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René Ghiselli se souvient très précisément du moment où sa passion est née. Un geste familial simple mais décisif : « J’ai la chance que mon tonton m’ait offert un petit appareil qui s’appelait Brownie Kodak. » Dès ce jour, il sait. Ce sera la photo. Une vocation née dans l’enfance, nourrie au fil des années, et qui deviendra bien plus qu’un passe-temps.
Avant de se consacrer à la nature, René explore d’autres formes : le noir et blanc, les portraits. Mais très vite, la couleur s’impose, comme une évidence. « La nature, c’est la couleur », affirme-t-il avec une clarté qui ne laisse place à aucun doute. Son terrain de jeu favori : la Provence, ses fleurs, ses champs de lavande, et surtout, ses rivières.
Ce qui touche René Ghiselli, c’est l’eau. Il le répète, le martèle presque : « Vous pouvez voir, ma photographie, c’est vraiment l’eau. » Il parle de cette matière vivante avec une tendresse quasi mystique. L’eau comme miroir, comme mouvement, comme lumière. Son premier ouvrage est d’ailleurs entièrement consacré à la rivière Le Loup, dans les Alpes-Maritimes. Un travail remarqué, qui marque un tournant dans sa carrière.
« Ça m’a permis de décoller en tant qu’artiste photographe », confie-t-il. Ce livre l’installe dans une reconnaissance publique et artistique, mais il ne s’agit pas que d’esthétique. Ses clichés sont aussi porteurs de messages. « Je cherche un petit message d’amour de la nature », dit-il. Sa photographie devient engagement. Pour rappeler que l’eau est essentielle, que la beauté du monde naturel mérite d’être vue… et protégée.
René se méfie des illusions technologiques. Pour lui, la photographie est avant tout une affaire de regard. « Il faut avoir vraiment l’œil », dit-il avec insistance. L’appareil est secondaire. Ce qui compte, c’est l’instant, la lumière, le ressenti. Il évoque avec émerveillement ces « moments magiques », ces secondes suspendues où la nature se révèle pleinement à l’objectif – ou plutôt à l’œil du photographe.
Il raconte un souvenir en Grèce : une rivière, un reflet, un papillon citron posé dans son jardin, ressemblant à « une petite elfe ». Chaque image semble contenir un conte. « C’est extraordinaire quand on le voit. » Pour René Ghiselli, photographier, c’est voir ce que les autres ne remarquent pas.
L’anecdote pourrait prêter à sourire, mais elle révèle la rigueur de son travail. Un jour, il accompagne un naturaliste pour observer des serpents. Le lieu : un coin secret en contrebas de la route de la Colle-sur-Loup. L’instant : une brume matinale qui se lève, très brièvement. « Ça a duré cinq, dix minutes », se souvient-il. Juste le temps de déclencher. Il en tire deux photos exceptionnelles.
Là encore, c’est l’imprévu qui crée la magie. Pas de mise en scène, pas d’artifice. Seulement la patience, la disponibilité, et cette capacité à saisir la beauté fugace d’un reflet, d’un rayon de soleil ou d’un frémissement de l’eau.
Photographe mais aussi témoin, René Ghiselli veut transmettre. Il a déjà publié quatre livres. Dans chacun d’eux, il glisse un plaidoyer discret mais ferme en faveur de la nature. Il le dit simplement : « La nature est essentielle à nos vies. » Cette conviction traverse toute son œuvre.
Son regard ne se limite pas à l’eau. Il aime les bories, les champs de lavande, les arbres, les fleurs… tout ce qui, à ses yeux, mérite d’être vu avec respect. « Tout ce qui me paraissait noble et digne d’être photographié », résume-t-il. Sa démarche est contemplative, mais jamais passive.
Dans ses livres comme dans ses récits, René Ghiselli compose une œuvre fluide, à l’image des rivières qu’il affectionne. Il capte les instants de grâce, les instants simples. Il restitue la nature sans la trahir, avec une sincérité rare. Son regard d’artiste s’accompagne d’un respect profond pour ce qu’il observe.
De la Provence à la Grèce, il explore les reflets, les transparences, les miroitements. À chaque fois, c’est un hommage. Non pas à la technique, mais à la beauté du monde. « Ce n’est pas le matériel qui fait la photo », répète-t-il. Ce qui compte, c’est l’émotion, le respect, et ce lien invisible qui unit le photographe à son sujet.
René Ghiselli ne cherche pas les projecteurs. Son œuvre avance doucement, comme les rivières qu’il photographie. Mais ceux qui croisent ses images ne les oublient pas. Il y a dans ses clichés une lumière douce, un souffle de vérité, une invitation à ralentir.
Il ne parle jamais de performance, mais toujours de sensation. À ses yeux, la photographie n’est pas une conquête, c’est une écoute. Et ses photos parlent. Elles racontent un monde fragile, poétique, qu’il faut savoir regarder.
DV + IA