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Fragonard à Grasse : un retour aux sources pour célébrer l’élégance du XVIIIᵉ siècle
Le Musée international de la Parfumerie de Grasse accueille une exposition inédite consacrée à Jean-Honoré Fragonard et à sa famille d’artistes. Une initiative conjointe avec le Louvre qui met en lumière les dessins rarement exposés du maître, dans la ville même où il est né. L’occasion d’un hommage aussi intime qu’élégant au génie du siècle des Lumières.
Dans les salles feutrées du Musée international de la Parfumerie, l’intimité se déploie en traits délicats. L’exposition organisée à Grasse explore une facette moins connue de Jean-Honoré Fragonard : son œuvre graphique. Le public y découvre une sélection de dessins subtils, moins flamboyants que ses toiles célèbres mais tout aussi essentiels pour comprendre l’artiste.
« Ce travail de dessin [...] est un peu moins connu que son œuvre peinte », explique Laure Decomble, Responsable scientifique des musées de Grasse. Pourtant, ces pièces révèlent avec une rare sensibilité l’univers du peintre, fait de scènes galantes, de moments de vie, de regards esquissés. Et surtout, elles n’avaient jamais été montrées à Grasse.
Cette exposition ne se contente pas de célébrer Fragonard seul. Elle révèle une constellation d’artistes gravitant autour de lui : son épouse, miniaturiste, et sa belle-sœur Marguerite Gérard, figure du portrait et de la peinture de genre au XIXᵉ siècle.
Le parcours propose une plongée dans cette dynastie artistique, peuplée de femmes peintres souvent reléguées à la marge de l’histoire de l’art. Marguerite Gérard, notamment, y occupe une place de choix. Collaboratrice de Fragonard et artiste à part entière, elle contribue à enrichir le regard que l’on porte aujourd’hui sur l’environnement familial et artistique du maître.
L’événement témoigne aussi de la rareté et de la préciosité des œuvres présentées. Leur fragilité explique qu’elles soient si peu exposées : le dessin, médium plus intime, plus vulnérable que la peinture, nécessite des conditions de conservation rigoureuses. Le fait même qu’elles soient visibles aujourd’hui à Grasse relève presque de l’exception.
Fragonard, incarnation du XVIIIᵉ siècle « dans ce qu’il y a de plus léger, de plus élégant, de plus intime », fascine encore. Sa virtuosité graphique, sa capacité à saisir un mouvement, une atmosphère, fait de lui un artiste convoité. Que ces œuvres soient visibles ici, dans sa ville natale, confère à l’exposition une charge émotionnelle particulière.
Si l’exposition prend racine à Grasse, ce n’est pas un hasard. C’est là que Jean-Honoré Fragonard voit le jour, et que plusieurs membres de sa famille naissent ou vivent. C’est aussi là que se trouvent certaines de ses œuvres, conservées dans les collections locales.
Ce choix de lieu donne une profondeur nouvelle à l’événement. Il ne s’agit pas seulement d’exposer, mais de faire revenir l’artiste chez lui. De reconnecter son œuvre à son terreau natal. Et de permettre aux visiteurs de mieux comprendre l’inspiration que Fragonard puise dans cette Provence à la lumière dorée.
Le projet est né d’une politique volontariste du Louvre, qui souhaite essaimer ses collections au-delà de Paris. Grasse s’est imposée comme une évidence, tant pour son lien historique avec Fragonard que pour la qualité de ses musées et de ses équipes.
« Il y a une équipe très compétente au sein des musées de la ville de Grasse », souligne Xavier Salmon, directeur du département des Arts Graphiques au Louvre. Le partenariat a été fluide, porteur d’un « grand bonheur tout au long de la préparation », depuis le choix des œuvres jusqu’à la réalisation du catalogue. Une coopération exemplaire entre institution nationale et musée local.
Enfin, l’exposition se veut une clé d’entrée vers l’univers du peintre. Plus qu’un accrochage, elle constitue une véritable immersion dans son monde — celui d’un XVIIIᵉ siècle raffiné, hédoniste, mais aussi marqué par une recherche de la grâce et de la vérité humaine.
Loin des clichés qui résument parfois Fragonard à la frivolité, les dessins exposés révèlent sa profondeur. Le trait devient langage. La main, pensée. Le spectateur, invité à une lecture plus fine, plus personnelle, de l’œuvre du maître.
BP + IA
27 juin 2025