À Mougins, la photographie en prise avec le monde

À Mougins, la photographie en prise avec le monde

Depuis son ouverture en 2021, le Centre de la photographie de Mougins, dirigé par Yasmine Chemali, développe une programmation exigeante. Chaque exposition interroge le rapport entre image, histoire et société. Avec Black is Beautiful, le centre met en lumière l’œuvre du photographe américain Kwame Brathwaite, figure du mouvement esthétique noir des années 1960.

“L’humain au centre de la création artistique”

Pour Yasmine Chemali, la photographie est bien plus qu’un art visuel. « C’est une passion, mais aussi une mission, explique-t-elle. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est l’humain, le discours sur le monde. » Cette approche guide l’ensemble de son travail au sein du centre, pensé comme un lieu de réflexion autant que d’exposition.

“Un espace pensé pour les artistes”

Le Centre de la photographie de Mougins ne possède pas de collection permanente. Il accueille uniquement des expositions temporaires, construites autour de démarches artistiques spécifiques. « C’est un lieu fait pour les artistes, pas pour stocker des œuvres, précise Yasmine Chemali. Chaque projet fait l’objet d’un travail de recherche, parfois sur plusieurs années. »

La direction artistique se fonde ainsi sur des choix éditoriaux clairs : donner à voir des œuvres peu exposées, questionner l’actualité à travers l’image, et offrir un cadre propice à la transmission.

“Black is Beautiful, un regard sur une esthétique revendiquée”

L’exposition en cours, Black is Beautiful, est consacrée au photographe américain Kwame Brathwaite, encore peu connu en France. À travers ses clichés, réalisés principalement dans les années 1960 et 1970, il documente une génération qui revendique la fierté noire et défend une nouvelle esthétique.

« Ce n’est pas qu’un slogan, c’est un mouvement, une manière de se représenter, explique la directrice. Brathwaite a placé l’homme et la femme noire au cœur de ses images, avec une volonté politique forte. »

On y retrouve des portraits d’artistes comme Stevie Wonder ou Bob Marley, des scènes de manifestations, ou encore les modèles du mouvement Grandassa, qui défendaient des standards de beauté propres à la communauté noire américaine.

“Une exposition pensée dans la continuité”

Cette exposition est le troisième volet d’un cycle autour de l’identité afro-américaine. Le centre avait précédemment présenté des projets sur les femmes du Black Panther Party et sur l’apparence dans la photographie contemporaine.

« Nous cherchons à créer du lien entre nos expositions. C’est important que le public puisse comprendre les prolongements, les échos entre les sujets abordés. » Le travail de recherche, mené sur un à deux ans, permet d’inscrire chaque exposition dans une réflexion plus large.

“Un lieu de transmission”

Le Centre de la photographie accueille aussi des artistes en résidence et développe des actions pédagogiques. L’éducation à l’image, pour Yasmine Chemali, fait partie intégrante de la mission du lieu. « Il s’agit d’apprendre à lire une image, à en comprendre le contexte, les choix, les enjeux. »

À travers sa programmation, le centre invite à interroger l’histoire, les représentations, et les discours véhiculés par la photographie.

À Mougins, le Centre de la photographie s’inscrit dans une démarche à la fois artistique et citoyenne. Porté par Yasmine Chemali, il propose une photographie vivante, en lien avec les questions sociales, historiques et politiques. L’exposition Black is Beautiful s’inscrit dans cette ligne, en offrant un regard fort sur une esthétique engagée.

RS + IA

16 juillet 2025