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À Châteauneuf-Grasse, le 8 mai dernier, une centaine d’enfants ont été plongés dans l’univers de la Seconde Guerre mondiale grâce à une journée immersive imaginée par Philippe Escande, agent communal passionné d’histoire vivante.
Philippe Escande ne se définit pas seulement par son métier. Il se présente d’abord comme un passeur de mémoire. Employé à la commune de Châteauneuf-Grasse, il a conçu cette journée autour de la Seconde Guerre mondiale pour éveiller la conscience historique des plus jeunes. « Ma passion, c’est la commémoration et faire vivre l’histoire. L’histoire vivante », confie-t-il dès les premières minutes de l’interview.
L’origine de cette passion remonte à son histoire familiale : « Mon arrière-grand-père était chasseur alpin pendant la Seconde Guerre mondiale. Et puis j’ai eu une petite fille. J’ai voulu lui transmettre cette histoire, toutes ces douleurs, ces conflits... Pour qu’on ne les oublie pas, et surtout pour qu’ils ne se reproduisent pas. »
Dans la cour de l’école, les enfants découvrent un hôpital de campagne reconstitué, inspiré de ceux mis en place par la Croix-Rouge américaine. Des téléphones de campagne permettent aux élèves de s’appeler, un détecteur de métaux les initie à la recherche d’objets enterrés, et de nombreux équipements d’époque sont exposés : casques, radios, gamelles, rations militaires.
Mais l’immersion ne s’arrête pas là. Un véritable cours d’histoire a été donné en amont dans les classes. Les enfants ont aussi visionné Le Vent des libérateurs, un film sur la libération de la Côte d’Azur. Le midi, ils ont déjeuné « à la mode de 1940 », avec des restrictions alimentaires simulées. « Pour accéder à la cantine, ils ont dû présenter des bons de rationnement qu’on leur avait fabriqués », explique Escande, enthousiaste.
L’objectif n’est pas seulement ludique : il s’agit d’un véritable travail de mémoire. « On essaye vraiment de faire une journée immersive qui soit aussi un devoir civique », insiste-t-il. La journée s’achève par un moment fort : le chant de la Marseillaise devant le monument aux morts.
L’événement s’adresse aux enfants de la maternelle jusqu’au CM2, mais c’est auprès des élèves de l’école élémentaire que l’impact semble le plus fort. « Ils posent beaucoup de questions, ils veulent comprendre les objets, les uniformes, le contexte... »
Pour Philippe Escande, cette initiative est autant éducative que préventive : « On ne peut pas se projeter dans l’avenir si on ne comprend pas le passé. La guerre, c’est des victimes, des parents qui pleurent, des pertes d’amis... Toute une population dans la souffrance. Il faut leur montrer ça pour qu’ils ne veuillent pas vivre ça plus tard. »
Il évoque aussi les difficultés à recueillir la mémoire des anciens : « C’est un sujet encore très sensible et douloureux. Les vétérans, quand ils en parlent, c’est par bribes. Il faut recouper, croiser les témoignages, prendre contact avec plusieurs personnes pour reconstituer l’histoire. »
En organisant cette journée du souvenir le 8 mai, Philippe Escande inscrit son action dans la continuité du devoir de mémoire. Avec rigueur et sensibilité, il rappelle que derrière chaque fait historique, il y a des êtres humains. Et que transmettre cette réalité aux enfants, c’est leur offrir les clés pour construire un avenir éclairé.
BP + IA
16 mai 2025