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Provence Verte : quand le tri devient un levier territorial
À Brignoles, dans le Var, Citeo et l’agglomération Provence Verte unissent leurs forces pour révolutionner les pratiques de tri. Avec 79,1 kg d’emballages et papiers triés par habitant et par an, le territoire affiche des performances supérieures à la moyenne nationale. Rencontre avec Marie Chenou, cheffe d’orchestre de cette transition.
C’est avec conviction que Marie Chenou, responsable des opérations chez Citeo, s’exprime sur le rôle de son entreprise : « Citeo, c’est un éco-organisme qui s'occupe de la gestion des emballages et papiers en France. Nous finançons la collecte et le tri auprès des collectivités. »
À Brignoles, son engagement prend une dimension très concrète. La présence de Citeo dans l’agglomération Provence Verte s’inscrit dans une dynamique territoriale forte : accompagner les élus et les habitants dans un changement profond de leurs habitudes de tri. Un changement structurel, mais aussi culturel.
Sur le terrain, Citeo intervient à plusieurs niveaux : mise en place de nouvelles colonnes de tri, campagnes de communication ciblées, soutien technique… et surtout, une action coordonnée avec les équipes locales.
L’agglomération Provence Verte, qui regroupe une cinquantaine de communes autour de Brignoles, bénéficie d’un accompagnement renforcé : « Nous les aidons à optimiser leur collecte, à répondre aux appels à projets, à développer des dispositifs hors foyer… » explique Marie Chenou.
Un exemple parmi d’autres : l’installation de colonnes spécifiques pour le carton, un dispositif encore rare, qui vise à améliorer la qualité du tri en séparant les flux dès l’origine.
Loin de se limiter aux seules consignes de tri, Citeo s’attaque également à un mal contemporain : les déchets abandonnés.
Un plan d’actions a été lancé en 2024 avec l’agglomération Provence Verte. Objectif : sensibiliser, capter les déchets plus efficacement et éviter les dépôts sauvages. « Cela passe par des ramassages, des outils de captage, des plans de communication, et des actions directes auprès des habitants », détaille Marie Chenou.
Les premiers effets sont déjà visibles. La multiplication des points de collecte — 1500 postes dans l’agglomération — permet un maillage dense, adapté à la diversité du territoire, entre villages perchés et zones périurbaines.
Les résultats sont là. En cinq ans, les performances de tri dans l’agglomération ont bondi de 30 %. Aujourd’hui, chaque habitant trie en moyenne 79,1 kg d’emballages et papiers par an — un chiffre supérieur à la moyenne varoise et aux standards nationaux.
« C’est une vraie réussite », reconnaît la responsable. « Cela montre que les habitants répondent présents, et que l’action conjointe entre collectivité et éco-organisme produit des effets réels. »
Cette réussite locale est d’autant plus notable qu’elle s’inscrit dans un contexte de profonde réforme des filières de tri au niveau national. Citeo, en tant qu’acteur central de cette évolution, joue un rôle de catalyseur.
Mais pas question de s’arrêter en si bon chemin. L’un des nouveaux défis identifiés est celui de la qualité. « Il ne s’agit plus seulement de trier plus, mais de trier mieux », insiste Marie Chenou.
Les campagnes de sensibilisation vont donc évoluer. Moins centrées sur le geste en lui-même, elles viseront désormais à améliorer la précision du tri : mieux repérer les bons emballages, éviter les erreurs, respecter les consignes.
Cela passe aussi par une organisation plus lisible. « Aujourd’hui, tous les emballages sont triés au même endroit. Cela facilite énormément le geste pour les habitants », précise-t-elle. Une harmonisation qui simplifie la vie quotidienne et favorise l’adhésion.
Cette transformation ne se fait pas sans résistance. Changer les modalités de collecte, revoir les consignes, introduire de nouveaux bacs ou colonnes… chaque évolution suppose un travail pédagogique important.
« Il y a un vrai accompagnement à faire », reconnaît Marie Chenou. Cela se traduit par des supports clairs sur les colonnes de tri, mais aussi par des agents sur le terrain, des animations, des interventions en milieu scolaire.
Dans les rues de Brignoles, les campagnes d’affichage rappellent aux habitants les nouvelles consignes, tout en les incitant à participer activement à cette mutation collective.
Le cas de la Provence Verte illustre comment une dynamique locale peut servir de laboratoire pour les politiques nationales de tri. En multipliant les initiatives, en mesurant les résultats, en adaptant les outils, Citeo et l’agglomération bâtissent une stratégie exemplaire.
L’objectif à terme : déployer ces bonnes pratiques sur d’autres territoires, en tenant compte des spécificités locales. Car chaque agglomération a ses enjeux, ses contraintes, son rapport aux déchets.
Mais les grandes lignes sont claires : responsabiliser, outiller, simplifier. Et surtout, valoriser le rôle des habitants dans la chaîne du recyclage.
Le tri commence souvent par un regard. Ce que voit le citoyen au moment de jeter son emballage — les pictogrammes, les couleurs, les consignes affichées — peut tout changer.
« C’est le premier contact avec l’information, il faut qu’elle soit claire, lisible, accessible », insiste Marie Chenou. D’où le soin apporté à la signalétique sur les colonnes, à la pédagogie dans les supports, à la cohérence des messages.
Un détail ? Pas vraiment. Car dans un monde où l’information est partout, la lisibilité des consignes peut faire toute la différence entre un geste automatique et une erreur de tri.
Si l’on en croit les résultats obtenus à Brignoles, l’exemple de la Provence Verte pourrait bien devenir un modèle. Non seulement les chiffres progressent, mais la relation entre la collectivité et Citeo montre qu’une gouvernance partagée est possible — et efficace.
À l’heure où la France cherche à atteindre ses objectifs en matière de recyclage, ces expériences locales sont précieuses. Elles permettent de tester, d’ajuster, de convaincre.
Et surtout, elles rappellent que derrière chaque kilo trié, il y a un habitant, un geste, une prise de conscience.
Dans un monde confronté à la crise des déchets et à l’urgence environnementale, le tri des emballages ne peut plus être une simple formalité. À Brignoles, avec Citeo et la Provence Verte, il devient un acte citoyen, organisé, soutenu, et porteur de sens.
La performance — 79,1 kg/hab/an — ne dit pas seulement combien. Elle dit surtout comment : avec méthode, collaboration, et engagement. C’est toute la force du modèle mis en place ici.
Un modèle qui montre que l’écologie, quand elle s’appuie sur les territoires, peut être synonyme d’efficacité.
BP + IA
09 juillet 2025