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À Grasse, le patrimoine se vit autant qu’il se conserve. À la tête des musées de la ville, Olivier Quiquempois œuvre à faire revivre l’âme historique et olfactive de ce territoire provençal. Dans les allées du Jardin du Musée International de la Parfumerie, il raconte son engagement pour un patrimoine vivant, enraciné dans la terre, l’art et la mémoire.
« Grasse, c’est une ville de patrimoine, c’est son ADN »
Olivier Quiquempois est conservateur en chef des musées de Grasse. Après un parcours riche – Toulouse, le Nord, Paris – il revient dans la cité des parfums avec une mission : révéler la richesse patrimoniale de la ville.
Car Grasse, explique-t-il, est « la capitale de la Provence orientale », un territoire dont l’histoire reste méconnue. Son ambition ? Faire parler les pierres, les jardins et les odeurs. Créer du lien entre le passé et les visiteurs d’aujourd’hui.
« L’idée, c’était de recréer les champs de fleurs »
Le Jardin du Musée International de la Parfumerie est né d’un constat : les plantations de fleurs ont quasiment disparu du paysage grassois. Dans les années 50-60, la culture florale faisait pourtant la renommée de la région.
Aujourd’hui, le jardin reconstitue cet écosystème. On y cultive la rose de mai, le jasmin, la tubéreuse… Une plongée olfactive et visuelle dans ce que fut l’identité agricole et industrielle de Grasse.
« La meilleure façon de faire vivre un jardin, ce sont les sculptures »
Pour Olivier Quiquempois, un jardin est aussi un lieu d’expression artistique. À l’image des jardins classiques, ceux de Grasse accueillent désormais des sculptures contemporaines.
Chaque année, un artiste est invité à dialoguer avec les lieux. Les œuvres s’intègrent au paysage. Certaines restent de manière permanente, formant peu à peu une collection en plein air.
« Il présente des œuvres tout à fait exceptionnelles »
En 2024, le jardin accueille les œuvres d’Antoine Pierini, artiste verrier installé à Biot. Une ville toute proche de Grasse, connue dans le monde entier pour son savoir-faire dans le verre soufflé.
Pierini transforme la matière en lumière. Ses œuvres évoquent des roseaux, des arbres, des éléments naturels sublimés. « C’est un arbre repère », dit le conservateur, en parlant d’une sculpture centrale, évoquant le cyprès.
Ses installations colorées entrent en résonance avec les lignes du jardin. Une poésie du verre et du végétal.
« C’est important de mettre en avant ces artistes des Alpes-Maritimes »
Au-delà de la beauté des œuvres, l’invitation faite à Antoine Pierini est un geste fort. Grasse affirme ainsi sa volonté de soutenir la création locale, tout en l’inscrivant dans une démarche de rayonnement culturel.
« Ce sont des artistes mondialement connus et moins connus chez eux », regrette Olivier Quiquempois. Le jardin devient alors un lieu d’ancrage, un espace de reconnaissance, une vitrine pour ces talents discrets.
Le Jardin du MIP n’est ni une simple reconstitution, ni un musée figé. C’est un lieu de passage, de contemplation, d’expérimentation.
Les expositions y prennent racine, les fleurs y racontent l’histoire de la parfumerie, et l’air y transporte des fragments d’un patrimoine toujours en mouvement.
Pour Olivier Quiquempois, c’est cette vitalité qui donne tout son sens au métier de conservateur. Faire vivre plutôt que figer. Mettre en lumière sans enfermer. Créer du lien, toujours.
Jardin du Musée International de la Parfumerie (MIP)
979 chemin des Gourettes, 06370 Mouans-Sartoux
Site officiel du musée
Exposition Antoine Pierini – Sculptures de verre
Visible jusqu’à l’automne 2025
Entrée comprise avec le billet du jardin