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Loin des lignes industrielles, la bière artisanale est d’abord une question de main, de cœur et de choix. Pour Solène Ronnaux-Baron, brasser signifie maîtriser chaque étape, du houblon à la mousse, dans une logique de constance et d’authenticité. « Je brasse dans une petite cuve, avec des matières premières d’excellente qualité », explique-t-elle, soulignant la différence fondamentale avec les géants du secteur.
Dans un marché de plus en plus saturé de bières dites "craft", elle revendique une définition sincère de l’artisanat : « C’est moi qui les brasse. » Pas d’automatisation poussée, pas de standardisation. Juste une passion chevillée au corps et une exigence de chaque instant.
Solène Ronnaux-Baron n’a pas suivi une mode, elle l’a anticipée. À l’époque, la bière artisanale était marginale, notamment dans les établissements haut de gamme. Elle a voulu en faire une boisson noble, digne des grandes tables. À contre-courant, elle s’est imposée avec patience et précision.
Aujourd’hui, ses bières s’invitent dans les lieux les plus sélects de la Croisette. Carlton, guérisseuse de Sainte-Marguerite, restaurant Anar… Des noms qui évoquent le luxe, mais aussi une certaine idée du goût. Celui qui ne triche pas.
C’est un tournant historique. Le vin, pilier de la culture gastronomique française, cède du terrain à la bière. Moins alcoolisée, plus variée, plus accessible aussi. Cette mutation des habitudes de consommation ouvre des perspectives nouvelles pour les brasseurs artisanaux.
Solène Ronnaux-Baron voit dans cette évolution une chance : celle d’offrir une palette gustative aussi riche que celle du vin. Et d’imposer la bière artisanale non plus comme une alternative, mais comme un choix à part entière.
Brasser pour des palaces, c’est conjuguer excellence et discrétion. « C’est un artisan de l’ombre, du luxe », dit-elle. Son travail ne figure sur aucune affiche, mais s’imprime dans les palais les plus fins. Cette exigence invisible, elle la revendique. Elle y trouve même une certaine noblesse : celle du geste parfait, répété sans relâche.
Mais de temps en temps, un peu de lumière fait du bien. Comme ce jour où la ville de Cannes lui remet la Palme des Artisans. Un trophée symbolique, mais précieux, pour une femme qui élève l’ombre au rang de métier d’art.
La régularité : voilà l’obsession. Dans une petite structure comme la sienne, il est facile de varier d’un lot à l’autre. Solène Ronnaux-Baron, au contraire, s’impose une rigueur digne des plus grandes maisons. Le profil gustatif de ses bières est son identité. Elle veille à le reproduire avec une constance millimétrée, gage de confiance pour les chefs et les établissements qui la choisissent.
Si son univers est celui du luxe discret, elle n’en oublie pas le public. Chaque été, elle ouvre un bar éphémère, propose des soirées guinguette, et partage son savoir-faire dans une ambiance conviviale. Une manière de briser les barrières, d’éduquer au goût, et de montrer que la bière artisanale peut être populaire sans rien céder à l’exigence.
Ce qu’elle préfère, ce sont les collaborations. Imaginer une bière pour accompagner un plat, trouver l’accord parfait entre un houblon et une épice, voilà ce qui la stimule. Elle ne vend pas un produit standardisé : elle compose une partition gustative. Chaque rencontre est une opportunité de créer quelque chose d’unique.
DV + IA