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Installé en Indre-et-Loire, Marc Sautereau n’a pas attendu longtemps après sa retraite pour prendre la route – ou plutôt, pour la dessiner. Depuis trois ans, il remplit des carnets de voyage, entremêlant croquis, émotions et récits du quotidien. Une activité qui lui est tombée dessus « comme ça », mais qu’il embrasse aujourd’hui avec passion, entre errance contemplative et partage de rencontres.
Tout commence par un voyage en Irlande, chez sa sœur. Marc Sautereau y griffonne son premier carnet. « Et puis un deuxième est venu, j’ai édité… puis j’ai fait plein de carnets, plein de carnets. » Une pratique qui ne le quittera plus.
Ce qui pouvait ressembler à une simple activité de loisir devient rapidement une quête, presque un nouveau mode de vie. Marc se lance dans le dessin de voyage après avoir pris sa retraite, une période qu’il qualifie joliment de « période de jubilation, comme nos amis espagnols ». Le carnet de voyage devient pour lui un moyen d’observer, de ressentir, de fixer l’instant.
Trois années, donc, qu’il parcourt les routes et les paysages, carnet en main. S’il ne vient pas du monde de l’illustration, Marc découvre cette pratique en autodidacte : « J’ai vu des salons, des tutos, des trucs sur internet, et puis je suis tombé dedans. »
Le voyage dessiné devient vite plus qu’un simple passe-temps. C’est une autre manière de découvrir le monde. Il décrit sa pratique comme un juste équilibre : « On va plus vite qu’à pied, mais moins vite qu’en voiture. On a le temps de regarder, de s’arrêter n’importe où, de rencontrer des gens. »
Prochaine étape de son itinéraire personnel : la Loire. En septembre, Marc participera à la « grande remontée de Loire », un événement biennal où des bateaux traditionnels remontent le fleuve de Saint-Nazaire à Orléans. Une aventure fluviale qui s’étale sur trois semaines, le long d’un des plus beaux cours d’eau français.
Mais Marc ne sera pas sur l’eau : il suivra le cortège à vélo, sur les pistes cyclables qui bordent la Loire. Toujours avec ses carnets sous le bras, il prévoit d’emmener avec lui d’autres dessinateurs. Une sorte de caravane graphique, attentive aux détails et aux émotions.
Ce qui intéresse Marc, ce sont les histoires, grandes ou petites, qui jalonnent la route. « Je veux raconter des anecdotes, des anecdotes de ce que je rencontre, des émotions aussi en voyant tel endroit ou tel autre. »
Il cherche à capter des instants, à faire résonner les lieux avec l’humain, à transmettre par le trait ce qu’une photo ne montrerait pas toujours. L’émotion d’un rivage, la surprise d’une rencontre, la lumière sur une façade.
Le dessin est pour Marc Sautereau un prétexte au dialogue. En s’arrêtant dans un village, en sortant son carnet, il crée un point d’ancrage. Les gens viennent, posent des questions, échangent. Le carnet devient un outil d’interaction, une invitation à partager le moment.
À travers cette pratique, il affirme une forme de présence au monde : lente, attentive, connectée. Le voyage n’est plus une course contre la montre, mais une succession de pauses habitées.
Avec ses projets, notamment celui d’emmener d’autres dessinateurs sur la route, Marc veut aussi transmettre ce goût du carnet. Montrer qu’il n’est pas nécessaire d’être artiste pour commencer. Il suffit d’un regard curieux, d’un peu de papier, et de temps. Ce temps qu’il a appris à savourer, depuis qu’il a pris sa retraite.
Son itinéraire artistique, fait de spontanéité et de rencontres, est aussi une invitation à ralentir. À regarder le monde autrement. Et à s’y attarder, crayon en main.
DB+IA 16/05/2025