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À Carpentras, Pierre Jouvaud perpétue un artisanat familial depuis trois générations. Avec sa sœur Jeanne-Marie, il confectionne fruits confits, chocolats et autres douceurs dans la plus pure tradition provençale. Un métier de patience et de transmission.
La passion de Pierre Jouvaud ne s’est pas transmise par les livres, mais par les gestes. Il est pâtissier, chocolatier, confiseur, et travaille en famille. « Nous exerçons cette fabuleuse profession depuis trois générations », explique-t-il. Son entreprise, fondée par ses grands-parents Gilbert et Lisette, a été ensuite reprise par ses parents Frédéric et Nicole, avant que Pierre et sa sœur Jeanne-Marie n’en reprennent les rênes.
Installés à Carpentras, dans le Vaucluse, ils incarnent une continuité rare dans le monde de la confiserie artisanale. Leur spécialité ? Les fruits confits, confectionnés selon une méthode lente et exigeante, transmise par un maître confiseur local.
La provenance des fruits est un pilier de leur démarche. « À part l’ananas, tous nos fruits viennent de Provence », affirme Pierre Jouvaud. Clémentines de Corse, abricots rosés des Baronnies, figues du Var, melons de Cavaillon, fraises de Carpentras, prunes de Malaucène : chaque fruit est choisi avec soin, en fonction de son terroir et de sa saisonnalité.
Cette exigence territoriale ancre profondément leur activité dans le paysage provençal. Elle participe aussi à la préservation de variétés locales, souvent méconnues du grand public.
La méthode de confisage est rigoureuse, artisanale, et surtout très lente. « On confit les fruits sur un mois et demi, en sept, huit, parfois neuf bouillons de sucre », détaille l’artisan. À chaque étape, l’eau du fruit s’évapore, remplacée peu à peu par le sirop. Au final, le fruit peut se conserver un à deux ans, sans aucun additif.
« C’est uniquement du sucre et du glucose », précise Pierre. Aucune chimie, aucun conservateur. Juste du temps, de la chaleur, et un savoir-faire ancestral.
Dans l’atelier des Jouvaud, tout est local. Les fruits, le sucre, le conditionnement, le conditionnement… jusqu’aux bocaux qui accueillent les fruits dans leur sirop. « C’est vraiment le savoir-faire gourmand provençal », affirme Pierre. Une forme de résistance face à la standardisation de la confiserie industrielle.
En misant sur la qualité, l’origine et la transmission, il contribue à maintenir vivant un patrimoine culinaire régional. Un patrimoine en voie de disparition : « On n’est plus beaucoup de confiseurs en Provence », déplore-t-il.
Pour préserver ce métier rare, Pierre Jouvaud peut compter sur un allié : la Chambre des métiers. « Elle nous aide beaucoup à promouvoir le fruit confit, notamment à travers les CFA et des événements comme celui-ci », explique-t-il. Sa participation au Salon du Made in France s’inscrit dans cette dynamique : faire découvrir, partager, susciter des vocations peut-être.
Cette mise en lumière est essentielle, d’autant plus que le fruit confit est souvent perçu comme désuet ou trop sucré. Ici, il retrouve ses lettres de noblesse, traité avec délicatesse, précision, et fierté.
À Carpentras, Pierre Jouvaud confit les fruits comme ses grands-parents le faisaient : avec patience, passion et une fidélité sans faille à la tradition provençale. Un artisan du goût, au service d’un patrimoine gourmand.
DB+IA 16/11/2025