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C’est souvent comme ça que commencent les histoires les plus durables. D’abord assis dans les gradins, puis un jour appelé à passer de l’autre côté. Pour Ronald Gamet, tout a commencé en tant que simple amateur de pelote.
« J'étais client comme ces gens-là. Et puis depuis 30 ans. Et on m'a demandé. Il n'y avait plus de président, si je voulais devenir président. J'ai dit : bah écoutez, pourquoi pas ».
Un an plus tard, il est toujours là, à la tête d’un club qu’il apprend à diriger avec l’enthousiasme du néophyte et le sens du collectif.
« C’est pas que ça me plaît pas, mais il en fallait un », sourit-il. « La pelote basque me plaît. J’ai joué quand j’étais jeune. »
Le club de Cannes, ce n’est pas une grande institution, c’est une équipe de passionnés. Quelques bénévoles qui tiennent bon malgré les années et les effectifs réduits.
« Là, on est les derniers désolés. À trois, c'est une petite tape qui est là, en bas », confie-t-il avec un mélange de fierté et de résignation.
Ils ne sont pas nombreux, mais ils sont soudés. Ronald peut compter sur sa femme, toujours présente les soirs de match pour l’aider à organiser, accueillir, nettoyer.
« Vous travaillez en famille. C'est ça aussi. Vous êtes avec votre femme. Elle vient vous aider. C'est normal. On est des bénévoles ».
Entre le 20 juin et le début septembre, Cannes se transforme en fronton d’été. Le club accueille alors des équipes venues de tout le Sud-Ouest : Biarritz, Guéthary, Bidart…
« Tous les grands clubs du Sud-Ouest de pelote basque viennent à Cannes pour jouer contre nous », raconte Ronald.
Ce va-et-vient entre littoral basque et côte azuréenne témoigne d’un lien fort entre les deux régions. Comme une extension culturelle du Pays basque, Cannes devient chaque été une place forte de la pelote.
« On est un peu le Pays basque du Sud-Est de la France. C’est assez ancré ici depuis 1957. Dans les années 80, c'était un des endroits où c'était le plus développé en France. »
Le club ne se contente pas de proposer des matchs : il veut aussi séduire. Car la pelote, bien que spectaculaire, reste un sport confidentiel. Pour attirer un nouveau public, l’équipe de Ronald mise sur l’animation et l’ambiance.
« On essaye de faire des animations si vous voulez, pour pouvoir intéresser le spectateur, autre chose qu’un peu de basque. »
Ce soir-là, des jeunes filles sont venues danser. Parfois, ce sont des démonstrations, parfois des ateliers, mais l’idée reste la même : rendre l’expérience accessible et conviviale.
Ce qui attire, au-delà des animations, c’est la grâce du sport lui-même. Ronald, sans être un pratiquant assidu, sait en parler avec justesse.
« C'est très beau, c'est très physique bien sûr, mais aussi très gracieux, très aérien, très fluide. »
Et il ajoute, presque poétiquement :
« C'est comme... je dirais, il n'y a pas de force, mais en même temps, il y a de la force. »
Cette dualité fascine. Ce n’est pas un sport de brutalité, mais un sport de tension, de précision et d’élan. Un sport où l’on « tombe vite amoureux ».
C’est peut-être cela, le secret de la longévité du club : la fidélité. D’année en année, la saison revient, les matchs s’enchaînent, les bénévoles répondent présents.
Et malgré les difficultés – le manque de moyens, de joueurs, de relève – Cannes continue de faire vivre la pelote avec obstination.
« Rendez-vous à Cannes, tout le temps, tout le temps. Tu n’auras jamais un match… » glisse Ronald, comme une promesse inachevée, ou peut-être une manière de dire que tant que le mur sera là, quelqu’un viendra taper dedans.
RS + IA
19 août 2025