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Le souffle du vin : Leah Van Der Mije, entre passion du terroir et quête de l’instant parfait
À Tourrettes-sur-Loup, Leah Van Der Mije partage sa passion du vin avec une sincérité désarmante. Après un parcours à l’international et des expériences multiples dans l’hôtellerie-restauration, elle a ouvert en juillet 2023 une boutique singulière, où se mêlent grands crus rares et découvertes confidentielles. Pour elle, le vin est bien plus qu’un produit : c’est une émotion, une mémoire, un art de vivre.
Quand on demande à Leah Van Der Mije d’évoquer ce qui l’anime, sa réponse fuse : « Je suis passionnée par le vin. » Mais cette passion ne tombe pas du ciel. Elle trouve ses racines dans une curiosité précoce pour « tout ce qui est hôtellerie, restauration, le bien fait, la qualité ». Un goût pour l’excellence, nourri dès son plus jeune âge, puis affiné au fil des expériences à l’étranger.
C’est en Océanie, en particulier en Australie et en Nouvelle-Zélande, que Leah découvre l’ampleur de l’intérêt des étrangers pour les vins français : « Ils connaissaient beaucoup plus que nous, les Français nous-mêmes. » Une révélation. Très vite, elle se prend au jeu des dégustations croisées, offrant des bouteilles françaises à goûter et recevant en retour des flacons australiens ou néo-zélandais. « C’est comme ça que c’est né », explique-t-elle simplement.
L’étape suivante, naturelle, fut l’ouverture de sa propre boutique. Le 1ᵉʳ juillet 2023, Leah inaugure ce lieu à son image dans le cœur du village de Tourrettes-sur-Loup. Une aventure mûrie au fil de plusieurs projets professionnels, qui converge vers cette volonté : créer un espace où le vin se découvre, se raconte, se partage.
Dans sa boutique, on trouve des vins rares, souvent issus d’allocations difficiles à obtenir. « Ce sont des pépites très rares », dit-elle, acquises grâce à ses liens de confiance avec les vignerons. Mais Leah ne s’arrête pas aux grands noms : elle défend aussi les jeunes vignerons méconnus. « J’aime bien les mettre en avant après des dégustations, des coups de cœur que j’ai eus. »
Ce qui frappe dans son approche, c’est la manière dont Leah parle du vin comme d’un vecteur d’émotions. Si elle propose aussi bien des flacons prestigieux que des bouteilles accessibles, elle refuse de réduire leur valeur à une simple question de prix : « Je n’aime pas trop cette nuance. En fait, ça dépend vraiment de la qualité de l’expérience que tu vas en avoir. »
Elle se souvient d’une cliente évoquant un Pétrus dégusté 40 ans plus tôt : « Elle en parlait comme si elle l’avait bu la veille. » Pour Leah, c’est là toute la magie du vin : cette capacité à inscrire un instant dans la mémoire, à rendre un moment de vie inoubliable. Que la bouteille coûte 10 ou 1000 euros, l’important reste ce qu’elle provoque, ce qu’elle raconte, ce qu’elle relie.
Si Leah se veut ouverte à tous les terroirs, elle avoue une tendresse particulière pour certaines régions. « J’ai une quête un petit peu personnelle pour la Bourgogne », glisse-t-elle. Blancs ou rouges, ce sont les vins qui la touchent le plus profondément.
Mais ses plus belles surprises sont venues d’ailleurs. « J’ai eu mes plus belles surprises dans la Loire », confie-t-elle, avant de nuancer : « En fait non, j’aime toutes les régions. » Et de plus en plus, les vins étrangers l’attirent. Les flacons du « Nouveau Monde » l’interpellent, la surprennent, la déroutent. Elle y trouve un vent de fraîcheur, une autre façon de faire parler le raisin.
Leah le rappelle : en France, le vin est intimement lié à la culture populaire. « On a tous, comme tu disais tout à l’heure, ton grand-père qui avait son verre de vin rouge au déjeuner. » Le vin s’inscrit dans les repas, les fêtes, les souvenirs familiaux. Mais elle insiste aussi sur la nécessité de l’équilibre : « Il faut toujours que ça reste raisonnable, mais bien. Et bon. »
Aujourd’hui, la culture viticole s’est mondialisée. Des vins naissent dans les pays de l’Est, les cépages voyagent, les savoir-faire se croisent. « Il y a un vrai mélange de cultures qui se fait au sein du vin. » Pour Leah, cette richesse est une aubaine : une diversité de goûts, de textures, d’identités, qu’elle s’efforce de faire découvrir dans sa boutique.
Quand on lui demande ce qui fait un bon vin, la réponse de Leah est nette : « C’est l’équilibre. » L’acidité, la longueur, le fruit, la structure… tout doit dialoguer, sans que rien ne prenne le pas. Elle se fie à un cahier des charges personnel, précis, exigeant. « Si quelque chose est déséquilibré, je ne pourrais pas le vendre. »
Cette rigueur est au service d’une mission : garantir au client une expérience authentique, qu’il soit amateur ou néophyte. « Que vous soyez à la maison en train de déguster votre verre de vin, il faut que la bouteille soit bonne. » C’est une question de confiance. Et Leah s’efforce de l’honorer à chaque échange, chaque conseil, chaque dégustation.
Si Leah a voyagé, elle est restée fidèle à ses racines. « J’ai grandi là », dit-elle à propos de Tourrettes-sur-Loup. Elle y a été à l’école, sa mère y tient une boutique de violettes, ses enfants y ont grandi. Elle aime l’âme du village, son ambiance épicurienne, ses paysages suspendus entre mer et montagne.
« On a des restaurants incroyables, des très belles tables comme des tables plus simples », ajoute-t-elle. Ce cadre, entre tradition et créativité, lui semble idéal pour accueillir une boutique de vins comme la sienne. Une boutique où l’on vient chercher une bouteille… mais où l’on trouve bien souvent un moment suspendu.
L’approche de Leah est résolument inclusive. Elle ne réserve pas ses trésors aux seuls connaisseurs. Au contraire, elle aime accompagner ceux qui doutent, ceux qui hésitent, ceux qui n’osent pas choisir. « Quand je vois qu’il y a zéro connaissance, je vais toujours ouvrir une bouteille, faire goûter, voir un peu les goûts. »
Ce contact direct, cette volonté d’écoute et d’adaptation, font partie de son ADN. Que la dégustation ait lieu sur la terrasse de la boutique ou à domicile, Leah veut s’assurer que l’expérience soit réussie. Le vin, pour elle, est avant tout une histoire de plaisir partagé.
À la fin de l’entretien, Leah résume son ambition en une phrase simple et généreuse : « Laissez-moi vous guider dans vos collections personnelles de vins. » Une invitation à la découverte, à la curiosité, à la confiance.
Dans sa boutique de Tourrettes-sur-Loup, entre pépites rares et coups de cœur spontanés, Leah Van Der Mije cultive une approche du vin sensible, exigeante, mais toujours accessible. Elle y insuffle ce qu’elle aime par-dessus tout : du vent, du goût… et de l’âme.
DB+IA 15/04/2025