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Portrait d’un Britannique aux passions croisées, entre montagnes et pinceaux
"Il faut absolument que la lumière soit exactement bien"
Pour Martin Crocker, capturer une scène ne relève jamais du hasard. À la fois photographe, aquarelliste et amoureux de la montagne, il arpente les hauteurs plusieurs fois si nécessaire, à la recherche de la lumière parfaite. "Parfois je retourne à plusieurs reprises parce que le soleil n’est pas dans la bonne position", confie-t-il. "L’angle n’est pas exactement comme il faut."
Cette quête de précision, presque obsessionnelle, en dit long sur son approche du monde. Loin de l’amateurisme, Martin revendique une démarche patiente, contemplative, presque méditative. "Quatre fois je suis monté", raconte-t-il à propos d’un cliché. "Mais il faut absolument que la lumière soit exactement bien."
"Mes passions ? Les aquarelles… et courir en montagne"
Derrière l’objectif ou devant sa feuille, Martin compose avec la même rigueur, le même émerveillement. Né au Royaume-Uni, il vit aujourd’hui en France et partage son temps entre deux pôles : l’art et le plein air.
"Mes passions, mon Dieu... À la fois, c’est les aquarelles – vous les voyez dans la galerie – et d’autre part, monter dans les montagnes, aller courir", explique-t-il. Deux élans opposés, presque contradictoires, qu’il compare à un équilibre intérieur : "Une sorte de mélange de yin et yang : culture, artiste et ex-sciences physiques."
Le contraste entre ces deux facettes ne le perturbe pas. Au contraire, il s’en nourrit. L’énergie dépensée en altitude lui permet de se poser devant ses aquarelles, tandis que l’œil qu’il affine en peinture l’aide à percevoir autrement les paysages qu’il traverse.
"C’est mon père qui m’a appris tout petit"
Si Martin semble aujourd’hui évoluer librement entre ses deux passions, ses racines artistiques sont anciennes. "C’est mon père qui m’avait appris tout petit", se souvient-il. "Il m’a montré comment dessiner, comment peindre." Une transmission familiale, simple et discrète, mais qui a marqué profondément son rapport à la création.
Le geste est resté, et avec lui, l’exigence. "Chaque fois que je fais une peinture… c’est parfois ok", dit-il en souriant. "Mais il y a toujours quelque chose que je peux améliorer." Chez lui, l’acte de peindre n’est jamais figé : c’est un travail en perpétuelle évolution.
"J’ai fait des aquarelles lors des balades"
Loin d’être deux mondes cloisonnés, ses randonnées nourrissent directement ses créations artistiques. "Des balades que j’ai faites, j’ai fait des aquarelles lors des balades", explique-t-il simplement. Le chemin inspire le trait. L’émotion du moment guide la couleur. Il ne s’agit pas de reproduire fidèlement un paysage, mais d’en capter l’essence.
Cette démarche n’a rien de naïf. Elle suppose, au contraire, une grande maîtrise technique et une connaissance fine des éléments : la lumière, les volumes, la perspective. Mais aussi un lâcher-prise, une capacité à se laisser traverser par le lieu.
Un regard britannique sur les paysages français
Installé en France, Martin porte sur son environnement un regard singulier. Celui d’un étranger amoureux du territoire qu’il explore. "Je suis britannique", précise-t-il presque en passant. Mais son accent, son ton mesuré, sa sensibilité, trahissent une culture anglo-saxonne faite de retenue et d’humilité.
Dans ses aquarelles comme dans ses récits, la nature n’est jamais mise en scène de manière spectaculaire. Pas d’effets de style, pas de grandiloquence. Juste un regard sincère sur ce qui est là : une vallée, une lumière, un sentier escarpé. Et la volonté de le restituer avec justesse.
L’art comme discipline, la montagne comme école
Ce que Martin semble chercher, dans l’art comme dans la nature, c’est une forme d’authenticité. Pas la reconnaissance. Pas la performance. Mais une progression intérieure. "On découvre", répète-t-il. "On peut toujours améliorer."
Ce n’est pas un discours de perfectionniste. C’est celui d’un homme qui accepte le doute, qui fait de l’inconfort un moteur. Peindre dehors, dans le vent, dans le froid. Marcher longtemps pour atteindre le bon point de vue. Revenir encore, attendre la lumière. Tout cela exige une forme de discipline. Une rigueur, presque scientifique.
Pas étonnant que Martin parle aussi de "sciences physiques". Derrière ses aquarelles délicates se cache une structure, une méthode, une constance.
"Une aventure, chaque fois"
Plus qu’un hobby ou une passion, la pratique artistique de Martin est une façon d’habiter le monde. Chaque image est le fruit d’une aventure. Une montée, une attente, une contemplation. "Il faut que la lumière soit exactement bien", répète-t-il.
Mais il ne s’agit pas de tout contrôler. L’aventure commence là où les certitudes s’arrêtent. Et c’est justement cela qui le fascine. "Chaque fois qu’on fait une peinture", dit-il, "il y a toujours quelque chose qui ne va pas exactement." Ce "pas exactement" devient une promesse. Celle de revenir, de recommencer, de ne jamais cesser de chercher.
Un équilibre entre contemplation et mouvement
Martin Crocker ne se laisse pas enfermer dans une case. Ni artiste solitaire, ni simple amateur de randonnée, il est les deux à la fois, et bien plus encore. Son regard se construit dans le mouvement. Ses œuvres naissent dans le silence après l’effort.
Il peint comme il marche : avec patience, avec respect, avec lucidité. Et c’est peut-être cela qui touche dans son récit. L’absence de vanité. La quête d’une beauté discrète, fragile, éphémère. Une lumière juste, un angle parfait, un trait de pinceau posé au bon moment.
Et toujours, cette phrase en tête : "Le parcours n’est pas fini. C’est une aventure."
SDZ + IA