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Installée dans les hauteurs de l’arrière-pays provençal, Séverine Doise peint comme on sculpte. Dans son atelier d’Andon, petite commune non loin de Bar-sur-Loup, elle compose des paysages baignés de lumière à la peinture à l’huile et au couteau. Une reconversion artistique nourrie d’héritage familial et d’un attachement profond au territoire.
Séverine Doise ne parle pas de ses œuvres comme d’objets figés. Elle évoque des matières, des gestes, un rythme presque artisanal. « Une toile de coton ou de lin, là c’est du coton. Ensuite, il y a une base d'huile. Peinture à l'huile. Et ensuite, il y a un placage de feuilles, soit argentées, soit d'or. Ça, c'est de l'or. Et c'est tout au couteau. » À l’écouter, la peinture devient presque tactile.
Formée par la vie, nourrie de traditions familiales, son approche artistique est ancrée dans une certaine forme de lenteur. Pas d’outils numériques ni de détours conceptuels : ses tableaux prennent forme dans l’épaisseur des couches, dans les reflets des métaux précieux, dans l’odeur des huiles.
Depuis plusieurs années, Séverine Doise a quitté le tumulte de la communication, domaine dans lequel elle évoluait depuis vingt-cinq ans, pour s’installer dans un environnement plus propice à la création. Andon, village perché dans les Alpes-Maritimes, lui offre un écrin naturel à la hauteur de ses ambitions picturales. « C’est toujours autour de la mer, toujours autour des paysages d’ici, des paysages locaux », confie-t-elle.
Ce cadre méditerranéen, elle ne cesse de l’explorer, d’en renouveler les points de vue. Ses toiles rendent hommage à un territoire à la fois rude et lumineux, qu’elle connaît intimement.
Si l’on cherche les racines de son geste artistique, c’est du côté de l’enfance qu’il faut regarder. Son grand-père, lui aussi peintre à l’huile, lui a transmis la technique et l’envie. « D’où la technique, et l'apprentissage de la peinture à l'huile », résume-t-elle sobrement.
De cette transmission est née une pratique empirique, qui s’est affinée avec le temps. « Au fil des années, ça a fait ça, ça a commencé par un petit tableau et puis petit à petit, ça a pris des grands grands tableaux d’un mètre. » L’évolution est naturelle, presque organique.
Ce que l’on voit en premier dans les œuvres de Séverine Doise, c’est la couleur. Un foisonnement de teintes franches, de bleus profonds, de verts lumineux, de reflets dorés. « Il y a beaucoup de couleurs dans mes tableaux. » Et ce ne sont pas des couleurs abstraites, mais des palettes directement inspirées du réel : la mer, les collines, les ports, les ciels d’orage ou de canicule.
« Donc là, on a l'Italie. » Elle montre une toile. Un peu plus loin, « Porquerolles. J’ai fait beaucoup Antibes. Là, on retrouve le port de l’Olivette. » Les lieux ne sont pas seulement des décors. Ils sont les sujets mêmes de son art. Comme une cartographie sensible de la Méditerranée.
Même si le figuratif domine son œuvre, Séverine Doise ne s’interdit pas des incursions plus libres. L’abstrait, chez elle, reste lié à la matière : « Des techniques différentes avec du placage de feuilles d’or ». Ces compositions sans horizon reconnaissable jouent davantage sur les effets de texture, sur les contrastes entre matité et brillance, sur les accidents du couteau qui trace la matière.
Mais là encore, c’est la lumière qui guide sa main. Celle du Sud, tranchante ou diffuse, mais toujours présente.
BP + IA
20 mai 2025