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À travers ses voyages en immersion, Roberto Garçon explore le monde autrement. Loin des formats classiques du journalisme, il cherche une vérité plus humaine, une liberté plus incarnée. Rencontre avec un reporter devenu aventurier, entre récit personnel, projet solidaire et quête de sens.
Avant de s’immerger chez les nomades de Mongolie ou dans la jungle amazonienne, Roberto Garçon exerçait un métier plus conventionnel. Journaliste parisien, il réalisait des reportages et des documentaires pour la télévision. Mais un jour, il sent que quelque chose cloche : « Un jour, j’ai compris que ma vie ne se passait pas là et que j’avais besoin d’aller ailleurs. » C’est le début d’un virage radical. Il quitte tout : emploi, cadre de vie, stabilité. Et surtout, il abandonne les formats imposés pour se confronter au réel, à d’autres cultures, à d’autres façons d’être au monde.
Ce tournant s’accompagne d’un défi intérieur. Se rendre dans des lieux reculés, vivre des expériences extrêmes, ce n’est pas seulement du reportage : c’est aussi une forme d’introspection. « Qu’est-ce qui se passe si je me soumets à d’autres modes de vie ? » s’interroge-t-il. En Amazonie ou dans des monastères bouddhistes, il cherche à éprouver son corps et son esprit. Une démarche quasi philosophique, où l’éloignement géographique devient un outil d’exploration de soi.
Mais progressivement, cette quête personnelle laisse place à une curiosité tournée vers l’autre : « Aujourd’hui, c’est surtout la curiosité de découvrir comment les gens vivent, ce qu’ils pensent des questions qui m’obsèdent. » Le voyage devient alors prétexte au lien, à l’échange, au partage de récits.
Son dernier grand voyage l’emmène en Mongolie, un pays qui le fascine depuis longtemps. « Je rêvais de partir à cheval dans les steppes », confie-t-il. Ce rêve prend une tournure inattendue grâce à une amie mongole dont la famille est justement nomade. Elle lui ouvre les portes de leur quotidien. Direction l’extrême ouest du pays, au cœur d’un territoire rude, isolé, authentique. Là, il vit au milieu des chèvres, mange de l’agneau matin, midi et soir, et fait ses besoins « dans un trou ». Une immersion totale, loin des images touristiques.
Malgré l’apparente rupture, Roberto ne renie pas son identité de journaliste. Elle reste chevillée au corps, mais évolue. Il ne s’agit plus de répondre à une commande éditoriale, mais de faire œuvre d’auteur : « J’avais envie d’être un journaliste-auteur. » Loin des formats télé imposés, il revendique désormais sa subjectivité, sa sensibilité, son style. Il documente ses immersions avec une caméra, un appareil photo, des notes. L’objectif : ramener un peu de ces « bouts de vie et de ces bouts de monde ».
De cette démarche est né un livre : Loin d’ici. Un récit d’aventure, mais aussi un essai sur la liberté. « Je me sentais pas libre dans ma vie d’avant », explique-t-il. Le livre interroge cette notion à travers plusieurs pays : Jordanie, Amazonie, Brésil, Thaïlande… À chaque étape, Roberto se confronte à des modes de vie très différents. Il en résulte un ouvrage vivant, parfois drôle, parfois grave, où anecdotes et réflexions s’entremêlent. Et surtout, un projet engagé : « Je reverse tous les revenus du livre à la communauté indigène dans laquelle je vivais. » Lire Loin d’ici, c’est donc aussi faire un geste solidaire.
Roberto Garçon ne se contente pas d’écrire. Il va à la rencontre du public, dans les festivals, les médias, les événements littéraires. Il y partage son expérience, suscite des échanges. « Ce qui est super important pour moi, c’est de confronter ce que j’ai vécu à d’autres personnes », dit-il. Et les retours sont nombreux : curiosité pour son parcours, intérêt pour ses récits, émotion devant certains moments forts. Ces échanges, il les vit comme un aboutissement, presque une justification : « Finalement, peut-être que mon histoire a du sens aussi. »
Cette quête de liberté, fil rouge de sa démarche, résonne avec un grand nombre de lecteurs et spectateurs. « N’importe qui s’est un jour posé cette question : est-ce que je suis libre ? », lance-t-il, parlant du métier, du quotidien, des contraintes. À travers son propre parcours, Roberto met en lumière une tension universelle : celle entre confort et engagement, entre stabilité et vérité personnelle.
Aujourd’hui, Roberto poursuit son travail sur la Mongolie. Il a lancé une série de vidéos documentaires, disponibles en ligne, qui prolongent l’immersion. Et là encore, le modèle est solidaire : « À chaque fois que vous regardez, ça génère de l’argent pour la communauté de bergers. » Loin d’un simple journal de bord, ces vidéos sont pensées comme des outils de soutien concret aux populations rencontrées. Un journalisme de terrain doublé d’une démarche éthique.
Quant à l’avenir, il est encore flou, mais déjà en gestation. Roberto évoque un possible départ en mer, sans en dire plus. « Il faut que ça vienne d’un endroit très viscéral », précise-t-il. Car chaque voyage est aussi une épreuve, une remise en jeu. Et pour se soumettre ainsi aux éléments, il faut une envie profonde, une nécessité intérieure.
DV + IA