permet d’intégrer des principes fondamentaux : équilibre, coordination, précision. Mais aussi des qualités plus abstraites : calme, lucidité, réactivité.
À travers le mouvement, les élèves apprennent à penser autrement, à réagir plutôt qu’à subir. C’est là toute la richesse de cet art martial vietnamien : il engage l’être humain dans sa globalité.
En quelques minutes d’entretien, Laurent Chabert réussit à faire passer l’essence de sa pratique : une discipline exigeante mais inclusive, traditionnelle mais contemporaine, technique mais profondément humaine.
Le Tay Son Vo Dao, tel qu’il l’enseigne à Antibes, est bien plus qu’un art martial. C’est une école de vie, où l’on apprend à bouger, penser, s’adapter. Où l’on vient aussi bien pour transpirer que pour grandir.
Et surtout, où chacun, quel que soit son âge ou son passé, peut trouver sa place.
SDZ + IA