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À Nice, le triathlon solidaire "T’es CAP" bouscule les règles du sport inclusif. L’événement, cofondé par deux frères, Stéphane et Geoffrey Amado, mobilise éducateurs, bénévoles, familles et personnes en situation de handicap autour d’une conviction forte : changer les modalités pour que chacun trouve sa place.
Geoffrey Amado, accompagné de son grand frère Stéphane, entame la vidéo avec une note à la fois personnelle et révélatrice. Pour lui, participer à "T’CAP", c’est une aventure rassurante, un défi partagé.
Dans l’ombre de cet engagement, la fraternité agit comme moteur. « Accompagner de mon grand frère. Je sais que je risque rien. » Cette confiance posée d’entrée de jeu rappelle que l’inclusion commence souvent par un lien humain.
Stéphane Amado, lui, prend la parole dans la continuité. Professionnel de terrain, il accompagne au quotidien des personnes porteuses de handicap, moteur ou autre. Son engagement est total.
« Le but, c’est de pouvoir accueillir tout le monde », explique-t-il simplement. Un objectif qui prend tout son sens à travers "T’CAP", pensé dès le départ comme une alternative aux événements cloisonnés.
Très vite, le positionnement se clarifie : ce triathlon n’est pas "adapté", il est repensé pour inclure tout le monde sans distinction. Stéphane insiste : « Nous, ce n’est pas un triathlon pour les personnes qui ont un handicap. C’est un triathlon pour tout le monde. »
« Ce ne sont pas que les personnes qui ont un handicap qui sont exclues de beaucoup d’évènements. » En somme, "T’es CAP" n’exclut personne, y compris celles et ceux qui n’ont jamais fait de triathlon, ou qui n’y trouvent habituellement pas leur place.
La formule fait mouche. Elle devient l’un des slogans officieux du projet. « Tout le monde est cap, mais à sa manière, et sa manière n’est pas pareille que les autres. » Une phrase simple, mais puissamment égalitaire.
Le comité d’organisation s’implique d’ailleurs directement. « Chacun des membres du conseil d’administration a prévu une épreuve : natation, course à pied, vélo. » Le message est clair : pas de séparation entre organisateurs et participants, tout le monde joue le jeu.
L’événement ne cherche pas à générer du profit. Il revendique même une certaine déconnexion des logiques habituelles de compétition ou de sponsoring.
« Ce n’est pas le monde de l’argent, c’est le monde de l’inclusion », affirme avec conviction, le président de la caisse de Nice Joffre, Pascal Pignarre. L’idée, c’est que « tout le monde ait sa chance et puisse se développer. »
Et cette inclusion va jusqu’aux détails les plus concrets : la température de l’eau, par exemple, est un critère de choix essentiel pour fixer la date du triathlon. Il se tient chaque année en juin, « parce qu’il faut que la température de l’eau soit bonne », explique Vivien Fontaine, président de l'association T'CAP. Certaines personnes, notamment en fauteuil ou avec des troubles neuromoteurs, pourraient autrement souffrir de spasticité. Chaque paramètre est pensé pour éviter ces exclusions invisibles.
Pour Vivien Fontaine, "T’CAP" est plus qu’un événement : c’est un révélateur.
« Le triathlon, c’est un prétexte. L’idée, c’est de montrer qu’on peut tous vivre ensemble à partir du moment où on change de modalités », dit-il. Il évoque les rencontres avec des participants des éditions précédentes, touché par leurs témoignages.
Bernadette Legros, enfin, conclut cette galerie de portraits. Elle s’exprime avec chaleur et engagement.
Pour elle, "T’CAP" est l’exemple même d’un projet citoyen et éducatif. Un terrain d’expérimentation pour une société plus juste, plus inclusive.
Au-delà du sport, "T’CAP" devient une démonstration vivante. La démonstration que l’inclusion, loin d’être une contrainte, est une richesse. Que l’on peut faire ensemble, à condition de ne pas imposer les mêmes normes à tout le monde.
Chaque intervenant l’exprime avec ses mots, mais tous convergent vers un même constat : l’événement n’est pas seulement un triathlon. C’est un manifeste.
Un manifeste pour une société où chacun est "cap", à sa manière.
SDZ + IA