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Reynald Joris, passeur de culture itinérant : "Créer de l'ambiance là où il n'y a pas de médiathèque"
Depuis quinze ans, Reynald Joris travaille dans l’ombre des médiathèques de la communauté d’agglomération de Sophia-Antipolis. Mais lorsqu’il prend la route avec la médiathèque itinérante, c’est une autre facette de son métier qui s’exprime : celle d’un médiateur passionné, déterminé à amener la culture au cœur des villages isolés et des quartiers populaires.
Reynald Joris, c’est d’abord un homme aux passions multiples. Le football, l’histoire, la culture : un mélange inattendu mais cohérent quand on l’écoute raconter son quotidien. En poste à la direction de la Lecture publique de la CASA (Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis), il coordonne des services pour les médiathèques du territoire. Mais ce qui le fait vibrer, c’est l’itinérance. Cette part de son activité qui l’emmène, littéralement, hors des sentiers battus.
La médiathèque itinérante, c’est un véhicule chargé de livres, de jeux et d’équipements numériques, qui s’installe là où les structures culturelles sont absentes. "On va dans l’arrière-pays, dans des villages où les personnes ont accès à moins de services culturels", explique-t-il. Et dans ces endroits parfois oubliés des grands circuits, la venue de la médiathèque crée un véritable petit événement.
Dans les villages reculés comme à Cipières, la présence de la médiathèque n’est pas seulement fonctionnelle. Elle est aussi humaine, chaleureuse. Reynald parle d’animations, de jeux de société, de moments partagés. "L’idée, c’est de proposer des jeux éducatifs, des lectures, et de créer un peu d’ambiance dans des villages qui n’ont pas d’équipements culturels", souligne-t-il.
Ce travail de terrain contraste avec ses activités en bureau. Pour Reynald Joris, c’est aussi une manière de retrouver un lien direct avec le public. "Ça me fait très plaisir de pouvoir aller à la rencontre du public, dans des endroits qui nous permettent de sortir des locaux enfermés", dit-il, sourire dans la voix.
Mais l’itinérance ne s’arrête pas aux zones rurales. À Vallauris, dans le quartier populaire de la Zaïne, la médiathèque itinérante connaît un véritable engouement. "Il y a beaucoup de besoins, beaucoup de jeunes qui sont très contents de venir participer aux activités", raconte Reynald. Ici, le public est jeune, curieux, avide de découvertes.
Les médiathécaires ne se contentent pas de distribuer des livres. Ils innovent : jeux vidéo, casques de réalité virtuelle, animations numériques viennent compléter l’offre traditionnelle. Une manière de coller aux attentes des nouvelles générations, tout en gardant un socle solide autour du livre.
Même si les outils changent, la lecture reste au cœur du dispositif. "Le format classique des livres occupe en majorité les bibliothèques", rappelle Reynald Joris. Pourtant, il constate que ce sont souvent les jeux et les animations qui attirent d’abord les familles. Une fois le contact établi, la magie du livre peut opérer, surtout auprès des plus jeunes.
"On peut faire des lectures de contes, soit nous-mêmes, soit avec les parents. Et ça, ça marche toujours très, très bien", affirme-t-il. Ces moments partagés autour d’une histoire, dans un camion aménagé ou sur une place de village, redonnent au livre sa fonction première : rassembler, faire rêver, questionner.
Dans ce travail de proximité, une dimension nouvelle s’est imposée à Reynald : le lien avec les enfants. "C’est un aspect que je n’avais pas eu auparavant dans ma carrière", confie-t-il. Ce contact, il le juge "très enrichissant". Loin des tâches administratives, ces moments lui rappellent le sens profond de son engagement.
La médiathèque itinérante, ce n’est pas seulement un service. C’est une démarche de justice culturelle, un moyen de rééquilibrer l’accès au savoir, de provoquer des rencontres. Une mission qui, dans les mots simples de Reynald, prend toute sa force : "Ça me plaît. C’est bien ce qu’on fait."
On parle peu de ces médiateurs qui sillonnent les routes avec leurs camions remplis de livres. Pourtant, ils sont les rouages silencieux d’une politique culturelle qui cherche à ne laisser personne de côté. Le témoignage de Reynald rappelle que la culture ne se résume pas à des institutions en centre-ville. Elle vit aussi dans les périphéries, grâce à ceux qui prennent le temps d’aller vers les autres.
Reynald, lui, continue de coordonner, d’innover, et surtout de transmettre. Avec modestie, il assume ce rôle de passeur : "Parfois, le foot et l’histoire se recoupent", dit-il en souriant. Peut-être. Mais c’est surtout dans son camion, entre une lecture de conte et une initiation à la réalité virtuelle, que ses passions trouvent leur terrain de jeu.
BP + IA
12 juin 2025