« J’en vois pas le bout » : la passion inépuisable de Stéphane Trillaud pour la calligraphie

À Grasse, au cœur de l’Expo Rose, un art discret s’affiche en lettres capitales : celui de la calligraphie. Porté par Stéphane Trillaud, ancien facteur devenu artiste, ce savoir-faire ancestral prend racine dans une quête personnelle, entre rigueur et méditation.

« L'envie m'est venue en Allemagne »

L’histoire débute à l’étranger. En poste outre-Rhin, Stéphane Trillaud découvre, presque par hasard, une culture de l’écriture plus avancée. Ce choc esthétique agit comme un déclic. « En voyant les écritures normales en Allemagne, l'envie m'est venue », raconte-t-il. De retour en France, il s’offre un stylo-plume et s'exerce. Le jeu devient rapidement passion.

Ce geste simple, répété jusqu’à l’obsession, ouvre une brèche dans son quotidien de facteur à Caussols. La calligraphie s’impose, dans un premier temps, comme un exutoire après le travail. « C'est une activité un peu méditative », explique-t-il. Et bientôt, elle prend toute la place.

« Le noyau central, c’est l’écriture »

Aujourd’hui, Stéphane Trillaud a troqué la tournée du courrier pour l’atelier. Il embrasse une vie d’artiste aux multiples facettes, mais toujours tournée vers un seul point d’ancrage : les lettres.

« Le métier de calligraphe, on a plusieurs casquettes, mais on tourne toujours autour de l’écriture. C’est le noyau central », résume-t-il. Ce travail s’incarne d'abord dans la transmission : cours en médiathèques, ateliers en maisons d’arrêt, interventions en comités d’entreprise… autant de terrains où l’écriture redevient lien social.

À côté, il développe une œuvre personnelle, vendue dans son atelier ou exposée en galerie. Une activité discrète mais tenace, nourrie d’explorations constantes autour de la calligraphie latine : « Je m’ennuie pas avec la calligraphie latine et j’en vois pas le bout. »

« Des ouvertures, des créations »

Contrairement à l’image figée que l’on se fait souvent de la calligraphie, Stéphane Trillaud parle d’un art en mouvement. Chaque jour, il découvre de nouvelles manières de tracer, d’organiser, de faire vibrer les lettres. « Il y a toujours des créations, des ouvertures. »

Cette vitalité créative se reflète aussi dans son engagement collectif. Il est président de Place des Artistes, une association qui réunit quatorze artistes professionnels autour de la place de la Poissonnerie à Grasse. Ensemble, ils animent la vie artistique locale et s’investissent pleinement dans des événements comme l’Expo Rose.

« On a toujours joué un rôle de décoration »

L'Expo Rose est un moment clef pour la ville de Grasse. Et l’association Place des Artistes en est un acteur fidèle : « On est partie prenante depuis longtemps. On a toujours joué un rôle de décoration sur leur place. » Pour Stéphane Trillaud, c’est une manière de conjuguer les fleurs et les lettres, dans une célébration éphémère mais intense de la beauté.

Au fil des éditions, l’écriture s’est fait une place parmi les parfums, les couleurs et les installations végétales. Avec ses compositions calligraphiques, l’ancien facteur offre une pause poétique au milieu de l’effervescence.

Quand la lettre devient art

Ce portrait esquisse un artisan du silence, un homme qui fait de l’écriture un art du temps long. Dans ses gestes précis, dans la patience du trait, transparaît une philosophie : la calligraphie comme forme de présence au monde.

Stéphane Trillaud ne cherche pas à moderniser l’écriture. Il l’explore, la creuse, l’habite. Et dans cette quête infinie, il rappelle une vérité essentielle : il est encore possible, à l’ère du numérique, de s’émerveiller devant une simple lettre tracée à la main

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