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Pour Sylvie Michel, ambassadrice du Parc naturel régional des Préalpes d’Azur, le mot engagement n’est pas un vain mot. Sur le terrain, aux côtés de trois autres collègues, elle veille quotidiennement sur un territoire aussi vaste que précieux : près de 96 000 hectares qui s’étendent entre Alpes et Méditerranée, dans les Alpes-Maritimes.
Le parc, créé en 2012, fédère aujourd’hui 48 communes autour d’une même charte, dans une logique de conciliation entre développement humain et respect de la nature. C’est cette harmonie fragile que Sylvie Michel et son équipe s’efforcent de préserver.
Le Parc naturel régional des Préalpes d’Azur est loin d’être un bloc uniforme. Il se compose d’une mosaïque de territoires aux identités marquées. À l’ouest, la forêt règne en maître, ponctuée de petites stations de ski comme La Moulière, L’Audibergue ou Andon. Des lieux qui attirent l’hiver mais restent intimes, loin du tumulte des grandes stations alpines.
Plus au sud, on entre dans ce que Sylvie appelle la « ceinture urbaine », qui englobe les communes de Grasse ou Vence, jusqu’à la vallée du Var et le nord de l’Estéron. Cette rivière, d’ailleurs, est en cours de relabellisation en tant que rivière sauvage — une reconnaissance rare, qui souligne son état écologique remarquable.
Cette diversité géographique se traduit aussi par une immense richesse écologique. Le parc accueille une biodiversité exceptionnelle, fruit d’un équilibre fragile entre activités humaines, climat méditerranéen et reliefs montagneux.
Le rôle des ambassadeurs dépasse largement la simple présence sur le terrain. Véritables médiateurs entre les usagers du territoire et les enjeux écologiques, ils remplissent plusieurs missions :
Sensibiliser les visiteurs aux bons gestes : respecter les sentiers, ne pas déranger la faune, éviter les déchets.
Surveiller les zones sensibles et faire remonter les comportements problématiques.
Veiller au territoire, en établissant un lien constant avec les communes, les habitants, les promeneurs.
Sylvie parle d’« équipe de veille territoriale ». Loin d’être une force de répression, les ambassadeurs cherchent avant tout à accompagner, expliquer, faire aimer ce territoire pour mieux le protéger.
En période estivale, la fréquentation du parc explose. Randonneurs, touristes, familles : nombreux sont ceux qui viennent chercher fraîcheur et nature dans les hauteurs des Préalpes. Pour faire face à cet afflux, les équipes sont renforcées par douze gardes régionales forestières.
Ces professionnels viennent en appui pour surveiller les zones boisées, prévenir les départs de feu, et assurer une présence dissuasive dans les secteurs les plus sensibles. Une nécessité, alors que le réchauffement climatique rend les forêts de plus en plus vulnérables aux incendies.
Mais au-delà des chiffres, ce renfort humain témoigne d’une prise de conscience : la nature n’est pas un décor, elle est un patrimoine vivant, qu’il faut encadrer, réguler, protéger.
Être ambassadrice, pour Sylvie Michel, c’est avant tout être au contact. Elle sillonne les chemins, échange avec les habitants, discute avec les élus, interroge les promeneurs. Chaque échange est une opportunité de transmettre un message, une information, une alerte.
Le lien de confiance qu’elle tisse jour après jour est essentiel. Il permet d’instaurer un dialogue durable entre les acteurs du territoire : agriculteurs, chasseurs, promeneurs, collectivités, touristes… Tous doivent apprendre à cohabiter avec la nature, à respecter ses rythmes, ses limites.
Malgré la beauté des lieux, les défis ne manquent pas. Le parc est confronté à plusieurs tensions :
Urbanisation de la ceinture périurbaine (notamment autour de Grasse et Vence).
Fréquentation touristique mal régulée, qui dégrade certains sentiers ou fragilise la faune.
Abandon de certains usages agricoles, laissant place à l’enfrichement ou aux incendies.
Érosion de la biodiversité, causée par le dérèglement climatique ou les espèces invasives.
Face à cela, le rôle des ambassadeurs est d’autant plus stratégique. Ce sont eux qui, par leur présence quotidienne, peuvent alerter, prévenir, orienter les politiques locales vers des choix plus durables.
À la base du Parc naturel régional, il y a une charte, document fondateur signé par les 48 communes adhérentes. Ce texte fixe des objectifs communs en matière d’aménagement, de développement local, de préservation de l’environnement.
Ce n’est pas un document figé, mais un cadre évolutif, qui guide l’action publique dans le respect des spécificités locales. Pour Sylvie Michel, cette charte est plus qu’un texte : c’est une boussole, qui permet de concilier les dimensions culturelles, sociales, économiques et écologiques.
Le mot « cœur » revient plusieurs fois dans la bouche de Sylvie Michel. Et ce n’est pas un hasard. Être ambassadrice, ce n’est pas un métier anodin. C’est une mission de passion, une forme d’engagement presque intime envers un territoire que l’on aime, que l’on connaît par cœur, que l’on veut transmettre intact aux générations futures.
Ce lien émotionnel, cette fierté de représenter un territoire, donne du sens au quotidien. Même lorsque les conditions sont rudes, même quand la reconnaissance est discrète, la conviction reste intacte.
L’avenir du Parc naturel régional des Préalpes d’Azur dépendra en grande partie de sa capacité à mobiliser toutes les forces vives. Les ambassadeurs jouent un rôle de relais, mais la dynamique doit être collective.
Chacun, à son échelle — habitant, élu, visiteur, professionnel — peut contribuer à cette préservation. Il ne s’agit pas de figer le territoire, mais de le faire évoluer en harmonie avec son environnement.
Sylvie Michel le dit sans détour : « nous avons du cœur pour ce parc ». Et ce cœur, c’est peut-être ce qui fait la force de ce modèle : une protection basée non seulement sur la règle, mais aussi sur l’attachement, la connaissance et le respect partagé.
Création : 2012
Superficie : 96 000 hectares
Communes membres : 48
Ambassadeurs : 4 permanents + 12 renforts estivaux
Rivière Estéron : en cours de relabellisation « Rivière sauvage »
Conclusion :
À travers le témoignage de Sylvie Michel, c’est tout un pan de l’écologie de terrain qui se donne à voir. Loin des grands discours, les ambassadeurs œuvrent au quotidien pour que nature et société trouvent un équilibre. Un travail humble mais essentiel, qui fait du Parc des Préalpes d’Azur un territoire vivant, habité, respecté.
SDZ + IA