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Chapeau : Pour sa première participation au Festival International du Film Écologique et Social (FIFES), Pablo Chavanel présente Les Courants parallèles, un documentaire engagé où l’environnement devient à la fois sujet et langage. Un premier film pensé comme un geste politique, façonné loin des circuits traditionnels de diffusion.
Pablo Chavanel ouvre l’entretien sans détour. L’écologie, dit-il, n’est pas une thématique parmi d’autres. Elle est son prisme. À travers ses web-documentaires, ses séries ou désormais son premier long-métrage, il explore l’impact de l’humain sur les milieux, les résistances, les récits alternatifs. Les Courants parallèles s’inscrit pleinement dans cette logique.
Le film ne se contente pas de décrire la destruction des terres et des cultures. Il interroge aussi les moyens de lutte, les bifurcations possibles. « Il évoque des sujets qui parlent d’environnement, de politique aussi, de chemin à suivre », précise-t-il.
Le documentaire devient alors un espace de recomposition : il ouvre des perspectives, met en lumière des alternatives là où l'oppression domine.
Présenter Les Courants parallèles au FIFES 2025, c’est plus qu’une sélection : c’est une première. Pour Pablo Chavanel, cette projection marque son entrée officielle dans le monde du cinéma documentaire. Et le choix du FIFES ne doit rien au hasard.
Festival engagé, le FIFES offre une visibilité précieuse aux œuvres qui articulent question sociale et urgence environnementale. C’est un lieu de résonance pour ce film, pensé hors des formats imposés.
« C’est un film qui n’a pas été montré à la télévision par choix, des choix personnels et des choix du film aussi », insiste Chavanel.
Ce refus de la diffusion classique témoigne d’une volonté de rester fidèle au propos. Le documentaire a d’abord été conçu pour les festivals, ces espaces où l’attention est plus longue, les échanges plus directs.
Pablo Chavanel croit au pouvoir des images. Pour lui, le documentaire est un langage à part entière, capable de toucher là où les mots politiques échouent. Il ne s’agit pas seulement de transmettre des faits, mais d’ouvrir des fenêtres : « pour découvrir, pour comprendre, pour ouvrir une fenêtre sur le monde ».
Les Courants parallèles invite à cette immersion. Il ne se contente pas d’alerter. Il donne à voir, à ressentir, à comprendre autrement. En ce sens, l’art n’est pas un supplément d’âme : il est le vecteur même de la conscience.
« Même si ça se passe à l’autre bout du monde, ça nous concerne tous personnellement », affirme-t-il.
Le parcours de Les Courants parallèles en festival est déjà bien entamé. Depuis un an, le film circule, rencontre des publics, suscite des discussions. Un choix assumé, revendiqué : « ça fonctionne plutôt bien, c’est bien accueilli par le public ».
Pablo Chavanel s’inscrit dans une tradition du cinéma militant qui préfère les circuits indépendants aux impératifs des grandes chaînes. Ce positionnement, loin d’être marginal, retrouve aujourd’hui une certaine vitalité. Les festivals deviennent des lieux de convergence, des carrefours où l’art peut encore interroger le politique sans filtre.
Au-delà de la reconnaissance ou des récompenses, l’enjeu pour Pablo Chavanel reste la diffusion. Être vu, partagé, débattu. C’est ce qui donne au documentaire son utilité sociale. Le FIFES devient alors un tremplin, mais surtout un espace d’expérimentation collective.
Car si Les Courants parallèles propose un récit, il invite surtout à l’action. Il tend un miroir au spectateur : que faire face à la destruction ? Quelles lignes de fuite imaginer ?
En cela, le film incarne pleinement la mission du documentaire : mettre en relation, provoquer la pensée, déclencher l’élan.
Avec Les Courants parallèles, Pablo Chavanel signe un premier film à la fois poétique et politique, qui s’inscrit dans une tradition de l’engagement documentaire. Son regard, nourri par l’écologie et la volonté de raconter des alternatives, trouve au FIFES un écrin naturel. Une première prometteuse pour un réalisateur qui envisage l’image comme un outil de transformation.